Un prêtre, qui a derrière lui toute une vie d'étude, de prière, d'apostolat paroissial et de souffrances, nous écrit :
"En ces heures sombres et inquiétantes où tant de gens perdent la tête, je ne puis m'empêcher de penser que votre intervention est providentielle. Un congrès comme le vôtre, dans la paix et la fraternité, ne vous semble-t-il pas l'un de ces événements comme on en voit dans l'histoire et dans la destinée des peuples ? Petit en apparence, il pourrait bien être un geste de la miséricorde divine. Au moment où Dieu hésite avant de frapper un grand coup, sa main puissante tire de l'obscurité les humbles, et elle les pousse de l'avant pour désarmer par leur dévouement sa colère prête à éclater.
"Qu'on le veuille ou non, le glas du système actuel sonne de plus en plus fort et annonce les prochaines funérailles d'un régime oppresseur et honni — dur, implacable et cruel.
"Continuez donc avec grand courage l'œuvre commencée. Puisse votre Congrès vous y encourager ! Gardez la conviction que vous servez les desseins miséricordieux de la Providence.
"Au lieu de combattre désespérément comme nos sages à courtes vues une révolution inévitable, par votre dévouement et celui de vos amis vous vous en emparerez, vous la dirigerez pour l'empêcher de se livrer à de stupides violences et destructions ; et vous lui ferez gravir les ascensions vers un renouvellement pacifique.
"Oui, ayons confiance. Si sombre que soit l'heure présente, croyons que Dieu nous prépare de beaux jours et que nous sortirons de toutes ces épreuves, nettoyés de bien des lâchetés, forts pour des immolations qui sauvent parce qu'elles ont des objectifs élevés et presque divins."
Un I. A. P. couronné, à qui l'administration de VERS DEMAIN vient d'envoyer un volume relié en témoignage de reconnaissance pour ses bons services à la cause, accuse réception en ces termes :
"J'accuse réception de ma prime de défrichement pour 24 acres de terre. C'est la première fois que je reçois une prime et que je ne la doive pas d'avance.
"Si j'emploie ce langage, c'est que je suis un colon d'hier, ayant quitté la paroisse de Joly pour Saint-Joseph de Grantham il y a à peine quatre mois." — (Albert Hamel).
Cela rappelle ce que disait un autre colon de Joly, notre conférencier Adrien Lambert, dans son petit discours si apprécié au Congrès de Sherbrooke :
"À Joly, je fais de la colonisation sur la terre. Mais, comme mes confrères conférenciers, je sors pour faire aussi de la colonisation dans les esprits. Il y a tant d'esprits, même dans des paroisses depuis longtemps établies, qui ont besoin d'être colonisés !"
Très intéressant, ce compte-rendu, dans VERS DEMAIN, du grand Congrès créditiste provincial tenu à Sherbrooke le 31 août dernier.
Trois titres retiennent surtout, irrésistiblement, l'attention :
a) "Demain, eux et nous", par Louis Even. Pièce d'envergure, d'un bon sens irréfutable, d'une logique implacable, que nous voudrions voir dans les mains de tous, des savants comme des moins instruits, auxquels elle pourrait largement profiter.
b) "Un témoignage apprécié des Créditistes", que nous trouvons dans le Messager de Saint-Michel, journal diocésain d'œuvre et d'action catholique publié à l'évêché de Sherbrooke : autre voix autorisée, capable, croyons-nous, de rassurer des consciences hésitantes, scrupuleuses, sur la valeur morale de la doctrine créditiste et d'en encourager l'étude.
c) "Présentation du Drapeau", par Mlle Gilberte Côté. Discours qui, par sa force de conviction, son éloquence contenue mais conquérante, a frappé tout l'auditoire. Reposante est cette allocution, des lieux communs, des momeries, du convenu littéraire sans âme ni relief de trop de nos femmes écrivains : cela — pour le noter ici — à seule fin, souvent, de mousser des intérêts politiques, de hausser le prestige d'un mari député, ministre, sénateur ou aspirant-sénateur.
Intérêts mesquins, snobisme, d'un côté ; de l'autre, hauteur d'âme, désintéressement qui frise l'héroïsme. Au lecteur d'apprécier la différence.
Pour les superbes, pour les revêches, qui se refusent à voir, à regarder, à entendre, à apprendre, à admettre ce qui en est du Crédit Social ; pour ceux qui persécutent, comme Saul lorsqu'il se rendait à Damas ; pour ceux qui doutent, comme Thomas avant de voir et de toucher les plaies de son Maître ; pour tous ceux-là, le temps va venir de choisir. Ou crier leur foi, se ranger, se courber sous l'étendard créditiste, sous le laborium marial capable de mettre en fuite les puissances d'enfer, les puissances d'argent, tout comme la Vierge Marie qu'il représente écrasant le dragon infernal. Ou se réfugier dans un orgueilleux isolement, se ranger sous le drapeau, abhorré des hommes et du Ciel, du trio judéo-maçonnique-ploutocratique.
Mais ces gens-là préfèrent suivre leurs caprices, leur vanité, poursuivre des intérêts inavouables, le Crédit Social et tout le monde peuvent se passer d'eux. Les exploiteurs et les égoïstes ne sont pas aussi indispensables dans notre société qu'ils se l'imaginent et voudraient le faire croire.
E. P.-C.
Il s'agit de la Première Année de Vers Demain, le livre broché de 208 pages, format album, reproduisant, classifié, les articles parus dans le journal pendant sa première année de publication.
Plusieurs nous écrivent que c'est la lecture de ce livre qui leur a été le plus utile pour avoir une idée nette du Crédit Social et de la politique d'ordre que nous prêchons.
Dans certaines places où la doctrine pénétrait pour la première fois, à Farnham par exemple, des nouveaux abonnés se sont en même temps procuré le livre-album. En moins de quatre semaines, il poussait des conférenciers à Farnham. À Sorel, la même chose est en train d'arriver.
Voici maintenant une lettre d'un cordonnier de Montebello :
"Je suis abonné à VERS DEMAIN depuis quelques mois seulement. J'avoue que j'ai fait la lecture de ce journal d'une façon trop distraite. Mais, m'étant procuré votre album de la "Première Année de Vers Demain", j'ai voulu le lire plus attentivement, afin de me mieux renseigner au sujet du Crédit Social. J'en tire la conclusion que toute personne doit se dévouer, dans la mesure du possible, à une cause qu'elle croit bonne. Aussi, quoique je ne me connaisse pas beaucoup d'aptitudes pour faire de la propagande, je vais prendre tous les moyens à ma disposition pour aider la cause, que je crois bonne. J'ai l'occasion de parler tous les jours à bon nombre de gens, surtout de la classe la moins fortunée, étant moi-même un pauvre petit cordonnier de campagne. Je me ferai un devoir de leur expliquer, de plus en plus, au fur a mesure que je le connaîtrai mieux, ce système monétaire, que je trouve très intéressant pour le moment, et que je pourrai défendre avec plus de conviction lorsque je le connaîtrai mieux."
Le petit cordonnier de campagne, avec son jugement droit, ses intentions pures et sa détermination à l'étude, va certainement en connaître plus long que son député, en fait de bonne politique, d'ici quelques mois.
Au Congrès de Sherbrooke, M. Grégoire demandait : Pourquoi l'élite n'est-elle pas ici ? Pourquoi brille-t-elle par son absence ?
L'élite — celle qu'on est convenu d'appeler telle — est embourgeoisée ou occupée dans la poursuite de ses intérêts égoïstes. C'est pourquoi le journal VERS DEMAIN travaille à en former une autre — et pas en vain.
Il n'y a pas de pires sourds que ceux qui ne veulent pas entendre, dit-on.
Notre-Seigneur lui-même en a fait l'expérience vis-à-vis de ses adversaires, quand Il se déclarait Fils de Dieu. Les Pharisiens modernes n'ont pas changé. La "race de vipères", que fustigeait Jésus, se dérobe encore à la lumière, trop éclatante pour ses prunelles souillées.
En parlant du bon Dieu créditiste, j'en vois tomber à la renverse, d'autres se dire en eux-mêmes, avec une moue de dédain : "Ce qu'ils sont fous, ces créditistes !"
La diffusion extraordinaire du Crédit Social, la protection visible du ciel à ceux qui recherchent l'ordre social, n'est point une preuve suffisante pour eux. Il faudrait un autre "signe" à "cette génération perverse". Aussi, je me garde bien de m'adresser à elle. Donne-t-on des perles à des pourceaux ?
On sait que dans l'économique Notre-Seigneur donnait la primauté à la consommation ; plusieurs fois, Il a fourni à manger gratuitement à la foule, sans exiger de travail en retour (ex : la multiplication des pains, les noces de Cana). Mais aurait-on vu aussi le bon Dieu placer lui-même l'argent au service de l'homme, créer directement l'argent nécessaire et le déposer là où il en manque ?
L'histoire de la Mère Marie de l'Incarnation nous rapporte un miracle de ce genre. Il n'est pas d'hier. Il date de 1651. C'était lors de la première reconstruction du Monastère des Ursulines à Québec. Écoutez la Mère Marie de l'Incarnation raconter elle-même le fait, dans une lettre à son fils : "Vous êtes en peine de ce que je vous ai dit qu'il y a eu du miracle dans notre établissement. Il y en a eu, en effet. Nous avions tout perdu et notre incendie nous avait dépouillées de toutes choses. Nous avons fait rebâtir notre monastère ; nous nous sommes vêtues et remeublées, et pour cela il nous a fallu faire des dépenses au montant de trente mille livres. L'on nous a prêté huit mille livres sur le pays, lesquelles n'en valent pas six mille de France. Nous n'avons eu que très peu d'aumônes, dont une partie a servi à nous vêtir et l'autre à acheter un peu de grain. Malgré cela, il ne nous reste que quatre mille livres à payer ; encore la personne à qui nous les devons nous en donne le fonds après sa mort, s'en réservant l'usufruit pendant sa vie. Enfin il y a vingt-quatre mille livres de pure Providence."
(Cité par l'abbé P.-F. Richaudeau, dans "Vie de la Révérende Mère Marie de l'Incarnation, ursuline", édition de Tournai, 1874, p. 350).
Les besoins étaient là ; les matériaux étaient là ; les bras aussi, tout prêts. Qu'est-ce qui manquait ? L'argent, comme aujourd'hui. Avec nos gouvernants actuels, les besoins n'auraient pas été comblés ; les matériaux seraient restés à leur place, et les bras immobiles. Ou bien l'on aurait satisfait les besoins en chargeant les épaules de chacun d'une dette de cinquante ans. Heureusement, Dieu lui-même assuma le gouvernement de l'affaire, et créa, sans dette, l'argent requis, sans s'attarder à discuter avec ses anges les dangers d'inflation : 24000 livres de pure Providence, écrit la sainte religieuse.
Aussi, en prêchant l'argent au service de l'homme, les créditistes proclament bien haut leur conviction d'accomplir la volonté de Dieu,... même au risque de voir certains grands-prêtres en déchirer leurs vêtements d'indignation.
Christian GARNIER