L'Association Créditiste distinguera, par l'appellation "Nouvelle-France", les produits provenant des membres de l'Association.
Comme l'Association cherche à promouvoir le commerce entre associés, afin de pouvoir substituer à l'argent-dette des banquiers la comptabilité créditiste des associés, nous pousserons, par tous les moyens, les consommateurs associés à acheter les produits "Nouvelle-France", puisque ce seront les produits des associés.
Produits "Nouvelle-France" : le beurre, le fromage, le lait, les pommes de terre, les tomates, les légumes et fruits de toutes sortes, les œufs, les volailles, la viande, le bois, etc., produits par les agriculteurs ou colons faisant partie de l'Association.
Produits "Nouvelle-France" : les meubles, les chaussures, les vêtements, les matériaux de construction, fabriqués ou préparés par des membres de l'Association Créditiste.
Produits "Nouvelle-France" les conserves de toutes sortes fournies par les membres de l'Association Créditiste.
Cela n'empêche pas les marques particulières des producteurs. Ainsi, le savon "Lys" et le savon "Léda", produits de la savonnerie de M. Leblanc, associé de Hull, garderont leur nom propre, mais sont classés produits "Nouvelle-France".
Plusieurs de nos lecteurs connaissent la marque identificatrice des produits albertains, échangeables en Alberta pour des certificats de transferts de crédit du système établi par le gouvernement créditiste d'Aberhart. Leur marque est une feuille d'érable, sur laquelle se détache un panneau portant l'inscription : "What Alberta makes makes Alberta" (Ce que l'Alberta fait fait l'Alberta). Cette marque est réservée aux produits remplissant certaines conditions de provenance albertaine. Et c'est la proportion de ces produits dans les achats par transferts qui détermine le boni d'achat (ristourne) accordé aux acheteurs à la fin de chaque mois.
Nous aurons pareillement notre marque "Nouvelle-France", que les producteurs associés pourront coller sur les contenants de leurs produits. Le dessin en est confié à un artiste. Nous sommes convaincus que le modèle ravira tous les créditistes. Notre séjour prolongé en Abitibi et au Témiscamingue pour fins d'organisation retarde l'exécution du projet ; mais nous croyons pouvoir fournir les étiquettes "Nouvelle-France" aux intéressés dans la seconde moitié de septembre.
D'ici là, commençons à désigner par "Nouvelle-France" les produits de nos associés. Et, en achetant chez nos marchands associés, donnons la préférence aux produits "Nouvelle-France". Cela fera l'affaire du marchand qui pourra ainsi écouler son crédit aux producteurs "Nouvelle-France". Cela fera l'affaire des producteurs "Nouvelle-France", producteurs associés, qui, par leurs ventes ainsi activées, seront encouragés à augmenter leur production. Cela fera l'affaire de toute l'Association, qui, en bâtissant l'économie interne, hâtera l'heure où les associés pourront se passer des promesses coûteuses de Banco pour se servir de la comptabilité créditiste interne.
Et de cette manière aussi, nous contribuerons à rendre graduellement aux Canadiens français le contrôle de leur économique, puisque ce sont des Canadiens français qui composent les effectifs de l'Association Créditiste.
Il n'y a là rien contre les autres. Nous approuvons l'Alberta de développer l'industrie albertaine,, au lieu de dépendre d'étrangers ou d'exploiteurs. Nous approuverions le Manitoba de faire la même chose pour la production manitobaine. Et ainsi des autres provinces. Mais la nôtre aussi. D'ailleurs, lorsque toutes les provinces seront prospères, le Canada sera prospère.
Notre devoir, à nous, de la province de Québec, est de bâtir la province de Québec. Notre Nouvelle-France a été pillée, aliénée à des exploiteurs. Nous la reprendrons. Pas par l'entremise des politiciens qui l'ont vendue et qui continuent de lécher les mains des exploiteurs ; mais par le travail et l'association des hommes de cœur qu'on trouve encore au pays de Nouvelle-France.
Produisons "Nouvelle-France". Achetons "Nouvelle-France". Et redevenons les maîtres au pays que nous ont laissé nos pères, les héroïques fondateurs de la Nouvelle-France.