La plus grande banque alimentaire au Canada, qui approvisionne en denrées plus de 200 organismes communautaires dans la région de Montréal, a en effet enregistré une hausse de 22 % de sa clientèle par rapport à 2009, soit 25 230 nouveaux utilisateurs. Cette nouvelle clientèle porte à 140 697 le nombre de personnes qui ont recours aux banques alimentaires dans l’île de Montréal sur une base mensuelle. La ville de Trois-Rivières compte moins d’habitants que cela. La tristesse de ces chiffres se multiplie encore quand on note que, parmi les utilisateurs, le nombre d’enfants s’est accru de 35 % pour atteindre 53 465, soit assez de petits estomacs pour peupler environ 70 écoles primaires de la province. La situation en Afrique est pire encore. C’est un devoir pour nous, les catholiques, de s’occuper du problème. Voici un écrit de Louis Even sur cette question:
Pourquoi des affamés dans un pays à greniers pleins, dans un pays qui regorge de nourriture ou de moyens d’en avoir ?
Pourquoi des pieds mal chaussés, des habits usés, dans un Canada où les fabricants de vêtements et de chaussures chôment parce que les produits restent dans les magasins ?
Pourquoi des membres qui grelottent de froid dans des taudis ou des cabanes délabrées, alors que forêts, carrières et mines offrent du matériel de construction, du bois de chauffage, du charbon pour cent fois notre population; alors que charpentiers, maçons, ouvriers en bâtiment forment une armée de chômeurs en quête d’emploi ?
Est-ce Hitler, est-ce l’Allemagne qui est la cause de cela ? Ou bien n’est-ce pas parce que l’argent manque dans la poche de nos Canadiens et de nos Canadiennes ?
La production de bonnes choses abonde au Canada; mais le droit de les obtenir, l’argent, fait terriblement défaut.
Notre char économique a deux roues: la roue de la production, elle est grosse; la roue de l’argent, elle est petite.
L’argent forme le pouvoir d’achat du consommateur. Si l’on n’a pas de quoi acheter, inutile de produire. C’est le chômage, ce sont les secours directs, c’est la dette, ce sont les taxes.
Le gros financier peut s’asseoir là-dessus, et crier sur le peuple incapable de conduire son char. Comment peut-on faire avancer un chariot qui a une roue beaucoup plus petite que l’autre ? Il tourne en rond; on sue, on se désespère et on n’avance pas.
Faut-il diminuer la grosse roue ? Non, on veut la production, on veut de la nourriture, des habits, du logement; on veut toutes ces bonnes choses-là.
C’est la petite roue qu’il faut changer. En placer une aussi grosse que celle de la production.
Le gros financier ne veut pas, et c’est lui qui mène nos politiciens. Changeons, une bonne fois pour toutes. Envoyons promener les politiciens de carrière, les valets de la haute finance, et prenons la roue du Crédit Social pour fournir au peuple tout l’argent qu’il faut pour acheter toute la production de son pays dont il peut se servir.
La dette cessera, les taxes diminueront, on ne nous mènera plus vers la guerre. Qui s’en plaindra ?
Le peuple canadien prendra la place de l’exploiteur sans patrie, et on aura le moteur du progrès pour conduire le char.
Qu’est-ce que réclame donc le Crédit Social ?
De l’argent nouveau ajouté à l’ancien, pour qu’il y en ait assez en tout pour écouler toute la production. Quoi encore ? Que tout le monde reçoive sa part de l’argent nouveau et qu’on cesse d’être en pénitence à mesure que grossit la famille.
Beaucoup de production, beaucoup d’argent. Production facile, argent facile. Production pour tout le monde, argent pour tout le monde.
L’argent est fait pour écouler la production. Il faut que l’argent soit en rapport avec la production.
De l’argent rare dans un monde d’abondance, ça fait souffrir pour rien. Les produits, les bonnes choses faites pour les familles, ne se vendent pas; on arrête d’en faire, c’est le chômage.
Augmenter l’argent, ajouter de l’argent nouveau dans le pays, mettre cet argent entre les mains des consommateurs, c’est augmenter immédiatement les achats, c’est faire les produits se vendre, c’est en fabriquer d’autres, c’est arrêter le chômage.
Cela ne fera de mal à personne, cela fera du bien à tout le monde.
Cela peut se faire, puisque l’argent moderne se fait avec de la comptabilité. Il suffit que le peuple s’unisse et crée un office national de crédit et exige que la comptabilité soit faite pour le bien du pays, pour la prospérité et non plus pour la dette.
Réclamons la roue du Crédit Social. Puisque les politiciens de partis ne veulent pas faire le changement, que le peuple lui-même crée son système d’argent, car c’est lui, le peuple, qui fait les produits, le système d’argent pour représenter ses produits, doit lui appartenir et le servir.