Le système financier n’existe ni pour les gouvernements ni pour nous. Ce sont les gouvernements et nous qui existons pour le système financier.
Si le système financier existait pour les gouvernements, les gouvernements demanderaient l’argent au système qui fait l’argent, au lieu de le demander à des gens qui ne font que du blé, du beurre, des pommes de terre, des maisons, des habits. Et si le système financier existait pour nous, il fonctionnerait pour nous servir, au lieu de nous faire travailler pour le servir.
Vous gagnez disons 400 dollars pour une semaine d’ouvrage. Vous croyez avoir travaillé pour votre patron et obtenu de lui, en retour, le droit à 400 dollars de production?
Pas si vite. D’abord, le gouvernement saute sur votre enveloppe de paye avant vous. Une bonne tranche de ce qu’il vous prend, c’est pour donner purement et simplement au système qui fait l’argent. Une autre partie est bien redistribuée aux fonctionnaires, aux contracteurs et par eux à leurs ouvriers; mais dans toutes ces redistributions, le gouvernement saute encore sur une part pour le même manège.
Si, au moins, vous pouviez obtenir des produits pour le plein montant de ce qui vous reste. Mais allez chez le marchand: vous savez bien que vous payez une taxe de vente, et cet argent ne vous donne pas de produits. Et ce n’est pas toute l’histoire. Dans le prix lui-même, il y a déjà les taxes payées par le manufacturier, et avant lui, par les producteurs des ingrédients, des machines, du pouvoir moteur dont le manufacturier se sert. Et les taxes payées par les intermédiaires et le marchand. Et les intérêts. payés par eux tous sur les emprunts faits pour financer leurs entreprises.
Des taxes et des charges tout au long; et tout au long, retour de l’argent vers sa source, vers la banque.
L’argent naît à la banque, quand la banque fait un prêt à un gouvernement, à un industriel, à un commerçant. Pas d’illusion: même si l’obligation du gouvernement ou l’action de l’entreprise est achetée par un particulier, cet argent a commencé dans une banque, et son retour à la banque est dû quelque part, avec intérêt en plus. Le banquier devra le recevoir, et ça lui viendra par la pompe des taxes ou par la pompe des prix.
Que devient l’argent rentré à sa source?
— Avec ses profits, le banquier paie son personnel, ses dépenses et consolide l’actif de la banque. Mais le montant même du prêt, créé d’un trait de plume, disparaît aussi d’un trait de plume. Simple comptabilité.
Le banquier vous dira que lui aussi paie des taxes. Oui, il paie des taxes sur son profit; mais il fait son profit sur la création de l’argent. Ce n’est d’ailleurs pas son profit qui est le grand mal. Le grand mal, c’est son pouvoir sur le flot de l’argent, sur le régime des naissances et des décès de l’argent.
Quand le rythme de l’argent libéré dépasse le rythme de l’argent rappelé, la vie économique est active: c’est le cas en temps de guerre ou d’armements intensifs. Quand le rythme de l’argent rappelé (et décédé) va plus vite que l’argent créé et libéré, la vie économique ralentit, le chômage s’installe, le commerce languit: c’est le cas en temps de paix prolongée.
Si le système d’argent existait pour la finance et la distribution des biens, privés et publics, que le pays est capable de fournir, il y aurait prospérité constante, parce qu’il y a progrès constant dans les possibilités physiques de produire tous ces biens. Il y aurait distribution de dividendes aux citoyens, pour distribuer cet enrichissement — au lieu de taxes à tous les coins pour maintenir l’appauvrissement. Il y aurait pour tous la sécurité économique, avec la liberté, dans un régime d’abondance — au lieu des perpétuels soucis d’argent, qui engendrent l’inquiétude, l’instabilité, la lutte entre classes et individus pour se disputer un pouvoir d’achat raréfié à dessein devant des entrepôts débordants.
Que préférez-vous: le régime actuel, qui vous pompe, vous prive et vous paralyse — ou bien le Crédit Social, qui vous donnerait des dividendes pour cueillir votre part des fruits du progrès?