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Pour les petites assemblées

le mardi, 15 décembre 1942. Dans La vie créditiste

De ce-temps-ci, le travail de propagande et d'organisation se fait beaucoup par la méthode de petites assemblées : assemblées de rang, ou de village, ou de coin de ville, dans des maisons privées où sont convoqués hommes et femmes du territoire couvert.

Ces assemblées sont organisées sous l'impulsion d'un commissaire de passage, ou même d'un lieutenant dynamique. Elles recourent naturellement à "l'éloquence" de conférenciers locaux, qui souvent accomplissent cette fonction pour la première fois.

La tâche n'est pas si inaccessible qu'il peut paraître à premier abord. Aujourd'hui, le Crédit Social n'est plus un animal étrange habitant les cratères de la lune. On n'a plus besoin non plus d'expliquer au monde que seule l'absence d'argent causait le chômage et la misère pendant la crise. La succession de trois années de production à l'épouvante, grâce à la finance de guerre, à dix années de stagnation bête avec des poches vides, a frappé les esprits les plus engourdis, même ceux des politiciens.

Ce qui reste à faire, c'est surtout de mouvoir les volontés, de décider à l'action, même au sacrifice de quelques sous ou de quelques loisirs, pour construire une économie nouvelle. C'est de convaincre le public que ceux qui veulent une après-guerre différente de l'avant-guerre doivent la préparer eux-mêmes et dès maintenant. C'est de donner aux gens confiance en eux-mêmes au lieu d'abandonner leur destinée aux joueurs de la politique.

Avec leur Vers Demain en main, les conférenciers improvisés sont capables de causer sans rhétorique, de faire un appel sans pompe oratoire. C'est si simple, lorsqu'on a à cœur la cause plus que l'envie de briller.

C'est la manière de commencer qui embête le grand nombre. Une fois lancés, ça va. Eh bien, le moyen de commencer, c'est de commencer. Pour aider les débutants, nous donnons ici une suggestion d'entrée en matière, laissant libres de s'y prendre autrement ceux qui le désirent.

Suggestion d'entrée en matière

"Les Canadiens sont-ils les maîtres chez eux ? Les Canadiens français sont-ils les maîtres au Canada français ? Qui a fait le pays ? Qui en tire les avantages aujourd'hui ? Les descendants des fondateurs — ou les exploiteurs et les parasites ?

"Pourquoi sommes-nous devenus une nation d'esclaves, craignant sans cesse pour les repas du lendemain dans un pays d'abondance, contents d'avoir de l'emploi au service de gens qui ne sont ici que pour exploiter un pays qu'ils n'ont pas fait ?

"Pourquoi ? La réponse est dans la parole du Pape Pie XI :

Ceux qui contrôlent l'argent et le crédit sont devenus les maîtres de nos vies.

"Les maîtres de nos vies. Nous sommes donc leurs esclaves. Et ils y sont arrivés par le contrôle de l'argent et du crédit.

"Eh bien, c'est ce contrôle-là, dénoncé, mais respecté par tous les autres prédicateurs de réforme, que les créditistes ont décidé de briser, pour que le peuple de Nouvelle-France redevienne maître en son propre pays.

"Sur qui compter pour nous délivrer de cette dictature d'argent ? Qu'attendre des politiciens ? Rien, excepté ce que nous saurons les forcer à faire par notre action éclairée, concertée et orientée.

"Les politiciens obéissent aux pressions, dit bien l'un d'eux, M. Roosevelt. La pression leur vient aujourd'hui des financiers, des profiteurs. Il faut que le peuple s'organise pour faire pression à son tour. Non seulement en temps d'élection, mais douze mois par année.

"C'est pour cela qu'est organisé l'Institut d'Action Politique, sous les auspices duquel se tient cette assemblée.

"Mais l'Institut éclaire avant d'unir, parce qu'il faut s'entendre sur l'objectif, sur ce que l'on cherche. C'est pourquoi le petit journal Vers Demain commence par faire la lumière dans les esprits."

* * *

Voilà le sujet lancé, l'orateur — ou mieux le causeur — peut maintenant continuer, montrer le journal, parler des enseignements qu'il en a tirés lui-

 

Coeur de créditiste

D'un commissaire du Crédit Social aux luttes avec une tempête de neige en Abitibi :

"J'ai passé la nuit chez M. Philibert Pelchat, au rang 4 de Landrienne, à cinq milles de la gare. Le train pour Barraute, où je devais aller rencontrer des voltigeurs créditistes, était à deux heures, Nous sommes partis en auto, du rang 4 pour la gare, une heure avant le train.

"Tant que la route fut horizontale, tout alla bien. Mais dans les côtes, il y avait des bancs de neige de trois pieds. Il fallut pelleter à plusieurs endroits. Il faisait si froid que je me suis gelé les deux pies. Et nous sommes arrivés à la gare un quart d'heure trop tard.

"Aucune route n'étant ouverte pour Barraute, il m'a fallu à grand regret renoncer à cette partie de mon programme. Impossible aussi de rouler vers Amos. Je n'avais qu'une chose à faire : revenir au rang 4, avec les braves compagnons qui m'avaient amené.

"Je coucherai donc une nuit de plus chez M. Pelchat, et j'en profite, ce soir, pour visiter les abonnés du rang.

"Je reste aussi encouragé qu'auparavant, et je suis prêt à continuer tant qu'il le faudra pour le Crédit Social et la délivrance des hommes.

"La vie des colons est bien pire que la mienne. Je me compte heureux en me comparant à eux. Je veux qu'un jour la société se penche vers eux et les soulage. Je crois qu'ils sont la classe de gens la plus misérable et la plus abandonnée, mais non pas la moins courageuse, grâce à Dieu, et ils continuent à bâtir la Nouvelle-France."

Quand bien même les adversaires aligneraient toutes les forces de la gendarmerie royale, de la police provinciale et des zélotes municipaux, ils n'abattront jamais des cœurs comme ça. Le mouvement créditiste peut être fier de ses apôtres. C'est au moins un point en faveur de sa doctrine.


Une qui ne coopère pas

Nous avons signalé des coopératives qui coopèrent avec l'Association Créditiste. Ce n'est pas le cas de la coopérative de St-Grégoire de Montmorency qui a déclaré la guerre au Crédit Social.

Sous le titre "Un petit trust érigé en coopérative", M. Maurice Brodeur, qui en faisait partie, relève les faits édifiants de l'assemblée générale des coopérateurs convoquée pour le 15 novembre au soir, afin de discuter, ou plutôt afin de rejeter, une motion proposée par les créditistes actionnaires de la coopérative.

On a commencé par tronquer le texte de la motion pour la rendre difficile à accepter. Puis le président s'est servi de son autorité pour mesurer à son gré le droit de parler. Le gérant avait en poche un protêt contre l'assemblée, qu'il se réservait de faire valoir au cas où la motion serait adoptée.

À un moment, M. René Côté prend la parole : "Le Crédit Social est du communisme, le Cardinal l'a condamné."

Une voix : "À l'ordre !"

Le Président : "Silence, M. Brodeur. N'interrompez pas M. Côté. Vous n'avez pas le droit de parler. Vous n'êtes pas membre de la coopérative."

M. Brodeur était membre de la coopérative et avait même sur lui des coupons de ristourne attestant ses privilèges de sociétaire.

Le Président du Syndicat Catholique, vice-président de la coopérative, s'installe sur la tribune et :

"Messieurs les actionnaires de la coopérative, le vote que vous allez prendre est très important. Voyez-vous, nous, les membres du conseil d'administration, avons rejeté la motion créditiste comme illégale et injuste. Si vous votez pour, on donne notre démission en bloc. Question de confiance, messieurs : si vous êtes contents de vos administrateurs, votez contre les créditistes. Bien plus, ceux qui veulent aller se rassembler au coin de la rue pour nous critiquer, sortez de la coopérative ; autrement c'est moi qui vais vous sortir... "

À une question de M. Émile Lavoie : "Monsieur le Président, pourquoi, ayant acquitté mes parts, ne suis-je pas encore membre de la coopérative ?" — le président répond : "Parce que vous portez l'insigne dorée Vers Demain."

Avec les fanatiques, on ne discute pas, on les envoie au diable. Et c'est ce que vont faire les créditistes de St-Grégoire.

Les banquiers ont de bons soldats dans des milieux où l'on ne s'y attendrait pas.

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