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Où l'on comprend le C. S.

le lundi, 15 mars 1943. Dans La vie créditiste

Si des bourgeois qui ne manquent à peu près de rien ont de la difficulté à admettre le Crédit Social, qu'ils n'étudient d'ailleurs pas, il en va autrement dans les milieux où d'humbles héros et héroïnes bâtissent le pays.

La lettre suivante vient du Rang 7, Languedoc, Authier (Abitibi) :

"Je m'empresse de répondre à votre lettre. Je re­grette beaucoup de n'avoir pas pu me rendre à temps à votre demande, mais votre lettre est da­tée du 9 février, et je ne la reçois que le 16.

"C'est que mon mari, qui doit gagner le pain d'une grosse famille, est dans les chantiers. Pres­que tous les chefs de famille du rang sont aussi dans les chantiers. Ce sont des enfants qui doivent aller chercher le courrier. Et comme nous sommes à huit milles du village, un enfant ne peut y aller que lorsqu'il fait beau et pas trop froid.

"Mais nous restons créditistes convaincus. C'est mon mari qui a rendu tout le rang créditiste. Et c'est dans notre petit foyer que votre conférencier, M. Jean Grenier, a fait sa causerie lorsqu'il est ve­nu. La maison était pleine de bons créditistes. Six ont payé leur souscription de $5.00 à l'Association ce soir-là. Un autre va le faire prochainement.

"Vous m'excuserez donc du retard, et aussi de vous écrire au crayon. Je ne suis qu'une pauvre mère, seule avec six petits enfants, tous des gar­çons, dont le plus vieux n'a que huit ans."

(Mme Ephrem Poudrier)

L'Île du Salut

La parabole de l'Ile du Salut fit le tour du pays en 1938 et 1939. Nous la reprenons en sé­rie, à commencer dans le présent numéro. Pour répondre à une demande souvent exprimée, nous la ré-éditerons prochainement en brochu­re, accompagnée d'une explication simple du Crédit Social. Il y a des paraboles qui sont tou­jours d'actualité, qui ne perdent ni leur attrait ni leurs leçons. Celle de l'Île du Salut semble du nombre. Dès que la brochure sera prête, nous l'annoncerons et notre armée de propagandis­tes verra à sa diffusion.

Étude récompensée

De Malartic (Abitibi) :

"Il y a quelques années, avant d'avoir étudié le Crédit Social, il aurait été impossible pour moi de parler en public, de discuter sur tel ou tel sujet, et de soutenir avec courage et conviction ce que j'a­vance aujourd'hui concernant le Crédit Social.

"Mais j'ai passé plusieurs veillées, et je pourrais dire plusieurs nuits presque complètes, à étudier, à prendre des notes, dans la Première Année, puis la Deuxième Année de Vers Demain, les Cahiers du Crédit Social, La Monnaie et ses Mystères, etc. Ce qui me met en position aujourd'hui d'entrepren­dre des discussions avec qui que ce soit, quelle que soit leur position ou leur importance, et d'en sortir vainqueur, même lorsqu'ils sont bien déterminés à me bloquer.

"Le changement qui s'est opéré en moi est dû au journal Vers Demain et au Crédit Social.

"Et ce n'est pas tout. Je bénéficie pour mes af­faires personnelles du développement de mes facul­tés et des connaissances acquises, par l'étude et l'effort donnés à la cause commune.

"Loin de moi l'idée de me croire supérieur à un autre. Mon seul désir, en écrivant ceci, est que cha­que Canadien-Français qui n'est pas encore au cou­rant du mouvement fasse un effort pour étudier ; il se convaincra que le Crédit Social est le moyen efficace pour améliorer notre sort en permanence. L'effort que j'ai fait moi-même peut être répété par beaucoup : il n'y a qu'à s'en donner la peine."

(Roméo Lanoix ; conférencier-causeur, 1943.)

Aurons-nous du fromage ?

Aurons-nous du fromage sur nos tables, après la guerre ? Si les tables canadiennes en man­quent, la faute n'en sera sûrement pas à la produc­tion canadienne.

L'an dernier, le Canada a produit plus de 200 millions de livres de fromage. C'est deux fois sa production de 1935.

Y avait-il moins de vaches ou moins de fromage­ries possibles en 1935 ? Pourquoi la production a-t-elle doublé ? La production a doublé parce qu'il y a deux fois plus d'argent pour acheter le fromage canadien.

Il arrive cependant que, de ces 200 millions de livres, les Canadiens ne consomment que le quart, 50 millions de livres. Les trois autres quarts s'en vont surtout à l'Angleterre.

Dans un pays qui peut fournir aux autres trois fois autant qu'il consomme lui-même, y aura-t-il encore des familles privées du nécessaire ? Deman­dez-le aux criminels de la finance et aux fous de la politique.

Pas même cela ?

Les créditistes VEULENT le Crédit Social. C'est pourquoi, lorsqu'un politicien ou un aspirant au pouvoir politique, paraît devant eux, ils lui deman­dent : Si vous prenez le pouvoir, nous donnerez-vous le Crédit Social ?

Lorsque l'aspirant n'est même pas capable de dire : Je suis pour le Crédit Social — peut-on lui faire confiance pour l'établissement d'un régime créditiste ?

Car enfin, quel est le plus facile à faire —  Éta­blir le Crédit Social, ou dire : Je suis pour le Cré­dit Social.

S'il n'a même pas la force de répondre : Je suis pour le Crédit Social  —  comment aura-t-il la force d'installer le Crédit Social en dépit de toutes les puissances d'argent ?

Rien de gratuit ?

À la suite d'une grande assemblée politique, ré­cemment, à Sherbrooke, des créditistes entourèrent le principal orateur et se permirent de lui poser des questions auxquelles l'orateur se prêta courtoise­ment.

Lorsque vint le sujet du dividende, l'orateur dé­clara ne pas en admettre le principe. Rien de gra­tuit ! insista-t-il.

Ce qui fit naître la question suivante de la part de M. Maurice Pagé :

"Comment, après avoir donné gratuitement tant de choses dispendieuses, pendant la guerre, aux Allemands, aux Italiens, aux Japonais, et aux pois­sons de tous les océans, nous ne pourrons rien don­ner gratuitement aux familles du Canada ?"

Pourquoi pas de vote ?

Pourquoi pas de vote dans notre organisation ?

La question ne vient pas de ceux qui travaillent et qui sont bien au courant de nos objectifs et de nos méthodes. Elle vient plutôt, soit de commen­çants habitués à voir des votes partout et à pren­dre le vote comme le moyen suprême de réalisa­tion, soit de vacillants auxquels elle est inspirée par des adversaires intéressés à ralentir notre re­crutement.

Il n'y a pas de vote dans notre organisation, par­ce que dans notre organisation, il s'agit d'éducation et de dévouement.

Éducation.  —  Les élèves votent-ils pour se trou­ver un professeur ? Celui qui possède les connais­sances et la lumière n'a-t-il pas, par le fait même, mandat pour porter connaissances et lumière aux autres ?

Dévouement.  —  Vote-t-on pour savoir qui va sacrifier de son temps et de ses forces, qui va se dépenser pour les autres ? Notre organisation fait appel à tous ceux qui veulent se dévouer. Jamais un seul de nos Voltigeurs ou de nos conférenciers n'a été élu par le public, pas même par les crédi­tistes, pour devenir voltigeur ou conférencier ? Il l'est devenu, parce qu'il a eu assez de cœur et d'é­nergie pour le devenir.

C'est à chacun de se lever et de bouger volon­tairement.

Il peut être question de voter pour conférer des dignités, décerner des honneurs, souvent avec in­demnités correspondantes. Rien de tel n'existe dans  notre organisation toujours pas à l'étape ac­tuelle.

 * * *

Mais l'Association Créditiste ? N'y a-t-il pas des votes dans les coopératives, dans les caisses popu­laires, dans toutes ces entreprises démocratiques, où la devise "un homme, un vote" est à l'honneur.

Assurément, parce que, dans ces institutions, il y a capital placé, investi pour rapporter. Nous avons bien expliqué, dans notre dernier numéro, qu'il n'y a ni ventes de parts sociales, ni place­ments dans l'Association Créditiste. Chaque asso­cié qui veut en retirer des bénéfices y met ses achats chez d'autres associés. C'est le seul place­ment à rendement, et chacun l'administre lui-mê­me. Le $5.00 d'entrée est une souscription, compa­rable  —  hormis l'objectif final  —  aux souscriptions données aux caisses des partis politiques.

* * *

Mais l'Union des Électeurs ? Là, le mot électeur n'implique-t-il pas l'idée de vote ?

Certainement. Et les électeurs et les électrices de l'Union des Électeurs continueront à voter, à mieux voter, sans doute, qu'auparavant, dans toutes les occasions où ils sont appelés à le faire.

Pour les cadres mêmes de l'Union des Électeurs, ils sont à se former. On en est à la phase de l'édu­cation, du recrutement, de l'entraînement. Il est fort possible que, lorsque le tout sera bien établi et en marche, il faille voir à une hiérarchie de repré­sentation. Et cela, surtout avec des membres éclai­rés et alertes, pourra donner lieu à des votes pris par les membres à divers degrés : locaux, régio­naux, etc.

Mais nous n'en sommes pas encore là. Nous som­mes à la formation par la lumière qui vient de ceux qui l'ont, par la mission entreprise par ceux qui s'en trouvent la force.

* * *

Ceci n'est pas du tout pour mépriser le système de scrutin. Personne n'est plus démocrate que les créditistes. Mais personne non plus n'est aussi dé­cidé à obtenir des réalisations. Et lorsqu'il s'agit d'exécution, ce n'est pas le vote qui l'avance.

On connaît les vers de La Fontaine, morale de sa fable "Conseil tenu par les rats" :

Ne faut-il que délibérer,

La cour en conseillers foisonne ;

Est-il besoin d'exécuter,

L'on ne rencontre plus personne.

Il est justement besoin d'exécuter. Tous les cré­ditistes savent ce qu'ils veulent : pas besoin de dé­libération là-dessus. Mais pour exécuter : l'appel est fait à fous les volontaires. De grâce, qu'ils n'at­tendent point d'autre vote que l'impulsion de leur cœur et la détermination de leur propre volonté.

300,000

On peut dire, sans crainte de se tromper, qu'il y a aujourd'hui, dans la province de Québec, 300,000 créditistes.

300,000 ! Mais, c'est toute une armée !

C'est toute une armée en effet. Et une armée beaucoup plus nombreuse que l'armée des finan­ciers, nos ennemis.

Si nous sommes plus nombreux que nos ennemis, pourquoi ne gagnons-nous pas la guerre dès main­tenant ?

Pourquoi ? Parce que les 300,000 créditistes qui connaissent et veulent le Crédit Social, ne font pas tous quelque chose pour l'obtenir.

Que chacun fasse son examen de conscience.

* * *

Celui-là, Joseph, est un cultivateur de St-C. Il lit le journal VERS DEMAIN. Il désire de toute son âme le Crédit Social. Mais, il croit ne plus pou­voir faire grand'chose dans sa paroisse. La paroisse n'est pas grande. Il y a belle lurette qu'il parle à tous et à chacun du Crédit Social. Tout le monde a été attaqué par lui. Maintenant, qu'un autre fas­se sa part, dit-il. Quant à lui, il n'en peut plus. Et Joseph est rentré dans les rangs de ceux qui atten­dent le Crédit Social, sans l'aider à venir. Si tous les créditistes étaient comme Joseph, le Crédit So­cial resterait comme il est aujourd'hui. Il n'avancerait pas.

* * *

Jacques aussi est créditiste. Il comprend d'au­tant mieux le Crédit Social qu'il est fonctionnaire et a dû tirer des ficelles pour gagner et garder son emploi d'esclave. Mais, justement, un fonctionnai­re est ce qu'il y a de plus lié au monde, et un fonc­tionnaire ne peut jamais dire ce qu'il pense. Et Jac­ques donne aux créditistes son appui moral, et sou­haite de tout son cœur le succès des créditistes. Mais, c'est tout. Jacques ne peut même pas être Voltigeur.

Combien y a-t-il de Jacques sur les 300,000 cré­ditistes de la province ? Et croit-on que les Jacques vont nous faire gagner la bataille ? Vont-ils même nous faire avancer d'un pouce ?

* * *

Et Roland maintenant. Oui, Roland, le fervent, connu dans toute la région. Lorsqu'il rentre, on l'appelle "Crédit Social". Que fait-il pour la cause ? Tout ce qu'il peut. Mais, malheureusement, après qu'il a donné tout le temps requis par les sociétés de ci et les associations de ça, il ne lui reste plus une minute pour le Crédit Social ; car Roland est intelligent et il est actif, et pour cela il occupe des fonctions dans tous les groupes. Président de l'un, secrétaire de l'autre. Et comme il y a des problèmes urgents à régler tantôt chez les uns, tantôt chez les autres, et que Roland garde toujours son temps li­bre pour le Crédit Social, et que Roland n'a jamais de temps libre, le Crédit Social est toujours sacri­fié. Roland fait avancer tous les groupes où il tra­vaille, bien sûr. Mais, Roland ne fait pas avancer le Crédit Social. Et nous n'aurions jamais le Cré­dit Social si tout le monde était comme Roland. Pourtant Roland sait bien qu'il est vain de vouloir faire une réforme quelconque tant qu'on n'aura pas réglé la question d'argent. Est-ce que Roland ne serait pas logique ?

*    *    *

Louis est un homme d'affaires. Il réussit assez bien. Il a tout son commerce établi depuis quelques années. Il a lutté dans le système actuel. Il sait comment ce système est pourri. Mais il y a réussi tout de même. Mais, que de travail, que de travail pour ce succès si mince ! Tellement, que Louis ne peut rien faire pour le Crédit Social. Ça peut se comprendre, mais ça ne fait pas gagner de terrain aux créditistes.

 *    *    *

Additionnons tous les Joseph, tous les Jacques, tous les Roland et tous les Louis. Soustrayons-en le total de 300,000, et voyons ce qui reste de mili­tants pour remporter la victoire.

Nul ne peut dire le nombre exact de ceux qui restent.

Mais tous peuvent dire que ce nombre n'est pas suffisant pour que demain matin nous soyons les vainqueurs, puisque demain matin nous ne serons pas les vainqueurs.

*    *    *

Allons, Joseph, Jacques, Roland et Louis, se­couez-vous donc. Venez ajouter votre unité active au nombre de ceux qui manient le fusil. Venez tous ! En avant ! Et nous aurons une formidable ar­mée de 300,000 hommes à la conquête de la liberté.

C'est demain que nous devrions hisser le drapeau blanc et or sur la Nouvelle-France, et c'est demain que nous le ferions si vous cessiez d'être des nullités dans les 300,000 !    

Gilberte CÔTÉ

En bon bois de chez nous

Nous passions récemment à Lac Mégantic, et Monsieur Antonio Bédard nous montrait des pro­duits de son magasin étiquetés "Nouvelle-France". Entre autres, des bassins en tôle d'un ferblantier local. Aussi des manches de hache et de crochets de draveurs, achetés de Napoléon John, de East Broughton. Monsieur Bédard nous dit, à propos de ces manches : "Auparavant, je les faisais venir d'Ontario. Ceux-ci sont moins chers et sont meil­leurs ; c'est du bon bois des cantons de l'Est. Puis, Monsieur John fait partie de l'Association Crédi­tiste et je fais 5 pour cent de mon paiement en transferts de crédit."

Quelque temps auparavant, un fervent de l'A­chat chez nous, de passage à Lac Mégantic, et ne connaissant rien encore de l'Association Créditiste, se la fit expliquer par le même monsieur Bédard. "Mais, dit-il, c'est-merveilleux, cela."  —  "Oui, de répondre monsieur Bédard, c'est que d'autres prê­chent, mais les créditistes agissent."

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