63. Ça va faire de l’inflation!
L'inflation, c'est une hausse des prix. Pourquoi le Dividende Social ferait-il augmenter les prix, alors que ce montant n'entre pas dans les prix de revient.
Si l'argent était augmenté sans rapport avec la production, cela pourrait causer une demande dépassant la capacité de production et les prix chercheraient alors à monter, faute de produits. Avec le Dividende Social, nous aurions plutôt une diminution des prix, parce que les ventes seraient plus abondantes. 1
Le Crédit Social préconise un système financier simple, mais complet, éliminant toute cause d'inflation des prix, parce qu'il fait toujours de l'argent le reflet exact des réalités. 2a
Le Dr. Monahan, successeur de Douglas au secrétariat du Crédit Social, disait: «C’est le conflit entre le progrès et la recherche du plein-emploi qui est à la base de l’inflation, aujourd’hui!» 3
64. Et la paresse?
Cette objection a été cent fois réfutée. Elle ne tient pas debout. Qui actuellement quitterait son emploi pour se contenter d'un dividende qui ne serait qu’une partie de son salaire?
D'ailleurs, la paresse est un vice. L'argent n'a pas pour fonction de corriger les vices.
On peut s'occuper très bien, avantageusement pour soi et pour les autres, sans être embauché à de la production matérielle. 2b
65. Et ces moralistes qui disent que la nature ne donne rien pour rien!
La nature ne donne rien pour rien? Le soleil reçoit une grosse enveloppe de paie pour réchauffer et éclairer l'univers. La lune tire un salaire proportionnel à la grosseur de son croissant. Les rivières qui descendent des montagnes se font payer à la hauteur des sauts qu'elles exécutent pour nous sur leur parcours.
Rien pour rien? L'enfant au berceau n'a droit à rien, le malade, le vieillard n'ont droit à rien?
Notre-Seigneur n'aurait jamais dû multiplier les pains et commettre le crime de les distribuer gratuitement; Il a mal composé son Notre Père, au lieu de nous faire dire: Donnez-nous aujourd'hui notre pain quotidien, — il aurait dû nous faire dire: Faites-nous gagner notre pain. 4
66. Mais les gens ne s’intéresseront plus au travail!
Les dividendes aux actionnaires ne les désintéressent pas de leur compagnie. S’ils sont en plus travailleurs dans leur usine, deviendront-ils paresseux parce qu'ils touchent des dividendes en plus de leurs salaires?
Ce serait idiot. Ils savent que seule une augmentation du volume ou de la qualité de la production peut signifier plus de dividende. Ils apporteront sans doute double application à leur ouvrage.
Des critiques disent: "C'est du secours direct, ça va faire des paresseux, personne ne va plus vouloir travailler, etc." Eux-mêmes font exception, c'est aux autres qu'ils pensent, à la foule qu'ils ne daignent pas regarder, encore moins instruire. 5
67. Ça va favoriser la corruption politique!
Au contraire. Le Dividende Social aiderait à y mettre fin. Dans une économie de Crédit Social, la société est réellement au service de tous et de chacun de ses membres, non pas par des faveurs politiques, mais par une dispensation à tous et à chacun d’une certaine quantité des biens offerts dans le pays. 6
68. Et ceux qui crient:«À bas les capitalistes!» que leur répondez-vous?
Ils crient ainsi parce qu’ils ne possèdent rien et n’ayant rien, ils en veulent à ceux qui ont des choses. S’ils étaient capitalistes eux-mêmes ils ne crieraient plus ça.
Quoi faire? Les supprimer? Non pas. Il y a beaucoup mieux à faire: changer tout le monde en capitalistes. Il n’y a qu’à reconnaître un fait et en admettre les conséquences: le fait est que tout le monde possède un capital social communautaire.
Si ce capital était reconnu et donnait à ses propriétaires un revenu, tout le monde se trouverait capitaliste, les socialistes comme les autres.
Et tout le monde aurait une bonne mesure de liberté, la mesure dont jouit celui qui, ayant quelque chose dans son portefeuille peut choisir, accepter le produit ou le travail qui lui convient et refuser ce qui ne lui convient pas. 7
69. Tout ça va faire augmenter les taxes!
Ceux qui ne connaissent pas le Crédit Social ne peuvent pas comprendre cette demande d’un Dividende Social, sans augmenter les taxes.
Aujourd’hui, tout l’argent qui vient du gouvernement pour les allocations familiales, les pensions de vieillesse, l’aide sociale, est alimenté par les taxes.
L’argent est créé, mais mal créé. C’est de l’argent-dette, créé par les banques sous forme de dettes.
Avec un système économique de Crédit Social ce serait aussi de l’argent-chiffre, mais libre de dette; de l’argent-comptabilité, de l’argent nouveau, basé sur les produits du pays. 8
70. Pourquoi n’a-t-on pas encore réclamé ce système de Crédit Social?
Parce que le Crédit Social est encore trop ignoré, trop incompris.
C’est aussi parce qu’on a longtemps hypnotisé l’humanité avec une philosophie de jansénisme économique, entretenu par les puissances financières et par ceux qui tiennent à mieux dominer les autres en les maintenant dans une extrême pauvreté. 9
71. Même s’il est bon, le Crédit Social ne deviendrait-il pas dangereux entre les mains d’un gouvernement oppresseur?
Un ami de Vers Demain m’a déjà posé cette cette question. Cette personne avait raison de trouver le Crédit Social bon, mais plus renseignée, elle l’aurait trouvé encore meilleur et n’aurait pas exprimé la crainte de voir le Crédit Social devenir un outil dangereux entre les mains d’un gouvernement oppresseur.
Le Crédit Social en effet, n’est nullement le rem-placement du monopole bancaire par un monopole financier d’État.
Ce n’est pas l’argent du pays fait par le gouvernement à sa guise et pour ses fins propres.
Le Crédit Social envisage le fonctionnement du système monétaire d’une manière analogue au fonctionnement du système judiciaire. 10a
72. Que voulez-vous dire par «analogue au fonctionnement du système judiciaire»?
Pour le système judiciaire, le gouvernement nomme les juges, mais ne s’immisce pas dans leurs jugements.
Les juges ne rendent pas leurs verdicts pour des fins de profits, leurs honoraires n’ont rien à voir avec les jugements qu’ils rendent.
Ils jugent objectivement, en fonction des lois, de lois qu’ils n’ont point faites eux-mêmes; ils jugent sur des faits, des faits dont ils ne sont ni les auteurs ni les instigateurs. Ils jugent en fonction des témoignages établissant ces faits, et ce sont d’autres qu’eux-mêmes qui témoignent.
De même, pour un système monétaire conforme aux données du Crédit Social. Le gouvernement nommerait les membres de l’organisme monétaire national.
Cet organisme serait chargé de conformer le système monétaire à la fin assignée par la loi: une finance reflétant exactement les faits de la production et de la consommation; un pouvoir d’achat garanti à tous par un Dividende Social périodique. Cela défini, l’organisme procéderait sans intervention du gouvernement.
Le système judiciaire veille à ce que la justice soit rendue au vu et au su de tous.
De même aussi l’Office monétaire produirait et publierait les bilans périodiques sur lesquels il base ses calculs. Impossible de déceler la moindre prise à la dictature dans un tel mécanisme. 10b
1). Vers Demain, 15 octobre 1943, Sous un régime créditiste
2a, 2b). Vers Demain, juin 1966, Le droit de tous à un dividende
3). Louis Even à Trois-Rivières, 1er septembre 1957
4). V.D., 15 octobre 1943, Le christianisme de monsieur Angers
5). Vers Demain, septembre 1976, Qu’est-ce qu’un dividende
6). Vers Demain, 15 octobre 1947, Économie de gratuités
7). Vers Demain, 1er mai 1949, Tout le monde capitaliste
8). Vers Demain, juin 1969, Dividende sans taxes
9). Vers Demain, février 1968, Contre les taxes, pour le dividende