Un lecteur remarque que, dans notre rapport des assemblées du Bloc Populaire au Lac St-Jean, il est écrit :
"Le docteur Hamel se dit personnellement en faveur d'une réforme monétaire et opposé à la prolifération de l'argent (ce qui fut applaudi par les créditistes), et en faveur de la nationalisation des banques (ce qui ne fut pas applaudi par les créditistes)."
Il demande : Le Crédit Social est-il donc opposé à la nationalisation des banques ? Est-ce qu'il ne veut pas enlever aux banques, pour le remettre à l'État, le pouvoir d'émission du crédit financier ?
Le Crédit Social est neutre à l'égard de la nationalisation ou de la non-nationalisation des banques. Ce que le Crédit Social veut voir entre les mains de l'État, c'est l'émission du crédit. Or ce n'est pas cela qui constitue la banque.
Les opérations bancaires d'encaissement des épargnes, de placements, de prêts, etc., peuvent très bien continuer même si les banques ne sont plus des instituts d'émission. Est-ce que les caisses populaires ne tiennent pas bien sans être des instituts d'émission ?
L'opération que le Crédit Social veut enlever aux banques est justement une opération extra-bancaire, une opération souveraine, une prérogative du gouvernement que les banques ne devraient pas exercer à leur compte.
Les opérations strictement bancaires pourraient parfaitement continuer d'être exercées par des banques privées ; elles s'en acquittent très bien. Si le gouvernement désire nationaliser les banques, les créditistes, comme tels, n'ont pas d'opposition systématique, bien qu'ils croient davantage à l'initiative privée qu'à un gouvernement-tout.
Ce qui serait désastreux, ce serait de nationaliser les banques avant d'en avoir corrigé le vice. Le vice, c'est la mise au monde de l'argent à l'état de dette et exclusivement du côté de la production. Si le gouvernement nationalise les banques en continuant ce vice, ce sera simplement placer toute la force du gouvernement au service d'un système défectueux.
Le reproche fait aux banques par les créditistes n'est point tant un reproche de profit qu'un reproche de pouvoir, qu'un reproche d'asservissement. Or, nous ne tenons pas plus à être les esclaves de l'État que les esclaves des banquiers.
L'argent d'après les faits de la production et de la consommation. Tout argent nouveau distribué gratuitement à tous les membres de la société. Cela établit, que la manipulation des épargnes, des placements, des prêts, soit faite par des banques privées ou par des banques nationalisées, c'est secondaire. Nous croyons même nos banques privées, au Canada, plus capables de fournir des experts pour ces opérations que les gouvernements tels que nous les avons connus jusqu'ici.