Lorsqu’on parle de dette publique, d’intérêt sur la dette publique, d’impôts à prélever pour soutenir notre système financier antihumain, que de gens restent assez impassibles parce que, dans leur pensée, ce ne sont pas eux qui font les frais !
"Moi, je suis trop pauvre, je ne paie pas de taxe", disent-ils.
Tout le monde paie des taxes, directement ou indirectement, parce que tout le monde consomme des produits. Le producteur primaire, le cultivateur, paie des taxes, il le sait trop bien. Mais le simple journalier des villes, que n’atteint ni l’impôt sur la propriété, puisqu’il n’en a pas, ni l’impôt sur le revenu, puisque celui-ci est trop mince, paie, lui aussi, sa quote-part et sa grosse quote-part des taxes.
Comment celui qui ne paie pas d’impôts fournit-il quand même sa part de l’impôt ? Par les prix qu’il paie pour les produits ou les services qu’il achète.
Le prix de vente au détail comprend tous les frais depuis la matière première jusqu’à la livraison au consommateur. Et dans ces frais sont inclues les taxes, les charges fiscales. On a le front de nous le dire carrément dans nos factures d’électricité, au moins pour la taxe de vente. Mais il y a, même dans notre compte d’électricité, des taxes non détaillées, payées par le capitaliste, par le manufacturier, par l’intermédiaire, et simplement englobées dans le prix de revient du kilowatt.
Si quelqu’un n’est pas écorché en cours de route le prix fini comprend toutes les charges. Dans une paire de chaussures, vous payez le cuir, mais aussi la quote-part de la taxe chargée à l’éleveur d’animaux. Vous payez la main-d’œuvre, mais aussi la quote-part des frais généraux de la tannerie et de la manufacture de chaussures, et ces frais généraux comprennent toutes les charges fiscales. Vous payez le transport, et cet item absorbe la quote-part des taxes payées par la compagnie de chemin de fer ou de camionnage. Vous payez le profit du marchand de gros et celui de marchand détaillant, et ces profits sont calculés de façon à permettre aux intermédiaires de payer leurs taxes.
Si nous analysions plus en détail, nous trouverions autre chose encore que les taxes chargées par les gouvernements. Il y a les intérêts aux créateurs d’argent, qui sont la taxe chargée par le banquier.
Il y a les frais publicitaires énormes, dus aux efforts surhumains qu’il faut faire pour vendre dans un monde où l’argent manque : c’est la taxe payée à l’anarchie monétaire.
Il y a le surélèvement de prix dû au manque d’écoulement de l’abondance : plus il y a d’objets en vente, moins chacun coûte cher, et vice-versa ; ce surélèvement est encore une taxe payée à la rareté artificielle d’argent.
Il y a les frais de distribution accrus par la redondance de magasins et la re-redondance d’agents — tout cela dû à la même cause, le manque d’argent qui crée le chômage : nombre de marchands du coin et d’agents sur la route sont des chômeurs déguisés.
Il y a l’impossibilité pour les consommateurs d’acheter au prix du gros ; le détail coûte plus cher : taxe payée à la rareté d’argent.
Il y a l’alimentation des caisses électorales pour entretenir la protection du système : les fonds pour l’alimentation sont soutirés du public par l’intermédiaire des prix. Les trusts sont les agents percepteurs pour les partis — tout comme les gouvernements sont les agents percepteurs pour le système bancaire bâtisseur de dette publique.
La liste suivante, sans être complète, est assez impressionnante :
Prix de détail :
Matière première
Transport
Salaire au travailleur
Salaire au capital-épargne
Profit au marchand
Capital mouillé
Charges fiscales, dont partie bancaire
Intérêt au banquier financeur
Frais de publicité
Frais de rareté du produit
Frais de duplication de services
Frais des achats au détail
Alimentation des caisses politiques.
À remarquer : on encourage beaucoup les coopératives, surtout parce qu’elles mordent dans le profit du marchand (charge tout à fait légitime quand elle n’est pas exagérée). On cherche à faire la sourdine autour du Crédit Social qui dégonflerait les prix de la lourdeur de tant d’autres postes. Pourquoi ? La réponse se trouve probablement dans la différence entre les moyens dont marchand et banquier disposent respectivement pour influencer ceux qui façonnent l’opinion.