On voit et on entend assez distinctement les dictateurs qui construisent canons, tanks et bombardiers, qui militarisent leurs sujets dès leur tendre enfance et célèbrent en toute occasion la force de l'animal humain et la gloire des armes.
Apporte-t-on la même attention au monstre silencieux qui pèse sur tous les peuples, broie des millions de familles, diminue les vies humaines, semant partout des ruines physiques, morales et spirituelles ?
Si Mammon n'était pas là, Hitler et Staline y seraient-ils ? N'est-ce pas la misère des masses tranchant avec le faste de la cour et des favoris du tsar qui prépara un terrain propice à la révolution bolchéviste ? Les mêmes désordres extrêmes ne régnaient-ils pas en Espagne ?
N'est-ce pas parce que la dictature de Mammon, les exigences de l'argent rare laissaient sept millions d'Allemands dans l'oisiveté en face de besoins criants que le fondateur des Chemises Brunes fut accueilli comme un libérateur ?
N'était-ce pas aussi le cas de l'Italie avant l'avènement de Mussolini ?
Ajoutons que Mammon sait prêter le concours nécessaire lorsqu'il s'agit de placer des peuples sous la botte d'un dictateur dont il exigera ensuite la dette de reconnaissance. On connaît déjà le rôle joué par les millions de Kuhn, Lœb & Cie dans l'entreprise de Lénine, Trotsky et comparses. Sans l'appui du financier Schacht qui lui apporta les millions de Thyssen, des Krupps et de la banque Schrœder, Hitler serait-il au pouvoir ? Et Mussolini aurait-il réussi sa marche sur Rome sans les crédits des Morgans ?
N'est-ce pas outrageant aussi que nous ne puissions combattre les dictateurs militaires sans nous endetter envers l'impitoyable Mammon ? Ne peut-on se libérer du sabre qu'en se faisant lier pieds et mains par des dettes perpétuelles ? Nous fournissons les labeurs, les sueurs et le sang ; Mammon empoche les créances.
Il y a une autre solution. Celle du Crédit Social. Pourquoi n'en veut-on pas ? Mammon a-t-il obscurci notre jugement et rivé notre volonté ?
Le politicien routinier en dénonce deux ; le public attentif en distingue trois.