Nous reproduisons un article paru dans Vers Demain de mars 1986. Dans le temps, notre grand Pape Benoît XVI était le Cardinal Joseph Ratzinger, Préfet de la Sacré Congrégation pour la Doctrine de la Foi. et notre cofondatrice, feue Gilberte Côté-Mercier, était notre directrice générale et la rédactrice-en-chef du journal Vers Demain.
par Gilberte Côté-Mercier
Au commencement d'octobre 1985 se tenait à Rome le VIe symposium des évêques d'Europe. Le Cardinal Joseph Ratzinger, Préfet de la Sacrée Congrégation pour la Doctrine de la Foi, a répété la condamnation faite par l'Église du libéralisme économique et du marxisme ; il a rappelé la responsabilité morale de l'Église dans l'ordre économique ; il a prêché la nécessité de soumettre l'économie des nations aux lois morales ; et il a déclaré que nous devons trouver une solution, trouver de nouvelles idées économiques qui sortiraient le monde actuel de sa misère malgré l'abondance réelle.
Voilà qui répond ce qu'il faut à tous ceux qui, depuis 51 ans, (66 ans en 2005) reprochent aux créditistes de Vers Demain de mêler la religion à l'économique. "Mêler la morale, mêler la religion à l'économique, à la politique, c'est exactement ce qu'il faut faire", dit l'Église. Mêler la religion à la politique, à l'économique ne veut pas dire que les prêtres devraient se faire élire députés, mais ils doivent prêcher la vérité et la justice en politique, comme le fait constamment Sa Sainteté Jean-Paul II.
Voici quelques paragraphes du discours en question du Cardinal Ratzinger. GCM
Du Cardinal Ratzinger
En mon nom et au nom des deux autres préfets ; les cardinaux Hoffner et Etchegaray, je transmets mes salutations chaleureuses à vous tous, ici rassemblés pour le Symposium sur l'Église et l'économie. Je suis heureux que, avec l'aide du Conseil laïc papal, de l'Association internationale des universités catholiques, l'Institut économique allemand et la Fondation Konrad Adenauer, il a été possible de tenir une discussion mondiale sur une question qui nous concerne tous. Car le déséquilibre économique entre le Nord et le Sud de cette planète est devenu une menace croissante pour la cohésion de la famille humaine. C'est une menace à long terme tout aussi sérieuse pour la continuation de notre histoire, que le sont les arsenaux d'armes avec lesquels l'Est et l'Ouest s'affrontent. Ainsi, nous devons renouveler nos efforts pour venir à bout de cette tension, puisque toutes les autres méthodes précédentes se sont avérées inefficaces, et qu'au contraire, durant les trente dernières années, la misère dans le monde s'est accrue avec une ampleur véritablement horrifiante. De manière à trouver des solutions qui nous mèneront véritablement de l'avant, nous aurons besoin de nouvelles idées économiques, qui pour leur part, manquassent-elles d'une nouvelle impulsion morale, pussent sembler inconcevables et, surtout, non-réalisables. Et c'est pourquoi interviennent la possibilité et la nécessité de tenir un dialogue entre l'Église et l'économie.
Parce que les déséquilibres internes entre les différents secteurs de l'économie mondiale ont mis en danger le libre jeu du marché, depuis les années cinquante, des tentatives ont été faites pour établir un équilibre économique à travers des projets de développement. Mais on ne peut plus perdre de vue que ces tentatives, dans leur formes actuelles, ont été un échec, et que le déséquilibre a encore empiré. En conséquence, de grandes parties du tiers monde, qui s'étaient initialement tournées vers ces aides au développement avec de grands espoirs, voient maintenant l'économie de marché comme la cause de leur misère, la considérant comme un système d'exploitation, comme une structure de péché et d'injustice. Elles ont ainsi commencé à considérer une économie centralisée comme une alternative morale attirante vers laquelle elles pourraient se tourner avec une ferveur religieuse virtuelle (...). Car tandis que l'économie de marché repose sur les effets requis de l'égotisme et sa restriction automatique par d'autres égotismes concurrents, on a ici l'idée qu'une direction centralisée juste semble dominer, un système qui vise des droits égaux pour tous et une distribution équitable de tous les biens entre tous. En vérité, des exemples de ceci n'ont pas été encourageants jusqu'à maintenant ; mais l'espoir n'est pas éteint que le concept de moralité pourrait sans doute mener au succès.
Dans ma tentative d'esquisser la constellation d'un dialogue entre l'Église et l'économie, j'ai relevé un autre aspect. Il relève des mots bien connus de Theodore Roosevelt en 1912 : "Je pense que l'assimilation des pays latino-américains par les États-Unis sera longue et difficile tant que ces pays resteront catholiques."Sur la même longueur d'onde, Rockefeller, parlant à Rome en 1969, recommanda que les catholiques là-bas fussent remplacés par d'autres chrétiens. Dans ces deux déclarations, la religion est conçue comme étant un facteur social, et ainsi, économique, qui peut déterminer le développement subséquent des structures politiques et des possibilités économiques. Ceci nous rappelle la théorie de Max Weber sur l'affinité interne entre le capitalisme et le calvinisme, entre la mise en œuvre d'un ordre économique et une idée religieuse déterminante. Ici, il semblerait presque que les idées de Marx leur sont entrées en tête : ce n'est pas l'économie qui produit les idées religieuses, mais les orientations de base de la religion qui déterminent le système économique qui prévaudra. L'idée selon laquelle, seul le protestantisme peut engendrer une économie libre, alors que le catholicisme n'apporte pas la même éducation de liberté et l'auto-discipline requise, mais favorise plutôt des systèmes autoritaires, est certainement largement répandue encore de nos jours.
Une politique économique qui est orientée, non seulement vers le bien être de certains groupes, et en vérité, non seulement vers le bien être d'une nation en particulier, mais vers le bien être commun de la famille humaine, demande le plus haut degré de discipline, et donc, le plus haut degré de force religieuse. La formation d'une volonté politique pour diriger les lois de l'économie à cette fin, semble presque impossible, nonobstant toutes les grandes assurances humanitaires ; ceci ne peut être réalisé que si des forces morales entièrement nouvelles sont libérées à cette fin. Une moralité qui se croit incapable de piétiner la connaissance des experts sur les lois de l'économie n'est pas la vraie moralité ; c'est tout au plus du moralisme, l'opposé de la vraie moralité. Une objectivité qui pense s'en tirer sans génie, fait preuve d'une méconnaissance de la réalité humaine, elle est par conséquent tout sauf objective. Aujourd'hui, nous avons besoin du plus haut degré d'expertise économique, mais nous avons aussi besoin du plus haut degré de génie, de façon à ce que nous puissions mettre cette expertise économique au service de buts justes, et rendre cette connaissance réalisable et socialement faisable.
Espérons qu'avec cette alliance entre moralité et économie, nous pourrons franchir une étape, nous conduisant vers plus de connaissance et une meilleure action, et ainsi finalement à plus de paix, plus de liberté, et plus d'unité dans la famille humaine.
Cardinal Joseph Ratzinger
Par Gilberte Côté-Mercier
Ceux qui connaissent le Crédit Social savent très bien qu'il est la solution de génie qui introduit les lois morales dans l'économique.
D'abord, le Crédit Social enlève au système bancaire voleur actuel ses pouvoirs de continuer à ruiner économiquement tous les hommes et tous les peuples de la terre. C'est la première chose à faire si l'on veut une économie juste, une économie conforme aux lois morales.
Et le Crédit Social garantit à tous et à chacun des citoyens des nations un dividende social périodique leur assurant le nécessaire pour vivre. C'est la distribution du progrès et de l'abondance du 20e siècle à chacun puisque le progrès n'appartient à personne en particulier mais à chacun des hommes de la terre. Voilà encore de la justice, de la morale. Ce dividende viendra en plus des salaires pour ceux qui travaillent.
Et le Crédit Social favorise l'entreprise privée, il la finance sans intérêts pour fournir les produits aux consommateurs. C'est le contraire des entreprises d'État, le contraire du socialisme, du communisme. L'entreprise privée est la méthode qui a fait ses preuves pour une abondance sans limites dans la production. Le Crédit Social débarrasse cette économie de ses cancers bancaires. Le Crédit Social rend l'entreprise privée vraiment libre, et en même temps il fournit l'argent aux consommateurs par le dividende, et par un escompte sur les prix qui fait baisser les prix au rythme de la surproduction.
Le Crédit Social satisfait pleinement les exigences de la justice, de la morale dans l'économique. Le Crédit Social est une solution religieuse en même temps qu'une solution économiquement efficace. Le Crédit Social est catholique aussi bien qu'il est scientifique. C'est le même Créateur qui a donné aux hommes les dix Commandements et qui a créé la science. La morale et l'économique viennent de la même source, le Dieu Créateur.
Gilberte Côté-Mercier
En différentes occasions, l'auteur du Crédit Social, le Major C.H. Douglas, disait que la menace de guerre persisterait aussi longtemps que les politiques financières intérieures des nations les obligeraient à essayer de résoudre leurs problèmes par des campagnes pour encourager l'exportation ; non pas pour obtenir les importations nécessaires, mais pour aider à distribuer suffisamment de pouvoir d'achat pour acheter la production domestique. Les canons venaient à peine de cesser de tonner durant la Première Guerre Mondiale lorsque Douglas prédisait qu'une autre guerre mondiale aurait lieu à moins que les politiques de finance-dette soient modifiées.
Dans le chapitre "Les causes de la guerre", dans son livre "The Monopoly of Credit", Douglas déclare que la "guerre militaire est une intensification de la guerre économique, et elle diffère de l'autre seulement dans la méthode et non dans les principes.
Cela durera aussi longtemps que, premièrement nous accepterons que l'objectif actuel des hommes d'État soit de faire disparaître le chômage industriel, et que, deuxièmement nous accepterons que la conquête des marchés étrangers soit le chemin le plus court pour faire disparaître le chômage, Et nous sommes, en fait, tout près d'accepter cela.