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Les dettes des pays ne sont pas remboursables

le jeudi, 01 mars 2007. Dans Crédit Social

Les banquiers les ont multipliées par les intérêts composés

Que chaque pays s'affranchisse de la dictature bancaire

Et crée sa propre monnaie sans dette et sans intérêt  !

Un système d'argent-dette

L'Ile des naufragés

La façon dont l'argent est créé sous forme de dette par les banques privées est bien expliquée dans la parabole de L'Ile des Naufragés, de Louis Even, dans laquelle, comme dans toute société, le système économique peut être divisé en deux : système producteur et système financier. D'un côté, se trouvent cinq naufragés sur une île, qui produisent les différentes choses nécessaires à la vie ; et de l'autre, un banquier qui leur prête de l'argent. Pour simplifier notre exemple, disons qu'il y a un seul emprunteur au nom de toute la communauté, que nous appellerons Paul.

Paul décide, au nom de la communauté, d'emprunter du banquier un montant suffisant pour faire marcher l'économie sur l'île, disons 100  $, à 6% d'intérêt. À la fin de l'année, Paul doit rembourser l'intérêt de 6% à la banque, soit 6  $. 100  $ moins 6  $ = 94  $, il reste donc 94  $ en circulation sur l'île. Mais la dette de 100  $ demeure. Le prêt de 100  $ est donc renouvelé, et un autre 6  $ doit être payé à la fin de la deuxième année. 94  $ moins 6  $, il reste 88  $ en circulation. Si Paul continue ainsi à payer 6  $ d'intérêt à chaque année, au bout de 17 ans, il ne restera plus d'argent sur l'île. Mais la dette de 100  $ demeurera, et le banquier sera autorisé à saisir toutes les propriétés des habitants de l'île.

La production de l'île avait augmenté, mais pas l'argent. Ce ne sont pas des produits que le banquier exige, mais de l'argent. Les habitants de l'île fabriquaient des produits, mais pas d'argent. Quand bien même les cinq habitants de l'île travailleraient jour et nuit, cela ne fera pas apparaître un sou de plus en circulation. Seul le banquier a le droit de créer l'argent. Il semblerait donc que pour la communauté, il n'est pas sage de payer l'intérêt annuellement.

Reprenons donc notre exemple au début. À la fin de la première année, Paul choisit donc de ne pas payer l'intérêt, mais de l'emprunter de la banque, augmentant ainsi le prêt à 106  $. (C'est ce que nos gouvernements font, puisqu'ils doivent emprunter pour payer seulement l'intérêt sur la  dette.) "Pas de problème, dit le banquier, cela ne représente que 36¢ de plus d'intérêt, c'est une goutte sur le prêt de 106  $  !" La dette à la fin de la deuxième année est donc : 106  $ plus l'intérêt à 6% de 106  $ - 6,36  $ - pour une dette totale de 112,36  $. Au bout de 5 ans, la dette est de 133,82  $, et l'intérêt est de 7,57  $. "Pas si mal, se dit Paul, l'intérêt n'a grossi que de 1,57  $ en 5 ans." Mais quelle sera la situation au bout de 50 ans  ?

La dette augmente relativement peu les premières années, mais augmente ensuite très rapidement. À remarquer, la dette augmente à chaque année, mais le montant original emprunté (argent en circulation) demeure toujours le même : 100  $. En aucun temps la dette ne peut être payée, pas même à la fin de la première année : seulement 100  $ en circulation et une dette de 106  $. Et à la fin de la cinquantième année, tout l'argent en circulation (100  $), n'est même pas suffisant pour payer l'intérêt sur la dette : 104,26  $.

Tout l'argent en circulation est un prêt, et doit retourner à la banque grossi d'un intérêt. Le banquier crée l'argent et le prête, mais il se fait promettre de se faire rapporter tout cet argent, plus d'autre qu'il ne crée pas. Seul le banquier crée l'argent : il crée le capital, mais pas l'intérêt (Dans l'exemple plus haut, il crée 100  $, mais demande 106  $). Le banquier demande de lui rapporter, en plus du capital qu'il a créé, l'intérêt qu'il n'a pas créé, et que personne n'a créé.

La dette publique est faite d'argent qui n'existe pas, qui n'a jamais été mis au monde, mais que le gouvernement s'est tout de même engagé à rembourser. C'est un contrat impossible, que les financiers représentent comme un "contrat saint" à respecter, même si les humains dussent en crever.  

L'intérêt composé

L'augmentation soudaine de la dette après un certain nombre d'années s'explique par l'effet de l'intérêt composé. À la différence de l'intérêt simple, qui est payé seulement sur le capital original emprunté, l'intérêt composé est l'intérêt payé à la fois sur le capital et sur l'intérêt non payé, qui s'additionne au capital.

En mettant sur un graphique la dette cumulative des cinq habitants de l'île, où la ligne horizontale est graduée en années, et la ligne verticale graduée en dollars, et en joignant tous les points obtenus pour chaque année par une ligne, nous obtenons une courbe qui permet de mieux voir l'effet de l'intérêt composé et la croissance de la dette. La pente de la courbe augmente peu durant les premières années, mais s'accentue rapidement après 30 ou 40 ans. Les dettes de tous les pays du monde suivent le même principe et augmentent de la même manière. Étudions par exemple la dette du Canada.

La dette du Canada

Chaque année, le gouvernement canadien établit un budget où il prévoit les dépenses et les recettes pour l'année. Si le gouvernement reçoit plus d'argent qu'il n'en dépense, il y aura un surplus ; s'il en dépense plus qu'il en reçoit, il y aura un déficit. Ainsi, pour l'année financière 1985-86, le gouvernement fédéral a eu des dépenses de 105 milliards  $ et des recettes de 71,2 milliards  $, ce qui donne un déficit de 33,8 milliards  $. La dette fédérale est la somme de tous les déficits budgétaires depuis que le Canada existe (Confédération de 1867).

Ainsi, le déficit pour l'année 1986, 33,8 milliards  $, s'ajoute à la dette de 1985, 190,3 milliards  $, pour une dette totale de 224 milliards  $ en 1986. En janvier 1994, la dette du gouvernement canadien atteignait le cap des 500 milliards  $. (Si le gouvernement canadien a réussi à équilibrer son budget depuis quelques années, c'est parce qu'il a transféré son déficit aux provinces et municipalités, les obligeant à couper dans les soins de santé et autres services essentiels. Cela n'empêche pas la dette totale de continuer d'augmenter inexorablement.)

Lors de la formation du Canada en 1867 (l'union de quatre provinces : Ontario, Québec, Nouveau-Brunswick et Nouvelle-Écosse), la dette du pays était de 93 millions  $. La première grande augmentation est survenue durant la Première Guerre mondiale (1914-1918), où la dette publique du Canada est passée de 483 millions  $ en 1913 à 3 milliards  $ en 1920. La seconde grande hausse est intervenue durant la Deuxième Guerre mondiale (1939-1945), où la dette est passée de 4 milliards  $ en 1942 à 13 milliards  $ en 1947. Ces deux hausses peuvent s'expliquer par le fait que le gouvernement dut emprunter de grandes sommes d'argent pour sa participation à ces deux guerres.

Mais comment expliquer la hausse phénoménale des vingt dernières années, alors que la dette passait de 24 milliards  $ en 1975 à 224 milliards  $ en 1986, puis à 575 milliards  $ en 1996, alors que le Canada était en temps de paix et n'a pas eu à emprunter pour la guerre  ?

C'est l'effet de l'intérêt composé, comme dans l'exemple de l'Ile des Naufragés. Dans cet exemple, le taux d'intérêt demeurait à 6% ; si ce taux augmente, la dette augmentera encore plus rapidement (on se souviendra qu'en 1981, les taux d'intérêts avaient atteint un sommet de 22%).

Il existe une grande différence entre des taux de 6%, 10%, ou 20%, quand on parle d'intérêt composé. Ainsi, si vous empruntez un dollar à intérêt composé, voici ce que vous aurez à payer au bout de 100 ans :

à 1%.............................2,75  $

à 2%...........................19,25  $

à 3%.........................340,00  $

à 10%...................13 809,00  $

à 12%...............1 174 405,00  $

à 18%.............15 145 207,00  $

à 24%...........251 799 494,00  $

À 50%, il n'y aurait pas assez d'argent dans le monde entier pour payer votre emprunt d'un dollar  ! Un autre exemple de l'intérêt composé : un sou (1¢) emprunté à 1% au temps du Christ (1er janvier de l'an 1) aurait donné en 1986 une dette de 3,8 millions $. À 2%, on devrait, non pas le double seulement, mais 314 millions de fois ce montant : 1,2 suivi de 12 zéros (un milliard de millions  !).

Il existe une formule pour savoir dans combien de temps un montant double à intérêt composé, c'est la "Règle de 72" : Vous divisez 72 par le taux d'intérêt choisi, et cela vous donne le nombre d'années. Par exemple, à 10%, ça prend 7,2 ans pour que le montant double (72 divisé par 10).

Tout cela pour démontrer que tout intérêt demandé sur de l'argent créé, même à un taux de 1%, est de l'usure, un vol, une injustice. Dans son rapport de novembre 1993, le vérificateur général du Canada disait que sur la dette nette de 423 milliards  $ accumulée par le gouvernement canadien de 1867 à 1992, seulement 37 milliards  $ avaient été dépensés pour des biens et services, alors que le reste (386 milliards $, ou 91% de la dette) consistait en frais d'intérêt, ce qu'il a coûté au gouvernement pour emprunter ce 37 milliards  $ (c'est comme si le gouvernement avait emprunté ce 37 milliards  $ à un taux de 1043%, et les avait ainsi remboursé plus de dix fois  !).

La dette des États-Unis

 La dette des États-Unis suit la même courbe que celle du Canada, mais avec des nombres dix fois plus gros. Comme c'était le cas pour le Canada, les premières hausses significatives de la dette publique des États-Unis ont eu lieu durant les périodes de guerre : Guerre Civile américaine (1861-65), Première et Deuxième Guerres mondiales. De 1975 à 1986, la dette est passée de 533 milliards  $ à 2073 milliards  $. En date du 5 septembre 2006, cette dette était de 8500 milliards  $ (28 490  $ pour chaque citoyen américain), et continue de croître de façon exponentielle. Pour l'année fiscale 2004, les frais d'intérêt ont été de 321 milliards.)

Et ce n'est que la pointe de l'iceberg : s'il y a les dettes publiques, il existe aussi les dettes privées  ! Le gouvernement fédéral est le plus gros emprunteur au pays, mais il n'est pas le seul : il y a aussi les individus et les compagnies. Aux États-Unis, en 1992, la dette publique était de 4000 milliards  $, et la dette totale de 16 000 milliards, avec une masse monétaire de seulement 950 millions  $. En 2006, la dette totale (États, compagnies et individus) dépassent les 41 000 milliards  !

(Nous continuerons dans les prochains Vers Demain la publication des six autres leçons sur le Crédit Social.)

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