Nos dirigeants parlent du chômage comme d'un drame. Pour moi le chômage n'est pas un problème, c'est un bienfait, c'est un objectif. Un but poursuivi depuis des siècles par nos savants et nos universités.
Développer des machines pour ajouter des bras aux hommes, arriver même à les remplacer pour nous permettre plus de loisirs, c'est un bienfait. L'électronique est infiniment plus précise pour calculer, c'est un plus. Plus de produits avec moins d'efforts et moins de temps, je n'ai rien contre cela, d'ailleurs c'est le but de l'industrie.
On ne peut régler un problème qui n'existe pas. Le problème, c'est de s'entêter à être employé à produire pour avoir droit à la production, alors que la production se passe de plus en plus de nous.
Le progrès, grand facteur de la production moderne, est un héritage accumulé de génération en génération dont nous sommes tous co-propriétaires au même titre. Ce progrès doit nous apporter un dividende à tous dans la mesure où nous allons être déplacés par celui-ci.
Si notre pouvoir d'achat était attaché à la production que nous faisons, pas seulement à l'emploi que nous avons, il n'y aurait pas de problème. Nous ne serions pas obligés d'exporter la moitié de notre production, pour avoir droit de consommer l'autre moitié. Nous pourrions facilement vivre avec nos connaissances et nos immenses richesses naturelles même si les États-Unis n'existaient pas.
Je ne suis pas contre les échanges : une tonne de bananes contre une tonne de pommes, les deux parties y gagnent. Être dans la misère et malade, parce que le dollar prend du mieux cela est complètement ridicule. Il faudra qu'un jour nos économistes établissent un rapport exact entre l'argent dans nos poches et la capacité que nous avons à fournir des biens et des services.
Émile Boutin