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Le chiffre est suprême

Louis Even le samedi, 15 juin 1940. Dans Le Crédit Social enseigné par Louis Even

Au Parlement de Québec. Les Libéraux au pouvoir.

Le trésorier expose l'état financier de la province. L'état financier, remarquez bien.

L'état réel, on le connaît : des fermes dont le flot de production n'est limité que par le degré de solvabilité des consommateurs ; des forêts qui regorgent de richesses ; un sous-sol qui ne demande qu'à être éventré pour céder ses trésors ; six cent mille bras qui s'offrent. La richesse partout, mais la richesse immobilisée, immobilisée parce qu'on refuse de s'en servir.

Mais on est à l'état financier, l'état de la province tel que les financiers le rédigent dans leurs colonnes de chiffres, et ce n'est pas du tout la même chose.

Le trésorier souligne : Sous les trois années du gouvernement de l'Union Nationale, la dette de la province a doublé. Augmentation de deux cent millions.

Et le chef de l'Union Nationale de riposter : Mais on a fait des travaux ! Si la province s'endettait, on travaillait pour autant.

86 lumières au Parlement. Et pas une voix pour aller jusqu'au bout : pour travailler, il faut de l'argent ; pour avoir de l'argent, il faut emprunter ; pour emprunter faut s'endetter ; donc pour développer le pays, il faut augmenter parallèlement sa dette publique... sous le système financier dans lequel vous, M. Godbout, comme votre prédécesseur, vous débattez vaillamment sans oser changer les règlements. Que ne demandez-vous à vos amis d'Ottawa de reviser ces règlements ? Ou que ne faites-vous comme le premier-ministre d'Alberta, qui s'en passe et trouve le moyen d'augmenter l'actif routier et d'autres actifs de sa province sans aller aux fabricants de dettes ?

Pas une voix pour dénoncer le véritable auteur de la dette provinciale, comme le véritable auteur de l'impasse financière de Montréal.

On préfère joindre les mains et demander pieusement des sacrifices aux Canadiens. On diminue de $100,000 la ration mensuelle déjà très maigre des chômeurs de Montréal, plutôt que de manquer de respect à ceux qui tiennent les livres.

Égaliser deux colonnes dans un livre de comptes est bien plus important que la vie des trois millions de Canadiens de la province de Québec. Ne pas équilibrer le budget est un crime impardonnable. Serrer la ceinture des consommateurs de toute une province en face de biens qui s'entassent, pourrissent ou sont supprimés, voilà qui est vertu administrative.

Quel est le professeur de l'Université d'Ottawa qui écrivait que les Créditistes veulent faire de l'homme un être chiffré ? Nous avons toujours cru que le Crédit Social voulait soumettre le chiffre à l'homme, mais nos "produits universitaires" qui remplissent les parlements se piquent d'héroïsme dans la mesure où ils sacrifient l'homme au chiffre.

Louis Even

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