Les directeurs et les commissaires du mouvement créditiste de la province de Québec viennent de terminer leur tournée d'organisation au royaume du Saguenay. Toutes les paroisses, sauf deux, où l'Association Créditiste compte dix membres ou davantage ont été visitées et les associés des campagnes vus individuellement.
Le relevé de la production de 29 paroisses rurales offre un tableau des plus intéressants. Il révèle que les agriculteurs créditistes du Lac Saint-Jean sont capables de nourrir, et bien nourrir, les consommateurs créditistes des trois comtés, du moins en tout ce que le sol et le climat de la région permettent de récolter.
Ce sont les produits "Nouvelle-France" que nous poussons les 700 familles associées des villes ouvrières de la région à demander à leurs marchands associés.
Ces 700 familles ont à leur disposition, moyennant le concours de marchands et de camionneurs associés, une abondance de produits "Nouvelle-France" sur lesquels ils peuvent faire valoir leur crédit de l'Association pour 5 pour cent du prix.
C'est ainsi, par exemple, que nos agriculteurs associés du Lac St-Jean et du district de Chicoutimi ont récolté cette année 15,400 sacs de pommes de terre ; ils ont à vendre, en octobre, novembre et décembre, 1,310 porcs pour la boucherie et un grand nombre de volailles, du poulet à la dinde ; ils offrent aux consommateurs 1,600 douzaines d'œufs par semaine. Qu'on divise ces totaux par 700, et on verra que nos familles associées des villes de la région n'auraient pas besoin de chercher en dehors de l'Association. Les cultivateurs de l'Association élèvent aussi des moutons, mais pas de moutons à deux pieds.
Naturellement, la canalisation des achats et des ventes en vue de cette économie interne n'est pas encore parfaite. Il y a des habitudes à défaire, d'autres à établir, de multiples initiatives à développer. Mais tout cela est commencé, et l'Association ne dort pas.
Des camions chargés chacun de 10 à 12 cordes de bois de chauffage, d'autres de 150 sacs de pommes de terre, etc., portent la production créditiste de St-Félicien, de Métabetchouan et d'ailleurs, aux ouvriers créditistes de Dolbeau, Alma, Kénogarni, Jonquières, Arvida, Chicoutimi, Ste-Anne de Chicoutimi, qui ont le local voulu pour faire leurs approvisionnements d'hiver.
Ce nest rien, comparé au gros transport des trusts et des grossistes collés au flanc des trusts. Mais c'est l'achat chez nous et la production pour nous. C'est la liberté qui se lève, et son souffle soulève. Ce sont les patriotes qui jettent leur défi à la dictature, et leur ardeur entraîne.
En quittant l'Abitibi et le Témiscamingue, nous y avons laissé le commissaire Jean Grenier pour organiser les premières livraisons de produits Nouvelle-France des cultivateurs créditistes de la région aux consommateurs créditistes de la région. Les débuts sont faits et le filet va s'élargir. Nous recevons au Lac St-Jean une lettre de lui, datée du 23 septembre et qui a fait le tour par Sherbrooke. Depuis ce temps-là, il y a certainement eu progrès. Il écrivait de Malartic :
"On m'attend à Rouyn ce soir pour l'assemblée des Voltigeurs qui doivent apporter le relevé des commandes. Lundi, je suis allé à Varsan, pour y trouver 46 sacs de pommes de terre et 13 cordes de bois, livrables samedi prochain à Val d'Or. J'ai trouvé toute la production qu'il fallait. La difficulté porte sur le camionnage, à cause de la bureaucratie gouvernementale ; mais nous en venons à bout.
"Une autre difficulté pour l'Abitibi, c'est que la récolte des patates ne fait que commencer. Pas assez de patates arrachées chez les créditistes pour fournir les commandes créditistes. Tel est le cas pour Malartic : pour samedi 26, commande de 75 sacs... "
Comme on voit, il y a marché Nouvelle-France pour les produits Nouvelle-France.