Quel est donc le créditiste qui a eu la présomption de concevoir un drapeau du Crédit Social ? Quel est ce créditiste, de la direction ou non, qui s'est autorisé lui-même à exprimer sur un drapeau l'idéal des créditistes ?
Voilà la question qu'on pourrait se poser.
En voici la réponse :
Le sujet du drapeau ne pouvait être que le fruit naturel de l'idéal créditiste.
La direction de VERS DEMAIN et de l'Institut d'Action Politique a, il semble bien, la compétence de mener à bonne fin la propagande du Crédit Social. Mais, elle ne se croit pas pour cela tous les talents. Elle sait très bien aussi que son personnel ne possède pas toutes les techniques. Par exemple, les caricatures dans VERS DEMAIN ne sont pas faites par monsieur Even. Monsieur Even demande à un artiste de bien vouloir réaliser en image humoristique telle idée. C'est monsieur Even qui conçoit l'idée. C'est l'artiste qui l'exprime sur le papier.
Il en fut de même du drapeau. Le drapeau devait exprimer l'idéal des créditistes, la vraie démocratie. Or, la démocratie, pensent les créditistes, sera véritable et solide lorsque le peuple sera instruit de ses problèmes. Sur le drapeau, l'instruction est représentée par le livre. Il ne pourrait en être autrement.
Puis, la vraie démocratie, c'est la liberté. Sur le drapeau, la liberté est représentée par la flamme et ses rayons. Encore ici, pouvait-il en être autrement ?
La Direction de VERS DEMAIN accepte donc ces suggestions de l'artiste.
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Alors, il s'agit de déterminer comment seront faits ce livre et cette flamme ? Voilà qui regarde entièrement l'artiste. Il est complètement libre d'exécuter selon sa conception et ses talents.
Puis, il présente son exécution.
Le livre et la flamme posés seulement sur le fond, sans aucun relief. C'est de l'art héraldique, l'art des écussons et des drapeaux, pour représenter des idées et non des paysages ni des faits. Les ombres et les perspectives sont pour les choses concrètes. Les lignes simples, qui approchent le plus de l'immatériel, pour les idées, les abstractions. Voilà les explications que nous donne l'artiste.
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Mais, pas de lettre sur le drapeau, pas de gros VERS DEMAIN ni d'INSTITUT D'ACTION POLITIQUE en évidence. Pourquoi ? Parce que ce drapeau est plus que le drapeau du journal VERS DEMAIN, plus que le drapeau de l'Institut d'Action Politique, il est le drapeau d'un peuple libre. Et puis, parce que l'image qu'on voit sur ce drapeau exprime assez clairement l'idée, pour qu'il ne soit pas nécessaire d'appeler l'alphabet au secours. L'image est moins conventionnelle et plus universelle que le langage. C'est plus simple, donc plus humain et plus parfait.
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Et les couleurs du drapeau ?
Pourquoi donc un livre d'or ? Ce livre est le code du bien commun. Il contient la philosophie sociale, la sagesse. "La sagesse a été de tout temps exprimée par l'or pur", répond l'artiste.
Et cette flamme rouge vermillon ? Pourquoi, rouge vermillon ? Elle ne peut être impétueuse comme les passions, ni violente comme l'enfer. Mais, il faut qu'elle soit brillante et calme comme les étoiles, n'est-ce pas, créditistes, puisqu'elle exprime la liberté qui sort de l'ordre et de la paix.
Et le drapeau lui-même, le fond du drapeau, pourquoi donc est-il blanc ? C'est fade, le blanc, peut-être ! Mais, non, le blanc c'est classique. C'est toujours beau. Ça repose les yeux et l'âme. Et le blanc exprime si bien la politique sans souillure que veulent établir les créditistes ? Notre drapeau, créditistes, pouvait-il être autrement que blanc ?
C'est donc un artiste qui a fait le drapeau. Et l'artiste a, on ne peut mieux, exprimé l'idéal des créditistes.
Gilberte CÔTÉ
I. A. P. couronnés
Membres de l'Institut ayant atteint leur objectif de 24 abonnés
Jos. Tremblay, Ste-Anne de Chicoutimi. J.-A. Thibault, Beauport.
David Maltais, Chicoutimi. L. R. Tétrault, Lac Mégantic.
Alfred Desbiens, Lac Mégantic. Arthur Mercier, Lac Mégantic.
Alphonse Guérin, St-Tite des Caps. Lucien Trottier, Dupuy.
Gérard Crépeau, St-Tite des Caps. Honoré Carrier, Shawinigan.
Jacques Leclerc, Metabetchouan. J.-A. St-Laurent, Ste-Marie de Beauce.
H. Pauzé, Val d'Or. Albert Raymond, Iberville.
Aimé Simard, Chicoutimi. Émile Baril, St-Joseph de Grantham.
L.-P. Larocque, Maniwaki. Eugène Ferland, Asbestos.
Camille Bérubé, La Corne. R. Corbeil, Granby.
Bruno Denis, Rouyn. Charles Couillard, L'Islet.
Armand Gingras, La Pérade. Adélard Bélanger, Sherbrooke.
Philippe Pépin, Sherbrooke. Amédée Désormeaux, Hull.
Wilfrid Morin, St-Frçs-X. de Brompton. Edmond Lévesque, Roquemaure.
Dorile Turgeon, Lac Mégantic. Arthur Thibodeau, Shawinigan.
Paul-Émile St-Hilaire, Québec. Albert Maheu, Québec.
Edgar Gagné, Québec. J.-L. Lefebvre, St-Prosper.
Paul Fortin, Magog Est. David Levasseur, Trois-Rivières.
Georges Giguère, Shawinigan. Georges Paré, St-Gervais de Bellechasse.
J.-A. Bouchard, Québec. Émerild Déry, Montmorency.
Albert Lauzon, Beaucanton. Roger Boucher, Malartic.
Auguste Gaudreault, Ste-Anne de Chic. Alphonse Daigneault, Montréal.
Ferdinand Duchesnault, Asbestos. Charles-Ed, Boivin, Metabetchouan.
Charles Greffard, Québec. François Gavard, Hull.
Entraîneurs couronnés
Entraîneurs ayant conduit trois I.A.P. à leur objectif
Réal Nobert, Grand'Mère. Napoléon Moreau, Ste-Anne de Beaupré.
Lucien Clément, Shawinigan. J.-A. St-Hilaire, Québec.
Josaphat Lapierre, La Sarre. Rolland Roy, Lapierre.
Le 22 juillet, lorsque M. Gérard Mercier alla visiter le noyau de Plessisville, la paroisse tout entière ne comptait que 27 abonnés. Aujourd'hui, après deux mois, il y en a 150. Atteindre l'objectif local, 166, n'est plus qu'une question de jours. Il vient de s'y fonder une équipe de Voltigeurs, placée sous la direction de M. J.-M. Tardif, pour conduire six autres paroisses à leur objectif et à une organisation complète. Avant longtemps, une seconde équipe sera sur pied. Plessisville est devenu un centre de rayonnement.
Dimanche, 2 novembre 1941
Ralliement régional SHAWINIGAN-les-CHUTES
Dimanche, 19 octobre 1941
Vous travaillez par équipes. Votre directeur d'équipe possède les renseignements sur l'I. A. P. et l'abonnement dans le secteur confié à votre équipe. Disons six paroisses.
Votre directeur vous distribue l'ouvrage. Il vous envoie deux à deux. Votre équipe couvre ainsi trois paroisses un dimanche. Le dimanche suivant, elle fera les trois autres. Puis elle reviendra aux trois premières. Puis aux trois autres. Et toujours ainsi.
Évidemment, il ne peut être question pour vous d'offrir éternellement le même discours, au même public, à la porte de l'église. Votre travail doit évoluer avec le développement. C'est heureux, parce que la saison devient froide, et parler sans salle chauffée, sous un ciel d'automne pluvieux, n'est de nature ni à vous donner un gros auditoire, ni à garder une santé dont vous avez besoin pour le Crédit Social.
La plupart des paroisses qui vous sont confiées furent déjà visitées une ou plusieurs fois. Il s'y trouve quelques abonnés, peut-être quelques enrôlés dans l'Institut d'Action Politique.
Puisque vous reviendrez toutes les deux semaines à la même place, faites donc consister votre visite en une assemblée des abonnés — et de leurs amis — après la grand'messe, soit dans une petite salle publique, soit simplement chez l'un des abonnés.
Vous annoncez encore à la porte de l'église que les abonnés à VERS DEMAIN se réunissent à telle ou telle place, et vous invitez les non abonnés qui veulent s'instruire à venir avec eux.
Là, vous êtes en famille. Votre visite est semi-mensuelle comme le journal VERS DEMAIN. Apportez donc avec vous votre journal. Demandez à vos abonnés s'ils ont reçu le leur, s'ils l'ont lu, s'ils l'ont compris, s'ils ont remarqué la caricature, ou tel et tel article, sur lequel vous attirez leur attention parce qu'il vous a frappés vous-mêmes.
Sans faire de discours étudié, vous causez simplement, vous intéressez votre monde, vous écoutez leurs observations. Les non-abonnés sentent en eux-mêmes le désir d'avoir ce journal instructif dans leur maison ; ils ont un peu honte — lorsque vous parlez de la part que chacun doit prendre à la libération de son pays — du peu de part qu'ils y ont prise eux-mêmes. Comme ce sont des amis des abonnés présents, ces derniers seront invités par vous à les abonner eux-mêmes. Au moins les I. A. P. locaux solliciteront les signatures.
Votre visite prendra donc la forme d'une séance d'étude que vous dirigerez vers le recrutement de nouveaux abonnés.
Comment, demanderez-vous, avec le même auditoire ou à peu près, allons-nous réussir à écouler la littérature qui, en instruisant le public, finance notre déplacement pour l'instruire ? Là encore, vous allez vous ingénier. Vous pouvez, par exemple, insister pour que chaque I. A. P. présent, ou même chaque abonné, vous prenne 5 livrets (25 sous) pour vendre à leurs voisins, à des non-abonnés de la paroisse. Ce sera, pour ces I. A. P., une excellente approche : ils iront, au bout de quelques jours, voir les cinq personnes auxquelles ils auront vendu le livret, et ils n'auront plus à entreprendre l'explication du sujet pour leur demander de s'abonner.
Plus tard aussi, à mesure que votre petite communauté créditiste s'instruit, elle voudra en savoir plus long, et quelques-uns vous demanderont l'album de la Première Année de Vers Demain. Progrès continuel.
* * * *
Mais votre visite doit être aussi une visite d'organisation, pas seulement de recrutement d'abonnés. Vous êtes Voltigeur pour aller établir l'Institut dans la paroisse et organiser celle-ci systématiquement, tel qu'expliqué dans le dernier numéro du journal.
L'organisation ne se fera pas du premier coup. Vous procéderez graduellement, à mesure que vous trouverez les éléments voulus.
Dès votre première réunion d'abonnés de la paroisse en question, faites-vous donc donner le nom et la situation géographique de chaque rang de la paroisse. Avec ces renseignements, vous tracez une sorte de carte élémentaire de la place, représentant chaque rang par une ligne, sur laquelle vous inscrivez le nom du rang. C'est une paroisse à vous confiée ; vous l'avez adoptée, il faut bien en faire la connaissance détaillée. Demandez le nombre de familles dans le village, le nombre de familles dans chaque rang. Faites l'appel des abonnés de la paroisse, d'après la liste que nous vous avons fournie ; demandez dans quel rang réside chacun d'eux. Prenez note de tout cela.
À titre d'exemple, nous reproduisons ci-dessous le croquis fait par l'organisateur de la paroisse de Chambord (Lac St-Jean).
Vous avez maintenant en main l'aspect géographique de la paroisse et l'état créditiste de chaque subdivision. Vous pouvez maintenant déterminer combien il faudra d'I. A. P. pour s'occuper du village, combien pour les rangs.
À mesure que vous décidez des abonnés à entrer dans l'Institut, vous leur expliquez qu'ils peuvent prendre leurs abonnements n'importe où et n'importe quand ; mais à chacun vous confiez le soin particulier d'un rang ou d'une partie du village. Quand bien même l'I. A. P. ne demeure pas dans le rang qui lui est confié, il en prendra la responsabilité. (Étudiez le croquis ci-dessous).
Vous expliquez aux I. A. P. ainsi chargés d'une partie de la paroisse de prendre contact le plus tôt possible avec chaque famille de leur juridiction ; de voir à ce que chaque famille ait son Syllabaire du Crédit ; de pousser chaque famille à s'abonner, puis à lire attentivement le journal qu'elle reçoit lorsqu'elle est abonnée.
L'I. A. P. en charge d'un rang invitera particulièrement les familles de ce rang à assister à vos réunions bi-mensuelles d'après grand'messe. Parfois, un I. A. P. pourra s'arranger avec vous pour qu'à la prochaine visite vous teniez votre réunion l'après-midi, dans le rang qui lui est confié, et il fera une grande propagande pour que toutes les familles du rang y viennent écouter une conférence en règle (si vous êtes capable de la donner).
Vous apprendrez vite à discerner, parmi les I. A. P. de la paroisse, les plus dynamiques, les plus meneurs, et même celui qui est le plus capable de stimuler les autres. Demandez-lui de les stimuler d'une quinzaine à l'autre. Mettez-lui entre les mains un double de la carte et de l'état de la paroisse, et tracez-lui une sorte de petit programme de quinze jours, d'après ce qu'il est capable de faire.
Pensez à tout : au magasin général, où les agriculteurs ont coutume d'aller assez fréquemment ; à la beurrerie ou à la fromagerie dont ils sont les "patrons" ; etc. Et tirez parti de tout, suggérez à votre meneur de tirer parti de tout, pour faire monter le Crédit Social dans la paroisse. Peu à peu, ce meneur, après avoir fait ses preuves, deviendra le conducteur reconnu de la paroisse créditisée.
Dans un prochain numéro, nous parlerons plus particulièrement de la fonction du conducteur. Pour le moment, il y a encore très peu de paroisses rendues à ce degré d'organisation. Mais cela peut venir vite si vous, Voltigeurs, y apportez du zèle, de l'observation, de l'initiative et de la constance.
Voltigeurs, vous allez être de moins en moins, sans doute, des conférenciers, de plus en plus des chercheurs d'hommes et des organisateurs. C'est ce qui va permettre de multiplier les Voltigeurs. Il y faut plus de cœur et de réflexion que d'habileté oratoire. Aussi croyons-nous bien qu'avant la fin de l'hiver, c'est une armée, non pas de 100, mais de 200 équipes que nous aurons à l'œuvre — 1,200 Voltigeurs qui sortiront chaque dimanche, pour travailler sans relâche à l'organisation parfaite des 1,200 paroisses de la province.
Tout en donnant le meilleur de lui-même, le Voltigeur n'oublie pas que l'ennemi a l'enfer de son côté, et que le Créditiste, bâtisseur d'ordre, peut sans hésiter solliciter l'appui du Ciel. Aussi, la plupart de nos équipes de Voltigeurs ont pris la bonne habitude de dire un chapelet en commun dans leur auto, en se rendant à leurs destinations respectives. Nous souhaitons que la pratique se généralise. Voltigeurs et Crédit Social y gagneront.
Metabetchouan, c'est synonyme de St-Jérôme, comté du Lac St-Jean. C'est dans cette paroisse que s'est tenu, le dimanche 5 octobre, le ralliement des créditistes de trois comtés provinciaux : Lac St-Jean, Roberval et Chicoutimi — tout le royaume du Saguenay.
À Sherbrooke, à Drummondville, les créditistes étaient convoqués dans des villes populeuses, de plus de 20,000 âmes. Ainsi le seront-ils à Shawinigan, à Hull, à Québec, à Montréal. Mais Metabetchouan et Lac Mégantic auront été des théâtres différents. Lac Mégantic, où ils se rassembleront dimanche prochain, ne compte pas 5,000 âmes, et Metabetchouan n'en a que 2,900.
Pourtant, malgré la pluie qui ne cessa de toute la journée du 5 octobre, la salle du Couvent était trop petite pour contenir les congressistes. Un nombre considérable demeura des heures entières debout, sur le ciment, prêtant la plus grande attention aux rapports, aux explications, aux appels. Le soir, plusieurs automobiles servirent de salle à des gens venus de loin, des haut-parleurs installés à l'extérieur leur permettant de ne pas perdre un seul mot des discours.
Voici pour l'assistance.
Quant au programme, il suivit le type fourni par le Congrès de Sherbrooke, adapté aux circonstances.
Le ralliement s'ouvrait officiellement à deux heures de l'après-midi. Mais on avait envoyé une convocation spéciale aux présumés chefs d'équipes de Voltigeurs des différents centres de la région, pour une réunion privée d'avant-midi.
Fidèles, ponctuels comme ils ont appris à l'être au cours de toute une saison d'ouvrage qui exige de la ponctualité, ils répondirent. À dix heures et demie, M. Even rencontrait donc MM. Delphis Larouche, de Metabetchouan ; J. C. de Launière, de Chambord ; Gédéon Therrien, de St-Félicien ; Laval Monfette et Émile Laporte, de Ste-Anne de Chicoutimi ; Pierre Bouchard, d'Arvida, Jean Nil Jean et Nil Gagnon, de Jonquière. Petite réunion de chefs, point publiée, en marge du ralliement pour ainsi dire, mais à laquelle nous attachons une importance considérable. Ces directeurs d'équipes savent ce qu'ils ont à faire, et ils vont le faire.
Puisque c'est VERS DEMAIN qui bâtit l'opinion créditiste, et l'Institut formé autour de VERS DEMAIN qui organise en vue des réalisations, l'état de la région, au point de vue créditiste, se confond avec l'état de l'abonnement et l'état de l'Institut.
Ce double état fut donné en détail, paroisse par paroisse, au cours de la séance de l'Institut, l'après-midi. En voici un résumé plus global. C'est sur ces données que nous décidons l'orientation de l'action immédiate dans le district.
Nous avons l'habitude d'estimer qu'il faut au moins un cinquième des familles à l'étude régulière dans une paroisse, pour déterminer une force créditiste locale qui s'affirme. En plaçant ainsi au cinquième des familles la première étape de l'objectif, et prenant un chiffre fort comme base, on a :
Comté de Chicoutimi :
Objectif................ 2,658 abonnements.
Actuellement.......... 896 abonnements.
Région du Lac (Lac St-Jean et Roberval) :
Objectif................... 2,505 abonnements
Actuellement.......... 1,034 abonnements
Soit, un tiers de l'objectif dans le premier district et deux-cinquièmes dans le second. Soit environ une famille sur 15 dans le comté de Chicoutimi, et une famille sur 12 dans la région du Lac.
Si l'abonnement est bien parti dans ces deux districts, il y resta tout de même un immense champ d'action pour nos membres de l'Institut : 14 familles sur 15, 11 familles sur 12, respectivement, à toucher, à argumenter, à convaincre, pour avoir toute la population unie pour son bien commun.
Dans le district de Chicoutimi, les deux tiers de la population se trouvent groupés dans les six agglomérations ouvrières de Chicoutimi, Port-Alfred, Bagotville, Arvida, Jonquière et Kénogami ; un tiers seulement dans les paroisses rurales.
Dans la région du Lac, au contraire, un cinquième seulement de la population totale est groupée à St-Joseph d'Alma et à Dolbeau. Les quatre autres cinquièmes sont dans les paroisses rurales et dans la colonisation.
Malgré cette diversité, les deux districts se comportent assez semblablement vis-à-vis de l'abonnement, avec une légère supériorité en faveur de la région du Lac.
Depuis le Congrès de Sherbrooke, en préparation du ralliement régional du Saguenay, l'abonnement a augmenté de 130 dans le comté de Chicoutimi et de 166 dans Lac St-Jean-Roberval.
Dans les deux parties, on constate que la faiblesse est dans l'I. A. P. Les membres de l'Institut enrôlés forment un nombre assez intéressant, mais les actifs sont plutôt rares. Là comme ailleurs, il y a toute une éducation à faire pour apprendre au peuple à travailler lui-même à sa libération, au lieu de l'attendre de ses politiciens.
Après cet état général comparé, quelques remarques sur chacune des deux parties représentées au ralliement de Metabetchouan.
La division de Chicoutimi promet beaucoup. Tous ceux qui ont fait de la propagande créditiste savent que les centres ouvriers sont plus difficiles que les centres agricoles ; mais une fois le mouvement en marche, il s'y développe rapidement. Or le décollage semble fait dans ce comté.
Agglomérations ouvrières :
Bagotville et Port-Alfred sont les deux retardataires ; elles ne sont qu'égratignées : pas le dixième de l'objectif minimum à Port-Alfred ; à peine le septième à Bagotville.
Kénogami est encore faible : un quart de l'objectif, soit une famille sur 20.
Jonquière, un tiers de l'objectif, soit une famille sur 15.
Chicoutimi, même chose, un tiers de l'objectif.
Arvida vient d'atteindre son objectif : une famille sur 5.
Parmi les paroisses rurales, le record va à Ste-Anne de Chicoutimi ; l'objectif habituel y était placé à 116, l'abonnement est rendu à 163. C'est surtout l'œuvre de quelques jeunes bien décidés : Laval Monfette, Émile Laporte, David Jean, et d'autres.
St-Honoré, St-Léon, Laterrière et L'Anse St-Jean font assez bonne figure, mais il y faudrait des I. A. P. actifs pour l'organisation.
Dans les autres paroisses rurales, il reste beaucoup, beaucoup à faire. L'I. A. P. est inexistant ou inactif dans la plupart d'entre elles,
Lac St-Jean et Roberval
Centres ouvriers :
St-Joseph d'Alma approche de la moitié de son objectif, soit actuellement une famille abonnée sur 10. Parmi les 150 abonnés d'Alma, il devrait y avoir assez d'hommes de cœur pour former une, sinon deux équipes de Voltigeurs, pour rayonner dans les paroisses environnantes.
Dolbeau, après des débuts lents, est aux deux tiers de l'objectif, soit deux familles abonnées sur 15. Nous attendons une bonne équipe de Voltigeurs, peut-être deux, sortant du sein des 62 abonnés actuels.
La petite paroisse ouvrière de Desbiens est aux trois quarts de son objectif.
Les paroisses rurales les mieux touchées se classent ainsi :
Metabetchouan, devenu comme Ste-Anne de Chicoutimi, une sorte de capitale créditiste. L'objectif minimum y est le même qu'à Ste-Anne : 116. Or l'abonnement y était rendu, la veille du ralliement, à 151. Le gros travailleur de la place, c'est M. Delphis Larouche. Il a suscité plusieurs bons collaborateurs, dont sept sont couronnés.
Aux deux tiers de l'objectif, soit 1 famille sur 7 : Saint-Félicien, Ste-Croix, Chambord.
À la moitié environ, soit 1 famille sur 10 : Hébertville, Albanel, La Doré, St-André, St-Henri de Taillon, St-Bruno, St-Cœur de Marie.
Au tiers, soit 1 famille sur 15 : Roberval, Mistassini, Ste-Monique, St-Augustin.
Au quart, soit une famille sur 20 : St-Gédéon, St-Prime, Milot.
Six autres paroisses sont au cinquième, une famille sur 25.
On pourrait dire que toutes ces places sont en bonne voie, si l'on y constatait de l'activité de la part des I. A. P. locaux, une organisation en développement. Malheureusement, presque partout, le travail ne s'y fait que de temps en temps, et surtout par la visite d'un conférencier étranger à la paroisse.
La région du Saguenay est une des bonnes pour la propagande jusqu'ici. Mais l'organisation n'y est qu'embryonnaire.
C'est donc à l'organisation créditiste de chaque localité que devra tendre le travail de l'avenir immédiat. D'ici trois mois, on devrait avoir, au moins dans les trente paroisses les plus avancées des deux districts, un corps actif qui voit à son propre épanouissement : des abonnés groupés, par petites juridictions, sous des I. A. P. locaux, ceux-ci recevant l'impulsion d'un conducteur local dynamique.
Qui va faire cela ? Qui va organiser ces paroisses ? Nos Voltigeurs de la région.
Le ralliement de Metabetchouan n'aura produit son plein fruit que s'il fait lever 10 bonnes équipes de six voltigeurs chacune, entreprenant et poursuivant avec ténacité l'organisation des paroisses dans les secteurs qui leur seront confiés.
Le soir du 5 octobre, sept de ces équipes étaient presque complètement formées. Nous avons laissé sur les lieux M. Gérard Mercier, avec mission de visiter successivement Chambord, St-Félicien, Albanel, Dolbeau, Alma, Jonquière, Arvida et Ste-Anne de Chicoutimi, pour voir à la complétion des sept équipes commencées et à la formation des trois autres. En même temps, M. Mercier doit procéder, de concert avec les Voltigeurs et I. A. P. locaux, à l'organisation systématique de ces huit places. Les Voltigeurs auront ainsi sous les yeux, dans leur localité même, l'exemple de l'organisation qu'ils sont chargés de monter graduellement dans la demi-douzaine de paroisses de leur secteur.
Ce rapport un peu détaillé de la journée, et surtout du travail, du 5 octobre, n'intéressera pas seulement les créditistes de la région. Il donnera à tous les lecteurs de VERS DEMAIN une idée de la manière intelligente autant que réaliste dont procède l'Institut d'Action Politique. Tous nos ralliements régionaux ont leur raison d'être dans ce fait : Les résultats précis obtenus doivent déterminer l'action précise à commander pour approcher du but poursuivi.