J'ai eu le bonheur de représenter le mouvement de Vers Demain lors d'une tournée de 10 jours en Pologne, du 4 au 13 mai 1997, et je peux vous dire qu'il s'est passé durant ces 10 jours des choses tout à fait extraordinaires pour l'avancement du Crédit Social dans ce pays, et même au-delà.
Nous avions reçu une invitation officielle de la station catholique « Radio Maria » (en polonais, « Radio Maryja ») de Torun (prononcez « Toroune »), en Pologne, fondée il y a cinq ans par le Père Tadeusz Rydzyk, rédemptoriste. Cette station de radio catholique, qui fonctionne totalement par bénévolat, diffuse ses programmes 24 heures par jour, et compte plus de 8 millions d'auditeurs à travers le monde. Elle peut être entendue non seulement en Pologne et dans tous les pays de l'Est, mais aussi en France, au Canada, et aux États-Unis (par la communauté polonaise de Chicago, par exemple, qui compte plus de 2 millions de personnes).
Ce qui a amené « Radio Maryja » à faire appel à un conférencier de Rougemont sur le Crédit Social est tout à fait providentiel. Il y a quelques mois, notre responsable pour la Pologne, le Dr. Szczesny Górski, de Poznan — une sommité internationale dans le domaine de la médecine nucléaire — prenait la parole à Varsovie lors d'une assemblée publique pour discuter de la situation du chantier naval de Gdansk (le 3e plus gros chantier naval au monde, et lieu de naissance du syndicat Solidarité, en 1981, qui contribuera à la chute du communisme comme parti unique en Pologne et dans les autres pays de l'Est. Ce chantier fut fermé, entraînant la mise à pied de plus de 7,000 travailleurs, sous la pression des compagnies étrangères, qui ne pouvaient faire compétition avec la qualité des navires construits à Gdansk.)
Le Dr. Górski, qui a déjà traduit en polonais plusieurs livres de Douglas sur le Crédit Social, travaille présentement, en collaboration avec les Éditions « Wers » de Poznan, à une nouvelle traduction en polonais du livre de Louis Even, « Sous le Signe de l'Abondance » (d'après l'édition plus complète en anglais faite par Vers Demain en 1996. La première édition en polonais, datant de 1993 et publiée par Mgr Zbigniew Józef Kraszewski, évêque auxiliaire de Varsovie-Prague, est déjà épuisée). Il prévoit aussi lancer un périodique en polonais, portant aussi le nom de « Michael » (tout comme notre journal de langue anglaise), contenant exclusivement des articles de Vers Demain traduits en polonais, pour faire connaître le Crédit Social en Pologne. Malgré son travail d'enseignement aux élèves en médecine, et son travail de recherche au laboratoire de l'hôpital de Poznan, le Dr. Górski est vraiment tout feu tout flamme pour le Crédit Social, et donne tout son temps libre pour la diffusion de cette merveilleuse doctrine.
Mais revenons à cette assemblée à Varsovie, où le Dr. Górski prononça une allocution de quelques minutes, expliquant comment le Crédit Social pourrait venir en aide à la Pologne, et spécialement au chantier naval de Gdansk. Un Père rédemptoriste de Radio Maria de Torun était présent dans la salle, et fut très intéressé par cette allocution du Dr. Górski, et lui demanda s'il était intéressé à venir dire la même chose sur les ondes de Radio Maria à Torun. « Certainement ! » répondit le Dr. Górski.
Et immédiatement après que le Dr. Górski eut terminé son allocution sur les ondes de Radio Maria, le Père Konrad Hejmo, Dominicain polonais et grand ami du Pape, en charge de recevoir les pèlerins polonais de passage à Rome, téléphona de Rome au poste de Radio Maria à Torun pour leur dire que ce que le Dr. Górski venait de dire sur le Crédit Social était très important, et que Radio Maryja devrait l'inviter à parler ainsi du Crédit Social à toutes les semaines ! Et comme de fait, le Dr. Górski a régulièrement accès au poste depuis. Le Père Hejmo a aussi ajouté que le Pape Jean-Paul II a une radio à côté de son lit, qui est syntonisée sur un seul poste : Radio Maria de Torun. (Qui sait, peut-être le Saint-Père a-t-il entendu cette allocution du Dr. Górski, ou même a-t-il entendu les paroles du pèlerin du Canada de passage à Radio Maria ?)
De plus, le Père Rydzyk, qui avait fondé « Radio Maryja » dans l'esprit de Saint Maximilien Kolbe, en vue d'une « nouvelle évangélisation » (faire connaître le message chrétien à une population qui en a été privée par le régime communiste pendant 40 ans, ce qui forcément laisse des traces sur toute une génération), avait compris que diffuser des messes et des chapelets à la radio n'était pas suffisant, et alors il a fondé un « Institut d'Éducation Populaire » pour la Pologne, concernant les domaines sociaux et économiques, et il a chargé le Dr. Górski de donner des conférences à travers la Pologne sur le domaine économique, précisément en expliquant le Crédit Social qui, selon les mots mêmes de Mgr Kraszewski, n'est rien d'autre que l'application de l'enseignement de l'Église dans le domaine social et économique.
Le 2 avril dernier, le gouvernement polonais (contrôlé actuellement par les anciens communistes, qui ont tout simplement changé d'étiquette pour s'appeler « Alliance Démocratique de Gauche »), votait un projet de nouvelle Constitution pour la Pologne, qui devait être accepté ou rejeté par la population polonaise, lors d'un référendum le 25 mai 1997.
Ce nouveau projet de Constitution est clairement d'inspiration communiste et athée (il fut composé par les quatre partis de gauche ; tous les amendements des partis de droite, y compris Solidarité, furent rejetés). L'État pourra enlever les enfants des parents (en établissant un avocat ou « ombudsman » pour les enfants, tout comme la "Protection de la Jeunesse" ou "Children's Aid Society" au Canada, où les enfants peuvent faire condamner et emprisonner leurs parents, si ceux-ci ne cèdent pas à tous leurs caprices.)
Mais ce qui a sauté tout de suite aux yeux du Dr. Górski, c'est que cette Constitution signifiait de fait la fin de toute souveraineté politique, économique et financière pour la Pologne, et sa cession à des intérêts financiers étrangers, au détriment de la population polonaise. Par exemple, l'article 90 prévoit que « le gouvernement polonais peut céder certains de ses pouvoirs à des organismes internationaux ». Voilà qui est tout à fait incroyable dans un texte qui prétend défendre les intérêts de la Pologne. Et aussi l'article 220.2, qui « interdit au gouvernement polonais de se servir de sa banque centrale pour financer son déficit budgétaire. » En d'autres mots, le gouvernement est obligé d'emprunter cet argent des banques commerciales, à intérêt, alors que s'il se servait de sa banque centrale, il pourrait créer cet argent, sans intérêt.
C'est en relation avec cet article 220.2 que je fus invité à parler sur les ondes de Radio Maria à Torun. À la demande du Dr. Górski, j'avais pris soin d'interviewer, deux semaines avant mon départ pour la Pologne, M. Mario Seccareccia, professeur d'économie à l'Université d'Ottawa depuis 1978, et co-auteur en 1992, avec deux autres économistes (John Hotson de l'Université Waterloo, et Harold Chorney, de l'Université Concordia à Montréal), d'une brochure intitulée « C'est la faute au déficit », dans laquelle les trois économistes disent qu'il est parfaitement ridicule pour un gouvernement d'emprunter des banques privées des milliards de dollars qu'il peut lui-même créer sans intérêt et sans dette, au moyen de sa banque centrale. Tant que cette création d'argent par le gouvernement correspond à une création de richesse réelle (augmentation de la production), il n'y a aucun danger d'inflation, selon M. Seccareccia, qui a cité l'exemple de plusieurs pays, dont le Canada, qui ont eu recours à une telle politique (la création d'argent pour financer les développements publics), à des taux d'inflation de pratiquement zéro pour cent. M. Seccareccia a aussi ajouté qu'aucun pays dans le monde a inclus dans sa Constitution une telle restriction (lui interdisant de se servir de sa propre banque centrale, pour céder toute la place aux banques privées).
Durant mon séjour en Pologne, j'ai été reçu les trois premiers jours chez les Pères Pallotins de Poznan, où j'ai fait aussi une allocution sur le Crédit Social à l'église St-Laurent, des Pères Pallotins. Durant toute ma tournée, c'était soit Mme Poray (que nos créditistes du Canada connaissent bien), ou son neveu le Dr. Górski qui me traduisaient en polonais. Le mercredi, nous nous sommes rendus à Varsovie, pour une allocution devant environ 200 personnes et une dizaine de journalistes à la salle Jean-Paul II de la grande galerie Porczynskich, qui était retransmise en direct sur les ondes de Radio Maria. Une demi-heure était prévue pour la conférence, et une autre demi-heure pour les questions, alors je me suis surtout limité dans ma conférence sur la création de l'argent (sur le fait que les banques ne prêtent pas l'argent de leurs déposants, mais qu'elles créent de l'argent nouveau chaque fois qu'elles accordent un prêt). Mais (à ma grande surprise, mais aussi grande satisfaction) j'avais affaire à des gens qui avaient déjà entendu parler le Dr. Górski à la radio, puisque la première question qui me fut posée fut : « Parlez-nous donc du dividende ! » Pour un créditiste, rien de plus plaisant que de répondre à des questions semblables !
Durant notre séjour à Varsovie, nous avons aussi prié sur les tombes de deux grands patriotes polonais, le Père Jerzy Popielusko, aumônier de Solidarité qui fut martyrisé par les communistes en 1984 (et dont le procès de béatification vient de débuter), et le Cardinal Stefan Wyszynski, Primat de Pologne, le père spirituel de Jean-Paul II.
Du jeudi jusqu'au mardi suivant, je suis resté à Torun au poste de Radio Maria, où j'ai parlé plusieurs fois par jour sur le Crédit Social les jeudi et samedi soirs, j'ai même parlé sur les ondes de 9 heures du soir à 3 heures du matin ! Nos amis polonais de Toronto m'avaient averti avant mon départ qu'ils pouvaient capter Radio Maria de Torun à 8 heures du soir, heure de Toronto, au Canada, ce qui correspondait à 2 heures du matin, heure de Torún, en Pologne. Ce qui voulait dire, en d'autres mots, que si je voulais que nos amis polonais de Toronto m'entendent, je devais parler au moins jusqu'à deux heures et demie du matin ! (L'heure précédente, c'était nos amis de Chicago qui se joignaient à nous.) Passé minuit, le Père rédemptoriste qui animait le programme me demanda : « Vous sentez-vous bon pour continuer ? » Je ne voulais pas manquer ma chance de me faire entendre par les gens de Toronto et de Chicago, alors j'ai répondu : « Je n'ai pas traversé l'océan pour venir me reposer en Pologne ; je me reposerai au Canada ! »
Le Père Rydzyk, fondateur de Radio Maryja, se trouvait à Chicago lors de mon passage à Torun, et il téléphona immédiatement de Chicago au poste de Torun lorsque mon allocution pour les gens de Chicago fut terminée, et il dit (ce qui était transmis en direct sur les ondes) : « Nous avons bien fait d'inviter M. Pilote du Canada, c'est très important ce qu'il a dit, et il faut que vous le fassiez parler encore souvent ! ».
Ce qui était bien fantastique aussi, c'est que tous les gens qui ont appelé étaient en faveur de ce que nous disions, et parlaient dans notre sens. Je devais me fier à Mme Poray et au Dr. Górski pour la traduction de mes paroles en polonais, et je n'ai pas été déçu : ils ont fait un travail tout à fait remarquable. Mme Poray, qui parle couramment six langues (le polonais étant sa langue maternelle), prenait même de plus en plus de feu pour le Crédit Social après chaque allocution. Elle a déjà elle-même fait plusieurs fois la Croisade du Rosaire de porte en porte avec nos pèlerines du Canada, et elle s'est empressée d'expliquer aux gens de Radio Maria comment notre Mouvement fonctionnait, ainsi que la Croisade du Rosaire, et les gens là-bas en étaient tout simplement émerveillés.
Le dimanche avant mon départ, j'ai parlé à l'église Saint-Joseph de Torun, sous la responsabilité des Rédemptoristes, et l'église était pleine, car on avait annoncé à l'avance la venue d'un grand conférencier du Canada... (moi-même !) Lorsque fut venu le temps du sermon, le curé dit : « Je ne vous ferai pas de sermon aujourd'hui, c'est notre invité du Canada qui va le faire ! » Alors, après la Messe, ce fut un sermon... sur la création de l'argent et le Crédit Social, ce qui pourrait être fait en Pologne sous un régime créditiste ! À la fin de mon « sermon », le chef de l'Action catholique de Torun est arrivé avec deux grands bouquets de fleurs, un pour Mme Poray, et l'autre pour moi, et il ne finissait pas de nous remercier pour avoir fait connaître aux gens de Torun des choses si importantes « qui leur avaient été tenues cachées » (la création de l'argent par les banques d'un trait de plume). Le curé de la paroisse m'a remis un livre souvenir de la cité de Torun, avec la dédicace suivante : « Je prie Dieu d'appliquer en Pologne ce que vous nous avez expliqué », et il s'exclama en français : « C'est magnifique ! »
Cette œuvre de Radio Maria en Pologne est semblable en plusieurs points à celle de Vers Demain au Canada, les deux étant basées sur le bénévolat, sur une grande dévotion à la Sainte Vierge. Avec le Père Rydzyk qui s'est engagé tout récemment dans la diffusion du Crédit Social, on peut espérer une plus grande collaboration entre ces deux mouvements dans l'avenir. N'est-t-il pas providentiel que le Pape Jean-Paul II ait donné en cadeau à Radio Maria de Torun, il y a quelques années, une statue de saint Michel archange ? Le Père Rydzyk désire beaucoup venir nous rencontrer à Rougemont, et concernant cette collaboration, il dit : « Tout ce qui est bon doit être fait. » Nous projetons donc de faire venir le Dr. Górski et le Père Rydzyk à notre grand Congrès annuel des 30, 31 août et 1er septembre prochains.
Un grand merci au bon Dieu, à la Vierge Marie, pour cette magnifique tournée en Pologne qui a dépassé toutes mes espérances, et qui permet d'espérer de très grandes choses pour l'avenir. Et je réalise très bien que ce succès est dû, en très grande partie, à tous les sacrifices des Pèlerins de saint Michel, que le Bon Dieu veut récompenser par des encouragements comme ce qui se passe actuellement en Pologne. Vivent Jésus et Marie, vivent Vers Demain et le beau Crédit Social !