Les biens existent-ils? Existent-ils en quantité suffisante pour satisfaire tous les besoins premiers des consommateurs?
Manque-t-il quelque chose dans notre pays pour satisfaire les besoins temporels des citoyens? Manque-t-il de la nourriture pour que tout le monde mange à sa faim? Manque-t-il des chaussures? des vêtements? Ne peut-on pas en faire autant qu’il en faut? Manque-t-il des chemins de fer et d’autres moyens de transport? Manque-t-il du bois ou de la pierre pour construire de bonnes maisons pour toutes les familles? Sont-ce les constructeurs, les fabricants et autres ouvriers qui manquent? Sont-ce les machines qui manquent?
Mais on a de tout cela, et de reste. Les magasins ne se plaignent jamais de ne pas trouver ce qu’il faut pour mettre en vente. Les élévateurs sont pleins à craquer. Les hommes valides qui attendent du travail sont nombreux. Nombreuses aussi les machines arrêtées.
Pourtant, que de monde souffre! Les choses n’entrent pas dans les maisons.
A quoi sert de dire aux hommes et aux femmes que leur pays est riche, qu’il exporte beaucoup de produits, qu’il est le troisième ou quatrième pays au monde pour l’exportation?
Ce qui sort du pays n’entre pas dans les maisons des citoyens. Ce qui reste dans les magasins ne vient pas sur leur table.
La femme ne nourrit pas ses enfants, ne les chausse pas, ne les habille pas, en contemplant les vitrines, en lisant les annonces de produits dans les journaux, en entendant la description de beaux produits à la radio, en écoutant les boniments des innombrables agents de vente de toutes sortes.
Des entrepôts pleins, une calamité pour les producteurs, des millions d'êtres humains crèvent de faim devant ces entrepôts pleins |
C’est le droit d’avoir ces produits qui manque. On ne peut pas les voler. Pour les obtenir, il faut payer, il faut avoir de l’argent.
Il y a beaucoup de bonnes choses au pays, mais le droit à ces choses, la permission de les obtenir manque à bien des personnes et des familles qui en ont besoin.
Manque-t-il autre chose que l’argent? Qu’est-ce qui manque, à part du pouvoir d’achat pour faire les produits passer des magasins aux maisons?
L’humanité a passé par des périodes de disette; des famines couvraient de grands pays et l’on manquait des moyens de transport appropriés pour amener vers ces pays les richesses d’autres sections de la planète.
Ce n’est plus le cas aujourd’hui. L’abondance nous déborde. C’est elle — non plus la rareté — qui crée le problème.
Il n’est nullement besoin d’entrer dans les détails pour démontrer ce fait. Nullement besoin de citer les cas de destruction volontaire, sur grande échelle, pour «assainir les marchés» en faisant disparaître les stocks. Ne donnons ici que quelques exemples :
Le quotidien «La Presse» de Montréal du 7 juin 1986 rapportait le cas des patates du Nouveau-Brunswick: «Le mois dernier... le gouvernement fédéral décidait de jeter près de 100 000 tonnes de pommes de terre, après en avoir envoyé 2 500 tonnes déshydratées dans deux pays africains.
«La mobilisation générale de fermiers du Nouveau-Brunswick, de compagnies de transport et de bénévoles a permis d’en sauver près de 180 000 kilos qui ont pris le chemin des soupes populaires et des petits centres d’hébergement du Nouveau-Brunswick, de Toronto, d’Ottawa, de Montréal. Mais 90 000 tonnes, l’équivalent d’un sac de 10 livres (4,5 kg) de patates pour chaque Canadien, se sont retrouvées dans les poubelles... La même semaine que l’opération des patates avait lieu, 6 000 barils de 200 livres (90 kg) de harengs étaient rejetés dans la rivière Miramichi au Nouveau-Brunswick.»
L’abondance ne se limite pas au Canada, c’est le cas de l’Europe aussi, tel que rapporté dans les journaux en octobre 1986, sous le titre «Les affamés du monde pas consultés»:
«L’outrage public a explosé au sujet du projet de la Communauté Économique Européenne (CEE) de brûler ou jeter dans l’océan l’énorme surplus de montagnes de beurre, de lait en poudre, de bœuf et de blé s’accumulant parmi les nations de la CEE. Un rapport des quartiers généraux de la CEE à Bruxelles par la Commission européenne recommande la destruction de la nourriture qui est en train de pourrir, et très coûteuse à entreposer. On dit qu’une économie de 300 millions $ U.S. est possible si les produits laitiers seulement étaient détruits. La CEE pratique déjà périodiquement des déversements de nourriture à la mer. L’année dernière, elle a déversé dans l’océan plusieurs centaines de tonnes de blé qui se détérioraient. Il est proposé d’éliminer la moitié des surplus actuels. On croit que cela signifierait brûler 750 000 tonnes de beurre et 500 000 tonnes de lait en poudre. Les quotas sur le lait n’ont pas réussi à assécher le lac de lait de la CEE.»
Pourquoi tout ce gaspillage? Pourquoi les produits ne joignent-ils pas les besoins? C’est parce que les gens n’ont pas d’argent. L’argent est important dans le monde actuel non pas parce qu’il est la richesse, mais parce que la richesse n’est pas distribuée sans argent. La richesse, les biens utiles, vous rient au nez et vous crevez de faim devant des greniers pleins à craquer, si vous n’avez pas d’argent. Pas d’argent, pas de produits: l’homme mourra de faim, et les produits seront jetés.
Regardez la caricature ci-haut: Un magasin rempli de bonnes choses. L’abondance. En face du magasin un homme affamé. La privation. Les bonnes choses sont faites pour être consommées. Le marchand les étale pour les vendre. Le consommateur voudrait les acheter. Mais, la permission de les acheter lui manque. Il n’a pas d’argent. Résultat: les bonnes choses ne seront pas consommées, mais pourriront à l’étalage. Pourtant, tout le monde serait content s’il en était autrement. Le marchand serait content de vendre. Le consommateur serait content d’acheter. Pourquoi donc une chose qui ferait le bonheur de tous ne se réalise-t-elle pas chez les hommes?
Regardons plutôt les singes. Ils voient l’abondance dans les arbres. Ils ont besoin de ces choses pour vivre. Ils s’en servent tout simplement.
Et pourtant les singes n’ont jamais élaboré, dans leurs universités, de savants systèmes économiques. Dans leurs têtes de singes, ils n’ont jamais raisonné sur la loi de l’offre et de la demande, ni sur la différence entre le communisme et le néo-libéralisme. Ils se sont vus en face de bonnes choses pour eux, et ont trouvé la raison suffisante pour ne pas crever de faim.
Mais un singe, est un singe, et un homme est un homme. Le premier n’a pas d’esprit. Le second peut abuser de l’esprit qu’il a. Le singe se dirige par son instinct, qui ne le trompe pas. L’homme se dirige par son esprit, souvent désaxé par l’orgueil. Alors, l’homme ergote, fait de la dialectique, mais oublie le raisonnement pur et simple basé sur le bon sens.
Certes, cette grande sottise de multitudes affamées, au milieu de l’abondance de richesses, est causée par la cupidité de ceux qui établissent le pouvoir sur l’esclavage des masses. Mais, on peut dire aussi que cette sottise est défendue et maintenue en place par des soi-disant savants en économie qui conduisent les esprits aux conclusions les plus bêtes en ayant l’air de raisonner avec science et sagesse.
Toute cette situation absurde peut se résumer sous forme d’histoire, mais qui porte une conclusion très sérieuse: Un groupe de singes dans la jungle discutaient entre eux pour savoir si les hommes étaient plus intelligents que les singes. Certains disaient que oui, d’autres non. L’un des singes s’écria: «Pour en avoir le cœur net, je vais aller faire un tour en ville chez les humains, et voir s’ils sont vraiment plus intelligents que nous.» Tous les singes acceptèrent sa proposition. Alors le singe se rendit en ville, et vit un homme sans le sou crever de faim devant un magasin rempli de bananes. Le singe retourna dans la jungle, et dit aux autres singes: «Ne vous inquiétez pas, les hommes ne sont pas plus intelligents que nous; ils crèvent de faim devant des bananes qui pourrissent sur les tablettes, par manque d’argent.»
Conclusion: de grâce, soyons plus intelligents que les singes, et concevons un système d’argent qui nous permettra de manger les bananes et tous les autres produits qui sont donnés en abondance par Dieu à tous ses enfants de la terre. Un tel système d’argent existe, c’est le Crédit Social.
Nous venons de voir que ce qui manque, ce ne sont pas les produits, mais l’argent. Cela ne veut pas dire que c’est l’argent qui est la richesse. L’argent n’est pas le bien terrestre capable de satisfaire le besoin temporel.
On ne se nourrit pas en mangeant de l’argent. Pour s’habiller, on ne coud pas ensemble des dollars pour s’en faire une robe ou des bas. On ne se repose pas en s’étendant sur de l’argent. On ne se guérit pas en plaçant de l’argent sur le siège du mal. On ne s’instruit pas en se couronnant la tête d’argent.
L’argent n’est pas la richesse. La richesse, ce sont les choses utiles qui correspondent à des besoins humains.
Le pain, la viande, le poisson, le coton, le bois, le charbon, une auto sur une bonne route, la visite d’un médecin au malade, la science du professeur — voilà des richesses.
Mais, dans notre monde moderne, chaque personne ne fait pas toutes les choses. Il faut acheter les uns des autres. L’argent est le signe qu’on reçoit en échange d’une chose qu’on vend; c’est le signe qu’il faut passer en échange d’une chose qu’on veut avoir d’un autre.
La richesse est la chose; l’argent est le signe. Le signe doit aller d’après la chose.
S’il y a beaucoup de choses à vendre dans un pays, il y faut beaucoup d’argent pour en disposer. Plus il y a de monde et de choses, plus il faut d’argent en circulation, ou bien tout arrête.
C’est cet équilibre-là qui fait défaut aujourd’hui. Les choses, on en a à peu près autant qu’on veut en faire, grâce à la science appliquée, aux découvertes, aux machines perfectionnées. On a même un tas de monde à ne rien faire, ce qui représente des choses possibles. On a un tas d’occupations inutiles, nuisibles même. On a des activités employées à la destruction.
Pourquoi l’argent, établi pour écouler les produits, ne se trouve-t-il pas dans les mains du monde en rapport avec les produits?
Tout a un commencement, excepté Dieu. L’argent n’est pas le bon Dieu, il a donc un commencement. L’argent commence quelque part. On sait où commencent les choses utiles, la nourriture, les habits, les chaussures, les livres. Les travailleurs, les machines, plus les ressources naturelles du pays, font naître la richesse, les biens dont nous avons besoin et qui ne manquent pas.
Mais où commence l’argent, l’argent qui nous manque pour avoir les biens qui ne manquent pas?
La première idée qu’on entretient, sans trop s’en rendre compte, c’est qu’il y a une quantité stable d’argent, et qu’on ne peut pas changer ça: comme si c’était le soleil ou la pluie, ou la température. Idée fausse: s’il y a de l’argent, c’est qu’il est fait quelque part. S’il n’y en a pas plus, c’est que ceux qui le font n’en font pas plus.
Deuxième idée: quand on se pose la question, on pense que c’est le gouvernement qui fait l’argent. C’est encore faux. Le gouvernement aujourd’hui ne fait pas d’argent et se plaint continuellement de n’en avoir pas. S’il en faisait, il ne se croiserait pas les bras dix ans en face du manque d’argent. (Et le Canada n’aurait pas une dette de 500 milliards de dollars.) Le gouvernement taxe et emprunte, mais ne fait pas l’argent.
Nous allons expliquer où commence et où finit l’argent. Ceux qui tiennent le contrôle de la naissance et le contrôle de la mort de l’argent règlent son volume. S’ils en font beaucoup et en détruisent peu, il y en a davantage. Si la destruction va plus vite que la fabrication, sa quantité diminue.
Notre niveau de vie, dans un pays où l’argent manque, est réglé non pas par les choses, mais par l’argent dont on dispose pour acheter les choses. Ceux qui règlent le niveau de l’argent règlent donc notre niveau de vie.
«Ceux qui contrôlent l’argent et le crédit sont devenus les maîtres de nos vies... sans leur permission nul ne peut plus respirer.» (Pie XI, encyclique Quadragesimo anno).
L’argent, c’est tout ce qui sert à payer, à acheter; ce qui est accepté par tout le monde dans un pays en échange de choses ou de services. La matière dont l’argent est fait n’a pas d’importance. L’argent a déjà été des coquillages, du cuir, du bois, du fer, de l’argent blanc, de l’or, du cuivre, du papier, etc.
Exemples d'argent dans le passéLes cauris comptent parmi les premières formes de monnaie. Ces coquillages déjà utilisés par les Chinois comme monnaie d’échange il y a plus de 3,500 ans, et dans certaines régions du monde, remplissaient toujours ce rôle au début du XXe siècle. Ces coquillages ont été acceptés comme monnaie par de nombreux peuples d’Asie, d’Europe, d’Afrique et des Îles du Pacifique, et ce, à diverses époques. Passant de main à main, ils ont parcouru des distances considérables, mais ils avaient moins de valeur près des côtes que dans les terres. Les cauris étaient si importants pour les Chinois que la forme de l’idéogramme signifiant «acheter» en est directement inspirée. Les cauris sont pratiques comme monnaie parce qu’ils sont faciles à apporter et à compter, durent longtemps et sont presque impossible à contrefaire. La monnaie de carte fut utilisée en Nouvelle-France, territoire correspondant à l’actuel Québec et à l’est du Canada, de 1685 à 1719. C’est l’intendant Jacques de Meules qui dirigeait alors la colonie. En 1685, l’or et l’argent lui manquant pour payer ses employés, des soldats pour la plupart, il fit preuve de créativité en inscrivant des «promesses de paiement» au verso de carte à jouer, qu’il signa. Il ordonna ensuite à tous les habitants de la Nouvelle-France d’accepter ces cartes en guise de paiement. Le sel a été utilisé comme monnaie d’échange en Abyssinie, qui est maintenant l’Ethiopie, jusque dans les années 1920. Dans les régions où il était rare, sa valeur atteignait des sommets, et le sel pouvait valoir littéralement son pesant d’or. Comme les êtres humains ont besoin de sel pour rester en bonne santé, les Romains versaient à leurs soldats un «salarium», qui correspondait à la portion de leur paye destinée à acheter du sel. Le terme «salaire» vient du latin «salarium». C’est de là que vient le mot français «salaire», qui correspond aujourd’hui à la paye qu’on reçoit régulièrement en échange du travail fourni. Les briques de thé ont été utilisées dans les années 1950 dans les campagnes de Chine, Mongolie et du Tibet. Elles étaient faites de feuilles de thé mélangées avec une substance grasse et compressée dans un moule pour former une brique standard. Au XIXe siècle, les autorités chinoises s’en servirent pour payer les soldats mongols à leur solde. Si les briques de thé étaient employées pour effectuer des paiements, elles pouvaient aussi servir à la préparation du thé. Le thé étant une boisson très prisée dans la plupart des pays d’Asie, les briques de th ont connu une longue popularité comme monnaie d’échange. Le prix d’un chameau, dans les années 1870, était de 120 à 150 briques de thé; un mouton coûtait de 12 à 15 briques de thé; et une pipe, de 2 à 5 briques. Ces billets furent utilisés dans la Chine impériale (l’actuelle Chine orientale) à l’époque de la dynastie Ming, soit de 1368 à 1450. Les Chinois ont inventé le papier en l’an 200 après Jésus-Christ. Ils furent aussi les premiers, il y a plus de mille ans, à utiliser la monnaie de papier, qu’ils appelaient «fei’chi’ien», c’est-à-dire «monnaie volante», compte tenu de la facilité avec laquelle elle se transportait. Les 1000 wen que représentaient le billet d’un kwan pesaient en réalité 3,5 kg. Il était beaucoup plus simple de conserver les pièces de monnaie en un endroit sûr et d’utiliser un morceau de papier imprimé correspondant à leur valeur simple. source: Musée de la Banque du Canada |
Actuellement, on a deux sortes d’argent au Canada: de l’argent de poche, fait en métal et en papier; de l’argent de livre, fait en chiffres. L’argent de poche est le moins important; l’argent de livre est le plus important (plus de 95%).
L’argent de livre, c’est le compte de banque. Toutes les affaires marchent par des comptes de banque. L’argent de poche circule ou s’arrête selon la marche des affaires. Mais les affaires ne dépendent pas de l’argent de poche; elles sont activées par les comptes de banque des hommes d’affaires.
Avec un compte de banque, on paie et on achète sans se servir d’argent de métal ou de papier. On achète avec des chiffres.
J’ai un compte de banque de 40 000 $. J’achète une auto de 10 000 $. Je paie par un chèque. Le marchand endosse et dépose le chèque à sa banque.
Le banquier touche deux comptes: d’abord celui du marchand, qu’il augmente de 10 000 $; puis le mien, qu’il diminue de 10 000 $. Le marchand avait 500 000 $; il a maintenant 510 000 $ écrit dans son compte de banque. Moi, j’avais 40 000 $, il y a maintenant 30 000 $ écrit dans mon compte de banque.
L’argent de papier n’a pas bougé pour cela dans le pays. J’ai passé des chiffres au marchand. J’ai payé avec des chiffres. Plus des neuf dixièmes des affaires se règlent comme cela. C’est l’argent de chiffres qui est l’argent moderne; c’est le plus abondant, dix fois autant que l’autre; le plus noble, celui qui donne des ailes à l’autre; le plus sûr, celui que personne ne peut voler.
L’argent de chiffres, comme l’autre, a un commencement. Puisque l’argent de chiffres est un compte de banque, il commence lorsqu’un compte de banque commence sans que l’argent diminue nulle part, ni dans un autre compte de banque ni dans aucune poche.
On fait, ou on grossit, un compte de banque de deux manières: l’épargne et l’emprunt. II y a d’autres sous-manières, elles peuvent se classer sous l’emprunt.
Le compte d’épargne est une transformation d’argent. Je porte de l’argent de poche au banquier; il augmente mon compte d’autant. Je n’ai plus l’argent de poche, j’ai de l’argent de chiffres à ma disposition. Je puis ré-obtenir de l’argent de poche, mais en diminuant mon argent de chiffres d’autant. Simple transformation.
Mais nous cherchons ici à savoir où commence l’argent. Le compte d’épargne, simple transformation, ne nous intéresse donc pas pour le moment.
Le compte d’emprunt est le compte avancé par le banquier à un emprunteur. Je suis un homme d’affaires. Je veux établir une manufacture nouvelle. Il ne me manque que de l’argent. Je vais à une banque et j’emprunte 100 000 $ sur garantie. Le banquier me fait signer les garanties, la promesse de rembourser avec intérêt. Puis il me prête 100 000 $.
Va-t-il me passer 100 000 $ en papier? Je ne veux pas. Trop dangereux d’abord. Puis je suis un homme d’affaires qui achète en bien des places différentes et éloignées, au moyen de chèques. C’est un compte de banque de 100 000 $ que je veux et qui fera mieux mon affaire.
Le banquier va donc m’avancer un compte de 100 000 $. Il va placer dans mon compte 100 000 $, comme si je les avais apportés à la banque. Mais je ne les ai pas apportés, je suis venu les chercher.
Est-ce un compte d’épargne, fait par moi? Non, c’est un compte d’emprunt bâti par le banquier lui-même, pour moi.
Ce compte de 100 000 $ n’est pas fait par moi, mais par le banquier. Comment l’a-t-il fait? L’argent de la banque a-t-il diminué lorsque le banquier m’a prêté 100 000 $ ? Questionnons le banquier:
— Monsieur le banquier, avez-vous moins d’argent dans votre tiroir après m’avoir prêté 100 000 $?
— Mon tiroir n’est pas touché.
— Les comptes des autres ont-ils diminué?
— Ils sont exactement les mêmes.
— Qu’est-ce qui a diminué dans la banque?
— Rien n’a diminué.
— Pourtant mon compte de banque a augmenté. D’où vient cet argent que vous me prêtez?
— Il vient de nulle part.
— Où était-il quand je suis entré à la banque?
— Il n’existait pas.
— Et maintenant qu’il est dans mon compte, il existe. Alors, il vient de venir au monde?
— Certainement.
— Qui l’a mis au monde, et comment?
— C’est moi, avec ma plume et une goutte d’encre, lorsque j’ai écrit 100 000 $ à votre crédit, à votre demande.
— Alors, vous faites l’argent?
— La banque fait l’argent de chiffres, l’argent moderne, qui fait marcher l’autre en faisant marcher les affaires. Le banquier fabrique l’argent, l’argent de chiffres, lorsqu’il prête des comptes aux emprunteurs, particuliers ou gouvernements. Lorsque je sors de la banque, il y a dans le pays une nouvelle base à chèques qui n’y était pas auparavant. Le total des comptes de banque du pays y est augmenté de 100 000 $. Avec cet argent nouveau, je paie des ouvriers, du matériel, des machines, j’érige ma manufacture. Qui donc fait l’argent nouveau? — Le banquier.
Après la lecture de cette leçon, le lecteur devrait être capable de répondre aux questions suivantes:
1. Pourquoi des gens manquent-ils de produits ou ne mangent-ils pas à leur faim? Les magasins sont-ils vides? Expliquez.
2. Donnez des exemples de destructions de produits. Pourquoi ces produits sont-ils détruits?
3. Dans quel exemple les singes semblaient plus intelligents que l’homme? Expliquez.
4. Actuellement, quelles sont les deux sortes d’argent dans notre pays?
5. L’argent n’a pas toujours consisté en papier-monnaie. Donnez des exemples d’argent dans le passé.
6. Le banquier prête-t-il l’argent de ses déposants? Expliquez.