Nouvelle parue dans les journaux récemment : "Vingt mines d'or sont fermées dans l'Ontario depuis le début de la guerre, et de ce fait 20,000 hommes sont versés dans l'industrie de guerre."
Aujourd'hui, 28 septembre, un communiqué de la B. U. P. se lit ainsi : "Des centaines de mineurs vont changer d'emploi. Le gouvernement déclare pour la première fois, officiellement, que la production de l'or doit être ralentie dans l'intérêt d'une production accrue des matériaux de base. La production canadienne de l'or n'est pas considérée comme essentielle pour financer la guerre des Nations-Unies."'
L'or n'est pas essentiel, pas même pour financer. L'or n'est pas un matériel de base, pas même pour la monnaie, pour l'argent.
On admet donc cela officiellement, et les journaux le répètent sans broncher. Je ne parle pas de VERS DEMAIN : il y a longtemps que le journal des créditistes proclame la vérité. Mais voilà que même la grande presse vient nous dire que l'or n'est pas essentiel, qu'on n'en a pas besoin pour financer une entreprise aussi dispendieuse que la guerre.
Fort bien. Mais pourquoi nous a-t-on tenu un autre langage hier ? Qu'on nous explique ceci :
Pendant dix ans, on extrait tout l'or possible, à pleine capacité. Le rendement est plus fort que jamais. Et cependant, pendant ces dix ans, l'argent est devenu si rare que le monde vit la crise la plus terrible de l'histoire. Pas d'argent, pour acheter. C'est l'arrêt de l'industrie, le chômage, la CRISE en grosses lettres, contre laquelle les pays civilisés se déclarent aussi impuissants que contre un tremblement de terre.
Et arrive la guerre. On ferme des mines d'or, on ralentit celles qui marchent encore. On n'extrait plus d'or, et cependant la prospérité est revenue, l'argent circule, le monde travaille à plein. On trouve l'argent (je me demande où) autant qu'il en faut pour financer la guerre, et cela signifie pour notre Canada des millions par jour. Moins de mines d'or, et beaucoup plus d'argent en circulation.
Qui donc fait tout l'argent ? Sur quoi base-t-on l'argent ? Sur l'or ? Allons donc ! Cette fumisterie-là ne prend plus. On contera bientôt la théorie de l'or aux petits enfants, comme on leur conte le Père Noël ou Croquemitaine.
L'argent — sur quoi donc doit-il être basé ? Sur l'or ou sur la production ? Sur l'or, comme nous l'ont fait croire des banquiers astucieux, des politiciens bouchés et des économistes à répétition ? Ou bien sur la production, comme le demandent depuis longtemps les créditistes dont les fats ont voulu rire ?
La base de l'argent peut-elle être l'or, dont la présence ou l'absence n'a rien à faire avec la présence ou l'absence des choses qui nourrissent, habillent, logent, chauffent, instruisent, récréent ? Peut-on intelligemment baser le moyen d'échange sur l'or, fruit d'intrusions fortuites de veines métalliques dans la formation de la croûte terrestre ?
La base de l'argent ne doit-elle pas plutôt être la production, la véritable richesse d'un pays, fruit du travail de ses fils, de l'application de la puissance de leur cerveau ou de la force de leurs bras ? Fruit aussi de la fécondité du sol et des immenses ressources naturelles dont la Providence a gratifié notre cher Canada ?
Mme V. FRUND,
Comptable de l'Association Créditiste de Dolbeau.