Qui définit le produit Nouvelle-France ?
On sait que l'Association Créditiste cherche à promouvoir le commerce entre créditistes, de façon à faire circuler le crédit de l'Association.
Le but de l'Association n'est pas de favoriser un groupe aux dépens des autres. Ce n'est pas d'avantager l'acheteur aux dépens du marchand. Tous sont favorisés lorsque le crédit s'écoule du consommateur au marchand, du marchand au manufacturier, du manufacturier au producteur primaire. C'est alors une augmentation de pouvoir d'achat née chez le consommateur et transmise sur toute la ligne sans accrocs.
Cela se fait bien lorsque les produits sont fabriqués, mis en vente et achetés par des associés.
Au commencement de l'Association, la première chose à faire était de trouver des associés. On a eu des consommateurs, des marchands, des agriculteurs. Les fabricants sont venus moins vite, parce que presque toutes les industries sont ou trustifiées ou dépendantes de trusts pour l'approvisionnement de plusieurs éléments de leurs produits.
Le problème est donc devenu de plus en plus celui de la recherche de produits Nouvelle-France : trouver des producteurs associés indépendants et mettre nos marchands associés en rapport avec ces producteurs.
Il faut maintenant favoriser les produits Nouvelle-France à mesure qu'on en trouve, faire qu'ils soient demandés de préférence aux autres produits par les consommateurs de l'Association.
Jusqu'ici, nous avons surtout poussé les consommateurs associés chez les marchands associés. C'était la liaison entre consommateurs et marchands d'une même association.
Il faut maintenant pousser la demande de produits Nouvelle-France ; ce sera prolonger la liaison jusqu'au producteur associé.
Pour arriver à ce but, l'Association doit créer la demande préférentielle de produits Nouvelle-France, non seulement de la part du marchand qui veut écouler le crédit reçu de ses clients, mais aussi de la part de ces clients eux-mêmes, en liant l'achat des produits Nouvelle-France à un taux préférentiel.
Désormais donc, le taux statutaire de 5 pour cent portera seulement sur les produits Nouvelle-France. Sur les autres produits, le taux ne sera que 2 pour cent.
Exemple — J'achète chez mon marchand pour $15.00 de produits divers. Sur ces marchandises, il y a pour $10.00 de produits Nouvelle-France et pour $5.00 de produits externes. Je paierai en transfers de crédit 5 pour cent sur $10.00, soit 50 sous, et 2 pour cent sur $5.00, soit 10 sous ; total, un transfert de 60 sous avec $14.40 en argent de Banco.
Plus forte sera la proportion de produits Nouvelle-France dans mes achats, plus je passerai de crédit. Je vais donc demander de préférence des produits Nouvelle-France. Si mon marchand n'en a pas, je vais le presser d'en chercher. Si je sais qu'il y en a quelque part, parce que d'autres marchands en ont, je le dirai à mon marchand, en lui indiquant la source. Pour garder sa clientèle créditiste, le marchand associé s'efforcera de trouver de plus en plus des produits Nouvelle-France.
La pression partira de l'acheteur lui-même ; et c'est juste, puisque c'est le consommateur qui doit commander à la production ce qu'il veut avoir.
Cette nouvelle disposition facilitera la situation du marchand. Jusqu'ici, il acceptait 5 pour cent sur tous les produits, mais ne pouvait passer qu'une partie de ce crédit. Désormais, il pourra passer tout le 5 pour cent reçu pour les produits Nouvelle-France, puisque les produits Nouvelle-France sont justement les produits faits par des associés qui acceptent eux-mêmes 5 pour cent.
Quant au 2 pour cent sur les autres produits, le marchand ne peut pas l'écouler de la même manière, puisque les produits ne viennent pas d'associés. Il devra considérer ce 2 pour cent comme frais pour la publicité que lui fait l'Association, pour les nouveaux clients qu'elle lui amène.
D'ailleurs, le marchand a ordinairement aussi des clients qui ne sont pas associés et qui ne lui passent pas de crédit. Ainsi, un marchand qui achèterait pour $1,000 de produits Nouvelle-France et qui n'en vendrait que les deux tiers à des associés et le tiers à des non associés, écoulerait plus de crédit qu'il en recevrait sur ces articles.
De toute façon, cette modification aura pour effet de soulager la position du marchand, en comparaison de ce qu'elle a été jusqu'ici. Nous profitons de l'occasion pour féliciter les marchands qui sont restés fidèles pendant les mois, toujours durs, de la fondation et des premiers développements. Nos associés leur prouveront leur reconnaissance en continuant de les favoriser de préférence aux réfractaires passés qui vont sans doute faire moins de résistance sous le nouveau statut.
Nous sommes sûrs que le changement va être apprécié de tous ceux qui ont compris le sens de notre association : un commencement d'économie créditiste, bâtissant l'achat chez nous et la production pour nous.
À premier abord, quelques-uns pourraient trouver l'acheteur ordinaire moins favorisé. Il sera favorisé dans la mesure où il entrera dans l'esprit de l'Association en achetant les produits Nouvelle-France. De plus, la consolidation de son marchand est un grand avantage ; car sans marchand associé, le consommateur associé ne tire pas grand avantage de son crédit. Toute l'Association va être fortifiée par une orientation concertée et par des réalisations plus complètes ; cela ne peut être qu'à l'avantage des membres qui la composent.
Les produits de la ferme, venant de cultivateurs associés sont des produits Nouvelle-France. Il en est de même des services professionnels ou autres fournis par des créditistes associés. Quant aux produits manufacturés, une mesure sage, analogue à celle d'Alberta, est de considérer comme Nouvelle-France les produits dont au moins la moitié du prix de vente est d'origine interne. Le manufacturier reste libre de classer Nouvelle-France, autorisé à ventes par transferts à 5 pour cent, un produit de proportion interne moindre.