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L'Association Créditiste de la province de Québec

Louis Even le vendredi, 01 mai 1942. Dans Le Crédit Social enseigné par Louis Even

Qu'est-ce que cette Association Créditiste qui, commencée il y a moins de deux mois, fait déjà parler d'elle-même là où elle n'existe pas encore ?

L'Association Créditiste de la province de Qué­bec est un groupement de personnes déterminées à aller jusqu'au bout pour obtenir le Crédit Social, pour mettre l'argent au service des hommes, pour reprendre la province de Québec des mains de ceux qui l'ont volée, pour libérer leurs concitoyens et leurs pays de la dictature de l'argent.

Conditions

L'Association Créditiste ouvre ses cadres à tous les véritables patriotes qui sont prêts à en remplir les conditions :

1. — Être abonné à VERS DEMAIN, car l'Association ne peut accueillir des gens qui ne sa­vent pas de quoi il s'agit et qui ne se tiennent pas au courant des développements et des directives ;

    2. — Entrer de plein gré, pas tant pour des avantages immédiats que pour travailler efficace­ment à la libération économique du pays ;

    3. — Souscrire une contribution annuelle de six dollars, payée de préférence en une seule fois, mais aussi acceptée en versements successifs d'au moins un dollar chacun. Disons tout de suite, bien claire­ment, que cette cotisation n'a rien à voir avec le journal VERS DEMAIN lui-même, qui vit très bien par le seul dollar annuel de l'abonnement. Ne pas confondre l'Association et le journal.

Avantages

Aux associés, l'Association offre, comme premier et principal avantage, un organisme par lequel ils concourent personnellement à atteindre le but cherché : la liberté et la sécurité économique sous un régime créditiste.

L'associé comprend très bien que le paiement de six dollars par an, même s'il ne rapportait rien immédiatement, serait un magnifique placement s'il doit obtenir sous peu l'assurance d'un mini­mum vital à tous les membres de sa propre famil­le et à tous et chacun de ses concitoyens. Aucune société d'assurance n'a jamais rien offert de sem­blable.

L'associé est sûr de ce résultat final, car il sait parfaitement que rien ne résistera à la volonté d'un peuple organisé. Si l'association de 300 fa­milles dans une ville qui en compte 5,000 suffit dé­jà à mettre les adversaires en émoi ; si l'établisse­ment d'un noyau dans une dizaine de centres don­ne l'éveil aux chiens de garde de la finance dans presque toute la province, que sera l'association de 100,000 familles, établis dans des centaines de cen­tres, opérant conjointement vers un objectif com­mun bien déterminé.

Cette réussite peut venir à brève échéance si les abonnés actuels de VERS DEMAIN entrent en nombre dans l'Association. Les organisateurs — Commissaires et Voltigeurs — apportent à l'expan­sion et à la consolidation de l'association le même dynamisme qui a monté l'abonnement de 6,500 à 33,000 en dix-huit mois. La base de départ au­jourd'hui est beaucoup plus vaste, mieux préparée, et les moyens sont au moins décuplés. Il est im­possible de douter du succès, et d'un succès rapide.

Cette perspective d'un résultat définitif pro­chain, bienfaisant pour tout le monde, est déjà une belle récompense pour l'associé véritablement animé de l'esprit social. Mais les associés retirent aussi des avantages économiques personnels et im­médiats, partout où ils sont assez nombreux pour ouvrir une comptabilité interne qui augmente leur pouvoir d'achat selon les lignes du Crédit Social.

C'est le fonctionnement de cette comptabilité et ses avantages que nous allons maintenant exposer.

Groupe des consommateurs

La première chose à faire dans une localité est d'y enregistrer des associés. Chaque associé signi­fie, non seulement lui-même, mais ses dépendants. Un père de famille qui entre dans l'Association et

paie sa première contribution entre, par le fait même, toute sa famille. S'il y a quatre enfants mi­neurs, cela fait, avec lui et son épouse, six consom­mateurs dans l'association.

Supposons qu'à Magog, 200 fassent partie de l'Association Créditiste. Cela veut dire environ 1,200 consommateurs créditistes. Donc : 1,200 esto­macs à nourrir, 1,200 corps à vêtir, etc., et 200 maisons à meubler et à chauffer.

Or, nous savons la valeur du consommateur dans l'économie moderne. Le consommateur est la perle que recherche le marchand. Une collection de 1,200 de ces perles a de quoi faire venir l'eau à la bouche de ceux qui se tiennent derrière les comp­toirs de la ville.

Les créditistes savent cela, c'est pourquoi ils groupent les consommateurs pour exercer une for­ce sur le système économique. Ils le font donc par stratégie. Mais c'est aussi tout à fait dans l'ordre, puisque les activités économiques doivent toutes être ordonnées vers le bien du consommateur.

La production doit servir le consommateur. Ce n'est pas chose difficile en soi, puisque la produc­tion est offerte et annoncée à tous les coins.

Mais la consommation doit financer le producteur. Cela ne se fait pas aujourd'hui.

Prenez la généalogie du produit, de sa source à son terme :

Producteurs primaires

Manufacturiers

Marchands en gros

Détaillants

Consommateurs

Si l'ordre naturel existait, le consommateur qui a des besoins à servir n'aurait qu'à s'adresser au détaillant, le payant pour son produit. Le détail­lant renouvellerait son approvisionnement du marchand en gros, le payant pour son produit. Le grossiste passerait la commande de remplacement au manufacturier, le payant pour son produit. Le manufacturier remplacerait le produit en payant, avec l'argent ainsi reçu, ses ouvriers et les produc­teurs primaires (agriculteurs, bûcherons, pêcheurs, mineurs). Le financement émanerait du consom­mateur et n'endetterait personne.

Mais ce n'est pas ainsi que les choses se passent. Le consommateur est incapable de payer : il se prive ou s'endette. Chez le détaillant, les produits languissent ou les comptes à recevoir s'accumulent. Le détaillant est incapable de payer comptant, et le grossiste lui étend du crédit. Le grossiste deman­de la même extension de crédit au manufacturier, et celui-ci recourt au découvert du banquier.

L'injection de crédit pour l'expansion de la pro­duction se fait surtout au manufacturier, par le banquier, sous forme de prêt exigeant un rembour­sement plus gros que le prêt.

Dès lors, le manufacturier, tout en mettant ce crédit en circulation par les paiements, devient un pompeur d'argent pour rembourser le banquier. Il pompe le grossiste ; le grossiste pompe le détaillant ; le détaillant pompe le consommateur. Et la pompe cherche plus d'argent qu'il en a été injecté. Comme c'est impossible, il reste des dettes pendantes qui placent le commerce sous la tutelle des banquiers. Les banquiers possèdent une véritable hypothèque sur tout le système économique, comme ils en pos­sèdent une sur la nation par leurs prêts aux gou­vernements.

Comme le consommateur est au bout de la chaî­ne, c'est sur lui que, en définitive, tire la pompe aspirante. Au lieu d'un roi servi par la production, on a un pauvre qui regarde les vitrines, ou un mendiant qui s'endette.

C'est pourquoi l'Association Créditiste veut re­dresser ce désordre en commençant par grouper les consommateurs. Une fois groupés en nombre suffisant, elle leur injecte un surplus de pouvoir d'achat à faire valoir sur le détaillant ; par le dé­taillant, sur le grossiste ; par le grossiste sur le ma­nufacturier ; par le manufacturier sur le travail disponible et sur les produits primaires ; par les producteurs primaires, sur les ressources naturelles du pays.

La comptabilité

Si toute la population nécessaire à la satisfaction des besoins était entre les mains des créditistes, le problème de l'écoulement serait facile. Les crédi­tistes pourraient se faire entre eux une compta­bilité d'échange correspondant à la production ; le commerce effectué entre eux formerait un cycle complet et pourrait s'accomplir 100 pour cent en leur propre comptabilité.

Mais, comme la production et le commerce sont actuellement contrôlés en grande partie par des trustards et que même le petit commerce est en­detté au système bancaire, il faut procéder par degrés.

L'Association Créditiste commence donc par essayer la finance directe du consommateur pour 5 pour cent du montant des achats.

L'Association ouvre un compte à chaque associé. Au crédit de l'Associé, elle inscrit un nombre qui donne droit à la production offerte par les autres associés. Comme l'Association reconnaît l'impor­tance de la famille et le droit naturel aux alloca­tions familiales, elle inscrit un crédit proportionnel au nombre de personnes dépendant de l'associé. Soit, pour commencer, 2.00 par personne. Si la famille de M. Jean Le Ber se compose de cinq per­sonnes, le crédit indique 10.00 ; si la famille de M. Louis Durand se compose de huit personnes, le crédit indique 16.00. Et ainsi de suite.

Une fois les comptes des associés ouverts dans un grand-livre ordinaire, les associés sont invités à s'en servir entre eux dans la proportion de 5 pour cent de leurs achats. On remet aux associés une liste des Marchands locaux qui font partie de l'Association. L'associé va évidemment acheter là plutôt qu'ailleurs, afin de pouvoir bénéficier du crédit gratuit qu'il a reçu.

Voici, par exemple, deux associés, M. Raoul Mo­rin, simple ouvrier dont la famille compte six per­sonnes, et M. Fernand Corbeil, marchand, dont la famille compte quatre personnes.

Lors de l'ouverture des comptes, le grand-livre montre :

M. RAOUL MORIN

Date                                                  +               -                   Net

4 mai Par Association                       12,00                               12.00

M. FERNAND COBEIL

Date                                                  +               -                   Net

4 Mai Par Association                        8.00                                  8.00

Si, le 5 mai, M. Morin achète de M. Corbeil pour $5.00 de marchandises, d'après la convention acceptée entre tous les associés, M. Corbeil accep­tera de livrer sa marchandise pour $4.75. Le reste, 25 sous, c'est-à-dire 5 pour cent du montant, est couvert par un ordre de transférer à M. Corbeil 0.25 du compte de M. Morin. M. Morin passe à M. Corbeil une partie de ses droits à la production des autres associés. Ce transfert de droits se résout à cet ordre : 0.25 à Fernand Corbeil par Raoul Morin. C'est évidemment Raoul Morin qui signe. Une fois l'ordre de transfert exécuté dans le grand-livre, les comptes respectifs deviennent :

M. RAOUL MORIN

Date                                                  +               -                   Net

4 mai Par Association                       12,00                               12.00

5 mai                                                                0.25              11.75

 

M. FERNAND COBEIL

Date                                                  +               -                   Net

4 Mai Par Association                        8.00                                  8.00

5 mai                                               0.25                                 8.25

C'est-à-dire que 5 pour cent du montant des achats se soldent par simple comptabilité : plus dans un compte, moins dans un autre. Les achats des autres associés entre eux suivent la même méthode.

Augmentation des achats

Quel va être le résultat ? Quel va être l'effet sur les achats par les consommateurs ? Quel va être l'effet sur la caisse du détaillant ?

Disons que M. Morin touche $20 de salaire par semaine, et que ce soit sa seule source de revenus. Pour une famille de six personnes, c'est loin d'être beaucoup et il va certainement dépenser ses $20 chaque semaine.

M. Morin achète chez des marchands apparte­nant à l'Association Créditiste. Lorsqu'il achète pour $20, il donne $19 et fait transférer 1.00 de son compte aux comptes des marchands. Il lui reste un dollar de son salaire. Comme il n'en a pas trop, il va dépenser de la même manière le dollar qui lui reste. Achetant pour un dollar, il donne 95 sous et un transfert de 0.05. Il lui reste encore 5 sous de son salaire.

Avec son salaire de $20, il aura donc pu acheter pour $21.05 de produits. Son pouvoir d'achat a été augmenté de $1.05 sur chaque $20. Dans un mois, il aura augmenté son pouvoir d'achat de $4.20. C'est l'avantage personnel immédiat qu'il retirera de son association. Avantage petit par rapport au principal : la conquête du pays, l'acquisition du Crédit Social intégral dans un avenir prochain. Mais avantage intéressant quand même. Il sera devenu facile pour M. Morin de payer $1.00 de contribution en 2 mois à une association qui lui met dans la poche l'équivalent de $4.20 par mois.

Voilà pour l'acheteur. Et pour le marchand ?

Le marchand aura vendu $21.05 de produits là où il vendait pour $20 auparavant. C'est une aug­mentation de ses ventes. Est-ce que tous les mar­chands ne cherchent pas à vendre davantage ?

Au point de vue de sa caisse, le marchand aura touché exactement le même argent qu'auparavant, $20. Pour le surplus de marchandises sorti de son magasin, il touche, non pas de l'argent, mais le droit à la marchandise des autres associés.

Le détaillant aura donc intérêt à chercher un marchand en gros qui accepte, lui aussi, en échan­ge d'un surplus de marchandises vendues, le droit à la marchandise d'autres associés. Et ce marchand en gros cherchera de préférence un manufacturier du même esprit. Là, on approche de la source : le manufacturier et le producteur primaire, en se ser­vant de ces droits additionnels désormais reçus sur toute la ligne, mettront en œuvre du travail humain, du travail-machines et des ressources na­turelles qui attendaient cet appel depuis long­temps. En augmentant la consommation dans les maisons, on a augmenté la production ; on a utilisé des hommes, des machines et des ressources natu­relles qui chômaient. Tout cela au moyen d'une comptabilité qui n'endette personne.

À remarquer qu'en partant ainsi du consomma­teur, le surplus de produits demandés, remplacés, augmentés à la source, consiste en produits répon­dant aux besoins des consommateurs de l'associa­tion.

Que l'Association vienne à englober la province de Québec, cela voudra dire que les consommateurs de la province de Québec tireront davantage sur la capacité productive de leur pays.

Après 5 pour cent, une fois la voie ouverte, il ne restera qu'à grossir le flot, jusqu'à ce que les con­sommateurs se trouvent satisfaits ou que la pro­duction possible se trouve épuisée. De la produc­tion possible épuisée, il n'a jamais été question de­puis longtemps, en temps normal. De la consom­mation satisfaite, pas encore non plus ; si elle vient à l'être, il n'y aura qu'à orienter les énergies vers d'autres occupations que la satisfaction des besoins matériels. Dans le domaine intellectuel, artistique, culturel, il n'y a pas de plafond.

Le consommateur souvenir

Le graphique ci-contre exprime assez bien le surplus d'activités économique, — et leur orienta­tion — auxquelles devrait donner lieu une finance directe du consommateur.

Les flèches représentent une augmentation de produits, elles indiquent aussi la direction que prennent ces produits.

Il est évident que, si le pouvoir d'achat des con­sommateurs est augmenté de 5 pour cent, ils achè­tent 5 pour cent de plus. Les détaillants livrent donc 5 pour cent de plus. Si les consommateurs achetaient auparavant 100,000 tonnes de marchan­dises, ils vont maintenant en acheter 105,000 ton­nes. Les 5,000 tonnes de plus sont figurées par les flèches de la colonne 1.

Ce sont les consommateurs qui choisissent ces produits, puisque l'argent pour les acheter est né entre leurs mains. Rappelons-nous, en effet, qu'il s'agit d'une augmentation faite directement aux consommateurs, indépendamment de leurs salaires. L'homme qui gagne $20 peut acheter pour $21.05.

La piastre d'augmentation, n'étant ni un salaire ni un prêt, ne change pas du tout le prix de la marchandise. Ce qui revenait à 25 sous la livre revient encore à 25 sous la livre. Mais le consom­mateur a quatre vingt-cinq sous de plus, il peut donc acheter 4 livres de plus.

Cette augmentation d'argent, venue au monde directement chez le consommateur, le consacre roi de l'économique, au moins pour cette augmenta­tion. Il demande les produits qu'il veut pour la va­leur de l'augmentation, et les produits viennent à lui. C'est pourquoi les flèches pointent dans sa di­rection.

Le détaillant qui a fourni cette quantité supplé­mentaire de produits aux consommateurs est obligé de faire venir de chez le grossiste une quantité supplémentaire correspondante. Si l'augmentation aspirée par les consommateurs a été de 5,000 ton­nes, les détaillants vont augmenter de 5,000 tonnes leurs commandes aux grossistes. Et ils vont de­mander les mêmes choses que les consommateurs ont fait disparaître.

Les flèches de la colonne 2, moins nombreuses, mais plus grosses, représentent cette augmentation qui correspond exactement aux désirs des consom­mateurs.

De même, les grossistes vont tirer 5,000 tonnes de plus des manufacturiers. Toujours la même espèce de produits que les consommateurs ont élue avec leur augmentation de pouvoir d'achat.

Le manufacturier, pour fournir l'augmentation de 5 pour cent, va être obligé de se procurer 5 pour cent de plus de matière à transformer, qu'il de­mande aux producteurs primaires ; puis 5 pour cent de plus de travail, qu'il demande aux travail­leurs inemployés, ou aux machines arrêtées, ou aux développements de la science appliquée. Tant que la réserve de travail-hommes ou de travail-machi­nes n'est pas épuisée, l'augmentation est possible.

Quant aux producteurs primaires, c'est sur les ressources naturelles et sur l'aide en hommes, en bêtes et en machines qu'ils tirent, et eux aussi sont loin d'avoir épuisé ces réserves.

Toutes les flèches, de la colonne 1 à la colonne 5, représentent l'augmentation déclanchée par la volonté du consommateur qui a pu exprimer cette volonté grâce à l'augmentation de 5 pour cent dans son pouvoir d'achat.

La colonne 5 a une double série de flèches. C'est que les producteurs primaires sont en même temps des consommateurs dans un autre rayon. Dans cet autre rayon, à titre de consommateurs, ils ont aussi eu leur augmentation de 5 pour cent et ont déclanché une aspiration de produits qui se trans­met jusqu'au bout.

La bataille

Mais le 5 pour cent de l'Association Créditiste va-t-il aller jusqu'au bout ? Et quand ?

Plus on remonte vers le manufacturier, plus on sent la résistance, non pas tant à cause du détail­lant, du grossiste ou du manufacturier eux-mêmes, qu'à cause de la pression de résistance commandée par le banquier qui les contrôle à titre de créan­cier. Les diverses crises de déflation qui se sont succédé depuis le règne des banquiers ont fait souffrir les consommateurs en leur imposant des privations artificielles ; mais elles ont aussi eu com­me effet permanent d'étendre l'emprise du ban­quier qui, par l'intermédiaire des manufacturiers et du commerce, avançait le crédit pour remplacer l'argent que les acheteurs n'avaient plus.

Nous n'avons point du tout l'intention de met­tre le marchand à mal, ni d'essayer de le remplacer. Nous préférons garder son expertise à notre service et l'aider à se débarrasser de la tutelle du banquier. Ceux qui conduisent l'Association Créditiste dans les différents centres offriront avec plaisir leurs services au marchand détaillant pour remonter la chaîne. Mais ça doit commencer chez les consom­mateurs : ils sont la fin de l'économie.

Une fois les consommateurs groupés, le commer­ce devra servir ou perdre sa clientèle. Bien des détaillants comprennent cela et sont d'ailleurs assez créditistes pour soutenir l'Association, même au prix d'inconvénients temporaires. Une fois les détaillants en nombre, ils pourront faire comme les consommateurs : s'unir pour exercer la pression sur leurs fournisseurs. D'ici là, les premiers marchands qui entrent dans l'Association attirent la clientèle créditiste de ceux qui n'y entrent pas, c'est déjà une compensation pour les sacrifices consentis.

Il y a bien l'armée adverse. Les banquiers ne lâchent pas de sitôt. Ils exercent leur pression — avec tout le poids de leurs créances — sur les mar­chands. Les banquiers dominateurs interviennent, eux, par en haut. Ainsi, à Magog, un boulanger associé se voit boycotté par les magasins qui ne sont pas entrés dans l'Association : ils refusent son pain. La solution, dans ce cas, est évidemment de doubler ou tripler le nombre des consommateurs associés : lorsque, au lieu de 200, Magog comptera 500 associés — la moitié de la population — la ba­taille sera gagnée, ceux qui se seront collés au ban­quier devront se soumettre ou fermer.

Si, à cause de trusts ou d'intermédiaires récalci­trants, il devient nécessaire de prendre des raccour­cis pour passer de la colonne 1 à la colonne 5, l'As­sociation les prendra. Dans le rayon de l'alimenta­tion, par exemple, il doit être possible d'abréger la route entre la colonne 2 et la colonne 5. Les détail­lants qui donnent leur commande à un agent de gros venu de Montréal pourraient facilement s'or­ganiser pour trouver bien des produits directement chez les cultivateurs.

De même, si la colonne 2 est trustifiée, il n'est pas impossible de s'organiser — moyennant le marché assuré par la nombre des associés — pour lancer et soutenir des industries indépendantes, au moins pour la satisfaction des besoins premiers : nourriture, vêtement, chaussure, logement, chauf­fage. Les fondateurs du Canada ont passé par des circonstances plus difficiles. Qu'on apporte seule­ment à libérer le pays le quart de l'énergie et de l'esprit de solidarité qu'ils ont apportés à le bâtir, et nous réussirons à réparer les ravages de deux générations de discordes politiques, de lâchages, d'égoïsme et d'apathie.

Perspectives

Pour peu qu'on y réfléchisse, on envisagera les résultats possibles dans un avenir prochain, pour­vu qu'on apporte de l'entrain à monter l'Associa­tion :

    a) L'orientation de la production du pays vers les besoins des consommateurs du pays ;

    b) L'organisation naturelle et la finance con­crète de l'achat chez nous ;

    c) Le retour à la terre par l'ouverture du mar­ché domestique aux produits de la terre ;

    d) La coopération des consommateurs pour por­ter les coups plus contre le système financier que contre ses esclaves ; -

    e) Une magnifique organisation de citoyens qui étudient et s'associent, et qui apporteront au nettoyage de la politique le même ensemble, la même unité d'objectif qu'à l'assainisse­ment de l'économique.

Nous développerons ces points dans de futurs articles.

Pour ceux qui désirent l'établissement de l'Asso­ciation Créditiste dans leur localité, qu'ils lisent les conseils donnés en page 8 du présent numéro.

Louis Even

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