EnglishEspañolPolskie

L'assemblée du Palais Montcalm

le vendredi, 01 janvier 1943. Dans La vie créditiste

Dire que l'assemblée du 13 décembre au Palais Montcalm fut un beau succès ne comporte aucune note d'exagération.

Le seul fait d'avoir rempli la grande salle d'un auditoire attentif et intéressé, sans l'appui ni des journaux ni de la radio, prouve au moins que les créditistes ont une organisation.

Ceux qui sont habitués aux assemblées du Palais Montcalm savent, en effet, qu'il est de plus en plus difficile de trouver assez d'occupants pour tous les sièges du bas seulement, même avec des annonces répétées dans les quotidiens de Québec. La photo­graphie ci-dessous témoigne donc à la fois de la vitalité de l'idée créditiste et d'une organisation in­dépendante efficace.

Malgré la saison, des fervents étaient venus du bout de la Beauce, de Drummondville, de Mont­réal, de Shawinigan, et jusque du Lac St-Jean et de l'Abitibi. Les promoteurs de l'assemblée avaient été MM. Alfred de Varennes et L. P. Bouchard; régisseur-organisateur, René DeBlois. Elle fut pré­sidée conjointement par les commissaires René DeBlois et L. P. Bouchard.

* * *

Mlle Gilberte Côté fut la première au program­me. Elle développa le thème résumé par elle-même dans l'éditorial du dernier numéro du journal (15 décembre) : Socialiste ou Créditiste.

Plus de milieu possible. La lutte entre rouges et bleus est périmée. La question de réforme ou non-réforme ne se pose plus. Tout le monde convient qu'il faut reviser le système économique. Mais comment? Par le respect de la finance et l'assujet­tissement de la personne humaine? Ou par le res­pect de la personne humaine et l'assujettissement de la finance?

Le duel s'engage, de plus en plus, entre le socia­lisme d'État et le Crédit Social. Le premier a pour lui le pouvoir occulte, les gouvernements visibles, l'atmosphère propice de la guerre, l'appui de dé­crets-lois qu'il ne faut pas critiquer, de restrictions et de rationnements qu'il faut accepter, d'une en­régimentation du commerce à laquelle il faut se plier, et aussi de moralistes myopes et de journalistes ignorants. Le second a pour lui la philosophie lu­mineuse d'une doctrine qui respecte la liberté de la personne humaine, et le dévouement et la charité sans bornes de créditistes tout feu et tout flamme.

Lequel l'emportera? Le socialisme ou le Crédit Social? Lequel l'emportera dans notre Canada? Le­quel dans notre catholique Nouvelle-France? La réponse est à nous, à chacun de nous.

L'auditoire fit une ovation spontanée à la con­férencière; et, pendant que des applaudissements prolongés soulignaient ses derniers mots, la petite Thérèse Paradis, fille de M. et Mme Lucien Para­dis, de Québec, présenta une gerbe de fleurs à Mlle Gilberte Côté. Ces fleurs furent réservées, après la soirée, pour un autel de la Reine de l'ordre univer­sel, de Marie, la protectrice des créditistes de Nouvelle-France.

Le second orateur, M. Louis Even, prit comme sujet : L'action politique des créditistes.

Le conférencier fit la distinction claire entre un groupement de politiciens pour prendre le pouvoir, et un groupement des électeurs pour se faire servir par quiconque détient le pouvoir.

Il fit également la distinction entre l'opinion pu­blique, chose mobile, sur laquelle tablent les politi­ciens pour gagner leur élection; et la volonté pu­blique, chose constante, sur laquelle tablent les cré­ditistes pour unir permanemment les électeurs conscients et forcer les élus à remplir en tout temps leur mandat.

La page 4 du numéro du 15 décembre résumait assez fidèlement le discours de M. Even, qui a fait impression par cette vision politique, nouvelle pour un grand nombre. Enfin, disaient des gens en sortant, enfin voici une politique pour nous, pour tous, et non plus seulement pour les politiciens.

* * *

M. J.-Ernest Grégoire, après des réflexions jus­tes et spirituelles sur le caractère persécuteur des interventions de la gendarmerie et de nos polices dans le mouvement créditiste à Québec, entra dans son sujet : L'action économique des créditistes.

Après avoir rappelé l'objectif du Crédit Social — sécurité économique pour tous et chacun, par la distribution de l'abondance — M. Grégoire fit res­sortir certains points que seul le Crédit Social peut afficher à son crédit :

1. — Le Crédit Social respecte la personne hu­maine. Il ne la condamne pas à l'indigence, comme le capitalisme vicié que nous connaissons; il ne l'a­némie pas par la suppression de la liberté comme prix du droit de manger, ainsi que le fait le socia­lisme d'État en train de s'établir un peu partout à la faveur de la guerre;

2. — Le Crédit Social seul respecte la propriété privée. Il ne la vole pas comme notre capitalisme vicié et trustard; il ne l'ignore pas comme le socia­lisme avoué ou dosé qui veut tout mettre entre les mains de l'État;

3. — Le Crédit Social seul peut placer le progrès au service de l'homme, les inventions du cerveau, au service des bras, sans faire des destitués. Seul, donc, le Crédit Social respecte la supériorité de l'homme, qui améliore toujours, sur l'animal qui travaille aujourd'hui de la même manière qu'il y a six mille ans;

4. — Seul, le Crédit Social tient une fin pour une fin et un moyen pour un moyen dans le domaine économique; seul, il considère le travail comme un moyen d'obtenir les produits et non comme une fin de l'agriculture ou de l'industrie; seul donc, il per­met un développement des loisirs, la diminution graduelle du travail forcé et l'augmentation gra­duelle de l'application à des activités libres et créa­trices;

5. — Seul, le Crédit Social hiérarchise les valeurs dans le domaine économique, en placant l'homme au-dessus de l'argent et des systèmes, traitant ces derniers comme des serviteurs qui doivent obéir à l'homme et non pas le placer sous leur dépendance.

L'heure avancée ne permit pas à Monsieur Gré­goire que d'effleurer ces aspects intéressants; mais nous espérons bien que, malgré ses occupations dé­bordantes, il trouvera un jour le temps de les dé­velopper par écrit pour le bénéfice des lecteurs de VERS DEMAIN.

* * *

Le 13 décembre 1942 restera une date marquan­te dans les annales du mouvement créditiste en Nouvelle-France. Avec les directeurs du mouve­ment, tous les créditistes ont été invités à s'arrêter et faire le point en fonction de l'heure.

Il faut faire face à la marée socialiste qui monte. Lui faire face autrement qu'avec un système décré­pit. Autrement aussi qu'avec la seule présentation d'une nouvelle équipe de planificateurs qui, tout en répudiant le terme socialisme, en ont, inconsciem­ment peut-être, la philosophie et ne rêvent que de couler l'humanité dans des moules faits par eux.

Les créditistes du Canada français sont mainte­nant assez nombreux et assez forts pour se lancer vigoureusement dans la formation de cette Union des Électeurs que, voici déjà huit ans, le major Douglas déclarait le seul moyen, à son avis, d'obte­nir l'avènement d'un régime de Crédit Social.

Poster un commentaire

Vous êtes indentifier en tant qu'invité.

Panier

Dernière parution

Infolettre & Magazine

Sujets

Faire un don

Faire un don

Aller au haut
JSN Boot template designed by JoomlaShine.com