Nous nous supposons sous un régime de Crédit Social. Voyons un peu comment ça va fonctionner et quelles légères différences d’avec aujourd’hui vont produire de bienfaisants résultats, sans nuire aux intérêts légitimes de personne.
Le gouvernement souverain d’Ottawa modifie la loi des banques, pour que les banquiers restent des banquiers et cessent d’être des rois, pour que les banques soient des institutions au service du peuple et non le peuple une proie pour les banques.
Les banques prêteront ce qu’elles auront reçu ou gagné. Elles ne feront plus l’argent qu’elles prêtent.
Tout l’argent nouveau sera fait par le gouvernement lui-même, que ce soit de l’argent de métal, de papier ou du simple crédit.
L’argent nouveau dépendra de l’augmentation de la richesse productive, de la quantité de biens utiles offerts par les producteurs aux consommateurs.
Comme ce sont les citoyens du pays eux-mêmes qui augmentent la richesse en appliquant leur travail et les découvertes de la science aux ressources naturelles de leur pays, c’est d’eux- mêmes que dépendra la quantité d’argent à faire : crédit SOCIAL.
Cet argent nouveau, fruit du développement du pays, de l’augmentation de la population, des progrès de la science, appartient à tout le monde en naissant, et chacun doit en avoir sa part.
Bien des méthodes de distribution. En voici une, à titre d’exemple :
Le gouvernement charge un fonctionnaire dans chaque bureau de poste de tenir le livre du crédit national pour le territoire de sa juridiction. Tous les Canadiens, hommes, femmes et enfants, ont un compte dans le livre du crédit national, chacun dans son bureau de poste.
Le 1er juin, le gouvernement, sur l’avis de la commission de comptables chargée d’établir les faits de la production et du pouvoir d’achat, décrète l’émission de 120 millions de dollars de crédit nouveau. Cet argent nouveau appartient aux 12 millions de Canadiens. La part de chacun est donc de 10 dollars.
La gazette officielle annonce, et tous les journaux du pays le reproduisent, la distribution d’un dividende de 10 dollars à chaque citoyen.
Immédiatement, dans tous les livres de crédit national tenus dans les divers bureaux de poste, le comptable ajoute 10 dollars au compte de chaque citoyen. Chaque citoyen voit son crédit-argent augmenter de 10 dollars.
L’argent va circuler exactement comme auparavant. Lorsqu’on passe au bureau de poste, on fait mettre à jour son carnet de crédit national, tout comme on fait à la banque pour son carnet de banque (pass-book).
Pour se servir de ce crédit, on tire simplement un chèque sur le bureau de poste. On peut acheter avec ce crédit. On peut placer ce crédit à la banque. C’est de l’argent légal. Il a toute l’autorité du gouvernement, directement et non plus par délégation comme le crédit des banques d’aujourd’hui.
Ce dix dollars est un dividende, pas un emprunt. Donc on n’a pas à payer de l’intérêt pour s’en servir et on n’a pas à le rendre. Il va rester en circulation, et par là maintenir la production au niveau atteint.
Si le niveau de la production, ainsi encouragée, monte encore, nouvelle émission d’argent, nouveau dividende à chaque citoyen.
À qui cela fera-t-il du mal ? Le dividende n’est pas le produit de taxes, mais le produit du progrès exprimé par une augmentation correspondante d’argent absolument nouveau.
À qui cela ne fera-t-il pas de bien ? Parlez de chômage après cela. Parlez de la peur des machines. Parlez des migraines des administrations. Parlez du besoin de touristes, de marchés étrangers ou de guerres pour activer la production. Parlez d’imposer des sacrifices et des privations lorsque l’abondance sort à torrents.
Voulez-vous le dividende, ou préférez-vous continuer à vous laisser taxer et réduire à la condition d’un bétail conduit par son gouvernement au gré des banquiers ?
15 mai 1940 page 6, 1940_05_No13_P_006.doc