Qu’est-ce que l’argent ?
L’argent, c’est tout ce qui sert à payer, à acheter.
Plus il y a de choses à vendre, plus il faut d’argent pour les acheter. Si l’argent manque pour payer, les choses ne se vendent pas, la production arrête. Les marchands le savent. Les ménagères le savent. Les chômeurs le savent.
Il y a de l’argent de métal, de l’argent de papier et de l’argent qui n’est ni en métal ni en papier.
L’argent de métal et de papier ne forme qu’une petite partie de l’argent du pays.
L’argent qui n’est ni en métal ni en papier consiste simplement dans de la comptabilité, des écritures de chiffres.
L’argent de comptabilité forme la plus grosse partie et la partie la plus importante, comme fonctionnement, de l’argent du pays.
L’argent de métal et de papier est l’argent de poche, celui des menues dépenses courantes.
L’argent de comptabilité est l’argent du commerce et de l’industrie. Ce sont les banques qui tiennent cette comptabilité.
L’argent de poche est, comme total, en quantité à peu près constante. Mais il circule ou s’arrête selon que le commerce et l’industrie marche.
Quand les affaires marchent, le travail marche, l’argent de métal et de papier circule ; on est satisfait.
Quand les affaires arrêtent, le travail cesse, les poches se vident ; l’argent de métal ou de papier circule moins. On peut en avoir autant en tout dans le pays, il vient moins souvent et plus parcimonieusement.
Tout dépend donc de la marche des affaires, du commerce et de l’industrie. Or le commerce et l’industrie sont alimentés par l’argent de comptabilité.
C’est donc bien l’argent de comptabilité qui est le plus important, c’est lui qui fait marcher l’autre.
L’argent de comptabilité forme, en volume, les neuf dixièmes de l’argent du pays. Sur cent dollars qui circulent, quatre-vingt-dix dollars sont de l’argent de comptabilité, dix dollars sont de l’argent de poche.
L’argent de comptabilité n’est pas toujours en même quantité. C’est pourquoi l’autre ne paraît pas toujours autant.
Plus vous avez de quatre-vingt-dix dollars de comptabilité en circulation, plus vous avez de dix dollars d’argent de poche.
Cet argent de comptabilité consiste dans les comptes de banque sur lesquels industriels et marchands tirent des chèques.
Vous achetez une table que vous payez quinze dollars. Si vous avez un compte de banque, vous pouvez payer par un chèque.
Le marchand portera son chèque à sa banque, l’endossera et le déposera. Le banquier soustraira quinze dollars à votre compte et ajoutera quinze dollars au compte du marchand.
C’est de la comptabilité. La table change de place. Une addition et une soustraction dans deux comptes. Pas un sou ni un dollar ne bouge nulle part.
Le marchand veut une autre table. Il la commande au menuisier. C’est douze dollars. Il signe un chèque de douze dollars.
Le banquier soustrait douze dollars au compte du menuisier.
C’est de la comptabilité. Le bois change de place, va dans l’étau, le travail marche et la table est livrée. Une addition et une soustraction dans deux comptes. Pas un sou, pas un dollar n’a bougé nulle part.
Si les comptes de banque sont bien nourris, le commerce et l’industrie vont rondement, au moyen de chèques.
Si les comptes de banque maigrissent, le commerce et l’industrie tiraillent.
Qui bâtit et détruit les comptes de banque ?
Les épargnants par montants modestes ; les banquiers eux-mêmes par gros montants.
(à suivre)
Série No 1 ; 1 fév 1940 p6 1940_02_No7_P_006.doc