Il s’agit évidemment de l’argent quand il vient au monde. De l’argent introduit dans un pays où il n’y en avait pas ; ou de l’argent nouveau ajouté à l’argent ancien.
Le premier argent qui fut fait était de l’argent nouveau. Chaque fois aussi qu’il y a accroissement de l’argent, de l’argent ajouté à celui qui existe déjà, c’est de l’argent nouveau.
À qui appartient, ou doit appartenir cet argent-là, en naissant, avant d’être gagné ? Et qui doit faire cet argent nouveau ?
Supposez le Canada tel qu’il est aujourd’hui, avec ses gens, ses choses, sa production, mais sans aucun argent. Pour faire les échanges, c’est très mal commode et on décide d’introduire de l’argent, de faire de l’argent pour la première fois.
Qui va.faire cet argent-là ? Qui va l’avoir ?
Puisque l’argent est une chose que tout le monde dans le pays doit accepter, qui doit commander la confiance de tout le monde, il faut évidemment qu’il ait une sanction légale, qu’il vienne de l’autorité, du gouvernement.
On ne peut concevoir légitimement le droit de faire de l’argent ailleurs qu’entre les mains de l’autorité reconnue. Des particuliers qui feraient l’argent, mais ce seraient des faussaires.
Très bien. Donc, le gouvernement va faire cet argent, le premier argent du pays.
Où va-t-il le mettre ? Il faut que les gens l’aient pour qu’il serve.
Quelles gens ? Lesquels hommes ou femmes plus que d’autres vont avoir cet argent tout neuf ?
Pour que les vendeurs le gagnent, il faut d’abord que les acheteurs l’aient. Il faut donc que le gouvernement le place entre les mains des hommes et des femmes du pays. Et pour qu’il le fasse sans injustice et sans favoritisme, il faut que chacun reçoive sa part.
Bon. Et toutes les fois que le progrès du pays, l’augmentation de la production exige de l’argent nouveau pour ajouter à l’ancien, cet argent nouveau, pour acheter l’augmentation de la production, devra également être fait par le gouvernement et distribué à tous les membres de la société. Pour la même raison.
Donc, chaque progrès du pays va faire du bien à tout le monde. Les travailleurs gagneront ensuite cet argent qui sera entre les mains de tous ; mais en venant au monde, l’argent fait du bien à tout le monde. C’est la part de chacun à un bien commun qui s’appelle progrès, augmentation des richesses du pays.
Sûrement, chaque sociétaire doit profiter de l’enrichissement de la société. Et cela doit se faire tout en permettant à ceux qui contribuent personnellement au progrès d’en retirer des avantages plus grands, par la vente de leurs produits, marchandises, services ou inventions.
On n’a pas cela aujourd’hui, parce qu’aujourd’hui l’argent nouveau est fait par des particuliers qui s’en attribuent la propriété, le louent, le rappellent, le font disparaître, sans aucun rapport avec les besoins du pays. C’est ce qui fait que le progrès n’est pas pour le bien de tout le monde, mais pour celui de quelques privilégiés seulement.
Logiquement, l’argent doit être fait par le gouvernement, puis distribué gratuitement et immédiatement à tous les citoyens. Après quoi, l’argent est propriété privée, gagné les uns des autres, et reste en circulation.
C’est ça la technique monétaire du Crédit Social. Le dividende à tout le monde, c’est la part de l’argent nouveau qui revient de droit à chaque citoyen.
Demander le dividende, c’est donc demander pour chacun une chose qui lui appartient. C’est vouloir mettre tous et chacun mieux, sans rien chambarder et sans appauvrir personne.
Quel bien ferait chez vous, dans votre famille, pour commencer, un petit dividende périodique de $5.00, de $10.00 à chacun des membres de votre famille ?
1er mai 1940 page 6, 1940_05_No12_P_006.doc
