Vous avez le droit de vivre. Chaque membre de votre famille a le droit de vivre.
Votre voisin a le droit de vivre. J’ai le droit de vivre. Nous avons tous le droit de vivre.
Le droit de vivre : c’est le droit d’abord de garder son âme et son corps ensemble.
Puis de se conserver en bon état physique jusqu’à la mort, le plus longtemps possible.
Le droit de vivre une vie d’homme. Pas seulement une vie d’animal. Donc, l’esprit tranquille, dégagé des soucis de la vie matérielle, pour penser, pour réfléchir, pour s’élever, pour prier.
Le droit, nous l’avons. C’est un droit naturel. Personne ne peut nous l’ôter.
Mais l’exercice de ce droit ?
Pour vivre, il faut de la nourriture, du vêtement, un logis, des soins médicaux, un minimum d’instruction.
Pour vivre une vie d’homme, il faut se sentir assuré de cette nourriture, de ces vêtements, de cet abri, de ces soins, de cette instruction.
Mais, pour avoir nourriture, vêtements, logis, etc., dans notre monde de 1940, pour les avoir sans les voler, il faut l’argent pour les payer.
Sans argent, vous avez encore le droit de vivre, mais vous n’avez pas la permission de vivre.
Les choses dont on a besoin pour vivre ne manquent pas. Ce sont les cultivateurs, les travailleurs de toutes sortes, qui font naître les produits et les services.
Il y en a en abondance, parce que les travailleurs sont habiles et pleins de bonne volonté.
Les biens de toutes sortes sont de plus en plus faciles à produire, parce que l’homme a un cerveau et il s’en sert.
La sécurité, l’assurance du nécessaire, cette assurance qui permet à un homme de mener une vie d’homme, est de plus en plus possible. Les machines, fruit du cerveau humain, délivrent de plus en plus l’homme d’activités purement matérielles.
Pourvu qu’il ait la permission de se servir de l’abondance qu’il crée.
Les biens abondent, mais, hélas ! les permissions sont extrêmement rares.
Le droit de vivre ne peut être limité par personne, parce qu’il est naturel.
Mais les permissions sont le résultat de règlements artificiels. Si elles manquent, c’est parce que les règlements sont mal faits.
Les permissions, c’est l’argent. L’argent, nous l’avons vu, ce sont les banquiers qui le font et le détruisent.
Donc, ce sont les banquiers qui font, refusent, accordent et reprennent les permissions de vivre dont dispose l’humanité.
Le pape Pie XI l’a bien dit :
"Ceux qui contrôlent l’argent sont devenus les maîtres de nos vies. Sans leur permission, nul ne peut respirer".
Restreindre les permissions lorsqu’il y a abondance de bonnes choses, c’est barbare. C’est forcer des hommes, des femmes et des enfants à souffrir de la faim en face d’une table surchargée. C’est les condamner à grelotter devant des montagnes de bois. C’est, non seulement empêcher l’homme de mener sa vie d’homme, c’est l’abaisser au-dessous d’un minimum qu’on ne refuse pas aux animaux.
C’est barbare. C’est stupide aussi. Comment veut-on que les activités productrices continuent, lorsqu’on arrête les produits à moitié route ?
Le capitalisme est à la veille de s’écrouler sous les excès de ses propres bêtises. Il ne réussit à prolonger un peu sa vie que grâce aux guerres et à la fabrication de produits de guerre.
On réclame partout la mise du communisme hors la loi. On a raison de se défier d’un mal qui nous menace.
Mais, actuellement, les quatre cinquièmes de nos familles souffrent, non pas du communisme, mais du manque de permissions de vivre.
C’est donc, croyons-nous, la restriction artificielle des permissions de vivre qu’il est le plus urgent de mettre hors la loi.
Sont-ils complices ou sont-ils hypnotisés ceux qui, très éloquents pour dénoncer un malheur à l’horizon, ne trouvent rien à dire contre le chancre qui nous dévore.