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L'administration d'Aberhart

Louis Even le mercredi, 15 octobre 1941. Dans L'expérience albertaine Aberhart

Pour juger de l'efficacité d'une administration publique, c'est dans les maisons qu'il faut regarder, plus que dans les livres. Les occupants mangent-ils à leur faim ? Comment sont-ils logés, habillés, chauffés ? Se soignent-ils convenablement en maladie ? L'instruction moderne leur est-elle accessible ?

Comme nous n'avons point la possibilité de faire pareille enquête sur l'Alberta, force nous est de nous en tenir à l'examen de chiffres dans les livres. Ce que tous les gouvernements exposent avec plus ou moins d'orgueil pour démontrer qu'ils savent administrer.

Mais, même là, le gouvernement créditiste d'Alberta ne le cède en rien aux gouvernements qui témoignent plus de respect aux banquiers.

Aberhart et ses créditistes durent assumer le pouvoir à la suite des élections du 22 août 1935. L'année fiscale commence le 1er mars. L'année fiscale 1935-1936 fut donc soumise au budget de l'ancien régime, le premier budget du nouveau gouvernement datant de mars 1936.

De plus, avant l'avènement des créditistes, le gouvernement exprimait séparément les chiffres pour les recettes et dépenses du compte de capital et celles du compte de revenu. Depuis, le trésorier fournit le total des deux, ce qui donne une idée plus complète de la situation financière de la province.

Le tableau suivant, ne considérant que le compte de revenu, montre le déficit ou le surplus des recettes sur les dépenses pendant les dernières années de l'ancien régime et sous le nouveau régime. La comparaison est intéressante :

AVANT Aberhart :

1933-34                Déficit de    $1,878,031

1934-35                Déficit de    $1,738,050

1935-36                Déficit de    $1,650,798

SOUS Aberhart :

1936-37                Surplus de   ..... $77,852

1937-38                Surplus de     $2,768,066

1938-39                Surplus de    $3,027,191

1939-40                Surplus de    $2,487,850

1940-41                Surplus de    $4,350,993

Il ne s'agit là que de revenus et de dépenses. Si l'on fait entrer en ligne de compte le compte de capital, il y aura évidemment augmentation dans les déficits réels ou diminution dans les surplus réels, puisque notre système d'argent met le capital-argent au monde sous forme de dette.

Avant 1936, comme il est dit ci-dessus, le trésorier provincial évitait de présenter le résultat réel. Depuis 1936, voici comment se présente la situation d'année en année, en tenant compte à la fois des comptes de revenu et de capital :

1936-37                Surplus de     $1,639,567

1937-38                Surplus de     $1,083,484

1938-39                Surplus de     $1,366,417

1939-40                Surplus de   ... $336,551

1940-41                Surplus de     $2,270,945

La charge annuelle d'intérêt sur la dette publique va en diminuant, parce que la dette publique elle-même est réduite d'année en année.

Le rapport du trésorier rappelle que la province refuse de payer le taux original d'intérêt sur la dette publique. Depuis le 1er juin 1936, elle ne consent que 50 pour cent du taux d'intérêt. S'il s'agissait de payer en blé, ou en d'autre chose que la province produit, les créanciers seraient servis à souhait. Mais comme il s'agit d'argent, que la province ne produit pas et que les financiers ont rendu plus rare que les produits à vendre, la décision du gouvernement albertain lui fait grandement honneur.

Le trésorier provincial ne le cache pas : si le gouvernement, demeurant fidèle à la doctrine spirituelle de Banco au lieu de considérer les besoins des hommes, des femmes et des enfants de la province, avait continué de payer le plein taux d'intérêt, non seulement il eût été impossible de diminuer la dette publique, mais celle-ci aurait augmenté ainsi que la charge annuelle de l'intérêt.

Le second des tableaux ci-dessus prouve donc que l'Alberta est dirigé par un chef qui ne s'incline pas devant les puissances d'argent. Le premier tableau démontre que, sous ce chef, les revenus dépassent de plus en plus les dépenses. On peut donc être créditiste, jeter des idoles respectées par dessus bord, et faire en même temps un excellent administrateur.

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"De même que le centre d'un cercle n'existe que par rapport à la circonférence qui le circonscrit, de même l'élite n'existe que par rapport à la masse qu'elle cherche à animer de son esprit. Chaque fois qu'on dit à un groupement : Vous êtes une élite, sans lui indiquer la masse, le milieu auquel il se rapporte et par lequel il se définit comme élite, on fait fausse route." Chanoine TIBERGHIEN.

Louis Even

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