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L'Action Catholique irritée

le samedi, 01 mai 1943. Dans La vie créditiste

Le journal L'Action Catholique, qui ignore sys­tématiquement les créditistes depuis un an et de­mi, s'irrite que des créditistes menacent de l'igno­rer à leur tour. C'est amusant : frappez sur votre voisin, puis s'il riposte accusez-le de vous déclarer la guerre !

Depuis dix-huit mois, M. L'Heureux explique son silence en se basant sur des démêlés antérieurs du groupe créditiste avec l'Autorité religieuse. Où a-t-il découvert pareils démêlés ? Pour avoir des démêlés, il faut au moins deux parties qui se ren­contrent, ou se parlent, ou s'écrivent, et tiennent chacun leur point. Nous sommes assez au courant des activités créditistes, et nous n'avons pas eu connaissance de pareille lutte entre le groupe cré­ditiste comme tel, ou ses chefs, et l'autorité reli­gieuse.

Voici copie de la lettre écrite par M. Eugène L'Heureux à notre lieutenant créditiste de Rouyn ; elle est, à date, l'expression la plus récente de l'at­titude de l'Action Catholique vis-à-vis du mouve­ment créditiste :

Québec, le 6 avril 1943

M. Réal Caouette,

C. P. 42 Rouyn.

Cher Monsieur,

En réponse à votre lettre du 15 mars, je suis auto­risé à vous dire ceci : L'Action Catholique s'en tient à son attitude actuelle vis-à-vis le mouvement du Cré­dit Social. C'est ce que vient de décider, à sa dernière assemblée régulière, notre Bureau de direction.

À tous les créditistes qui m'avaient exprimé le dé­sir de voir publiés dans L'Action Catholique les compte-rendus d'assemblées tenues, par leur groupe­ment, j'avais répondu substantiellement ceci : Dans le moment, nous ne pouvons pas publier ces compte-rendus, à cause des démêlés antérieurs du groupe cré­ditiste avec l'Autorité religieuse ; mais j'espère que le temps arrangera les choses et que nous pourrons bien­tôt accéder à votre demande.

En parlant ainsi, j'étais très sincère, car je voyais à l'efficacité du temps pour améliorer des relations com­promises il y a un peu plus d'un an.

Malheureusement, ces demandes des créditistes se sont multipliées et se sont accompagnées de menaces, laissant voir clairement qu'il s'agissait d'une manœu­vre organisée en vue de nous intimider. Or, à L'Ac­tion Catholique, on ne chante pas. Ces menaces n'ont eu qu'un résultat : elles ont gâté vos chances d'obtenir la publicité désirée.

Bien plus, si les créditistes se désabonnent en masse comme ils nous ont menacé, nous nous croirons obli­gés de dénoncer publiquement et sans délai cette man­œuvre manifestement destructive, et le mouvement créditiste en souffrira sûrement autant que L'Action Catholique. Nous ne voulions nullement la guerre, mais si on nous la déclare, nous allons nous défendre.

Espérant que nous n'aurons pas à en venir là, je me souscris,'

Votre tout dévoué,

Eugène L'HEUREUX

À quoi une réponse de M. Réal Caouette renfer­me les remarques suivantes, qui résument assez bien l'attitude des créditistes sur ce sujet :

Rouyn, le 8 avril 1943

Monsieur le Rédacteur,

...Les créditistes n'ont pas l'intention de faire chan­ter personne, mais ils n'ont pas l'intention de chanter non plus. Nous avons remarqué que L'Action Catho­lique ne nous donnait pas justice en matière d'annonce de nos activités dans la province, et nous avons sim­plement voulu vous démontrer qu'une forte popula­tion était froissée de cet étrange traitement vis-à-vis des créditistes.

L'Action Catholique est partiale ou impartiale. Si elle est impartiale, elle parle des activités des mouve­ments en lice dans la province ; si elle est partiale, elle en ignore certains. Ce dernier cas est celui de vo­tre journal re : Crédit Social...

Dans votre cinquième paragraphe, vous me dites que si les créditistes se désabonnent en masse comme ils vous en ont menacé, vous serez obligé de dénoncer pu­bliquement cette manœuvre destructive. Si les crédi­tistes se désabonnent en masse, c'est que L'Action Catholique l'aura voulu. Depuis plus de six mois, nous demandons justice à un journal qui doit exister pour les lecteurs et non pour les directeurs. Nous avons en­duré et enduré. Nous nous sommes même prêtés aux explications pour être bien compris. Et malgré cela, rien n'éclot !...

La guerre dont vous me parlez est sortie de votre journal depuis un an et demi.

Ne chantez pas à L'Action Catholique, mais annon­cez simplement les activités créditistes en Nouvelle-France (comme vous faites des autres mouvements d'ordre profane), et nous serons satisfaits.

Veuillez bien croire que les créditistes n'en veulent pas à votre journal. Donnez-nous justice, et nous vous donnerons justice. Si les créditistes se désabonnent en temps de crise, ils se réabonnent en temps de paix. Les créditistes veulent le bien de votre journal, et nous vous le disons : à vous maintenant de nous le laisser prouver.

Espérant, monsieur le rédacteur, que vous prendrez cette lettre à bien et que vous me répondrez bientôt, veuillez me croire,

Votre tout dévoué,

Réal CAOUETTE

 $1,000 de plus par famille

Avec la crème de nos jeunes gens dans l'année, le Canada a tout de même trouvé le moyen d'aug­menter considérablement sa production.

Si toute cette production avait eu lieu en temps de paix et consisté en biens demandés par le public, c'est $1,000 de plus de produits que, en moyenne, chaque famille aurait pu obtenir annuellement, avant la guerre.

Donc, même en laissant 800,000 jeunes gens dans le chômage, le Canada d'avant-guerre aurait pu assurer à chacune de ses familles, chaque année, pour $1,000 de biens en plus de ce qu'elles rece­vaient régulièrement.

Et avec les 800,000 jeunes gens au travail au lieu de la caserne, qu'est-ce que le Canada pour­rait fournir aux familles canadiennes ?

Le même système barbare qui empêchait le Ca­nada de nourrir les Canadiens existe encore au­jourd'hui. La charte de l'Atlantique ne l'a point frappé. Les plans sortis de Londres et promulgués en Amérique le respectent. Il appartient à l'Union des Électeurs de le chasser : c'est la seule force au monde qui soit de taille à exécuter ce dragon.

Du même "séminaire"

Nous avons déjà parlé de l'origine et du finance­ment de l'École Économique de Londres. Des es­prits socialistes se penchèrent sur son berceau. Un financier apatride étranger vint à sa rescousse "afin que cette école serve de séminaire pour former la bureaucra­tie de l'État socialiste de demain."

Sir William Beveridge est un produit de l'École Économique de Londres : sa mission est de tracer l'ordre économico-social d'après-guerre pour l'An­gleterre.

Le Dr Marsh est un produit de l'École Économi­que de Londres : sa mission est de tracer l'ordre économico-social d'après-guerre pour le Canada.

Le Dr Cyril James est un produit de l'École Éco­nomique de Londres : le gouvernement fédéral ca­nadien l'a nommé président du Comité de restau­ration et de rétablissement, toujours pour préparer l'ordre canadien d'après-guerre.

Le Dr Eveline Mabel Burns est un produit de l'École Économique de Londres : sa mission est de préparer, avec le Dr Alvin Hansen, de Harvard, l'ordre américain d'après-guerre. C'est le docteur Burns qui a rédigé le rapport du NRPB (National Resources Planning Board).

Le financier apatride Cassel et le socialisant Lord Haldane avaient le nez long.

Mais parions que nombre de nos journaux et de nos grands sociologues catholiques vont écrire que tous ces plans sont la mise en pratique des ensei­gnements de nos grands papes.

Trop de beurre

Trop de beurre ? Pas sur les tables des Cana­diennes ? Non, mais trop de beurre quand même. Voici du moins une communication qui nous arri­ve de Rouyn :

Vendredi soir, 2 avril, M. Alphonse Perron, de Nédélec, qui fait le transport du beurre venant de Lorrainville et de St-Placide de Béarn, avait 45 caisses de beurre à vendre, mais ne put trouver d'acheteur, faute de coupons de rationnement. Il dut retourner avec la charge de 45 caisses.

M. Perron me dit : "Je serai obligé d'avertir Lorrainville, Béarn et Nédélec que je ne peux pas vendre leur beurre. Ces gens devront donc vendre leur beurre à Canada Packers, Swift, etc. Il n'y a pas de place pour les petits dans le Canada. Le beurre doit se faire trustifier avant de venir sur nos tables".

Un autre cas. Environ trois semaines aupara­vant, la beurrerie de St-Eugène de Guignes envoyait 30 caisses de beurre à Burns Co. de Rouyn, qui a un contrat avec la beurrerie pour l'écoule­ment de son beurre. La compagnie a payé le trans­port des 30 caisses, aller et retour, mais les a ren­voyées à la beurrerie de St-Eugène avec la men­tion : "Nous avons trop de beurre".

Nous avons trop de beurre ! Nos beurreries dé­bordent de leur produit, et Gordon le rationne pour les Canadiens.

Avant la guerre : rationnés par l'argent. Pen­dant la guerre : rationnés par les coupons. Après la guerre : rationnés par les plans. En tout temps : rationnés par un régime bête.

Qui paie ? Qui ramasse ?

La compagnie Lamontagne Limitée veut ven­dre son immeuble de la rue Notre-Dame ouest, Montréal. L'immeuble est évalué, dans son bilan, à $408,692.00. Le capital-actions de la compagnie est représenté par 4,500 actions sans valeur nomi­nale, $450,000.

Par circulaire du 27 mars, la compagnie avertit ses actionnaires qu'elle ne trouve qu'un acquéreur possible, la Sun Trust Limitée, et que la Sun Trust offre $9.00 par action.

Les actionnaires avaient jusqu'au 15 avril pour accepter à l'unanimité. Au cas de non-unanimité, la Sun Trust prend le droit d'acheter les actions de ceux qui ont accepté.

Résultat : L'actionnaire qui avait payé son ac­tion $100.00 en retirera $9.00. Et la Sun Trust aura pour $40,500 un édifice évalué par ses pro­priétaires à $408,692.00 et payé par les action­naires $450,000.00.

L'argent sort du public et l'immeuble va à un trust.

C'est ainsi qu'un agriculteur de Villemontel (Abitibi), acheteur de 10 actions, soit $1,000.00, en 1929, en a retiré du 7 pour cent pendant quel­ques années, puis rien du tout depuis une dizaine d'années, et aujourd'hui il doit perdre les 91 pour cent de son placement.

Tout allait pourtant sous des noms français ; compagnie Lamontagne Limitée ; actions vendues par la firme Versailles, Vidricaire, Boulais. Et ça finit par profiter à la Sun Trust !

Un appel d'Acadie

La lettre suivante vient d'Edmundston, N.-B. :

Messieurs,

Je suis abonné à Vers Demain depuis un an, et je le trouve de plus en plus intéressant. Vous ne sauriez croire toute la popularité que gagne votre journal dans le Nouveau-Brunswick, surtout dans le comté de Madawaska. On se l'arrache même des mains. On se demande aussi : Quand donc aurons-nous nos assemblées créditistes, nous aussi ? N'y aura-t-il que la province de Québec à jouir de ce privilège ?

Tous vos lecteurs attendent avec impatience le jour où Vers Demain viendra en personne visiter notre vaste champ de Madawaska et y jeter une semence qui germera fertile dans les cœurs des ci­toyens du comté et de toute la province. Notre province doit, elle aussi, précipiter au royaume des souvenirs la "clique" et ses supporteurs.

J.-O. APRIL, imprimeur

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