Notre-Dame de La Doré est une paroisse du Lac St-Jean. L'U. C. C. y a un cercle bien établi. Un Syndicat Coopératif y est aussi florissant.
Mais à La Doré, il y a également un fort groupement créditiste. Et il arrive que le meneur créditiste est en même temps secrétaire de l'U. C. C. et gérant du Syndicat Coopératif,
Les créditistes de La Doré veulent bénéficier de l'Association Créditiste, mais tout en restant attaché à leurs autres institutions. Vu une certaine opposition au Crédit Social au sein du Syndicat Coopératif, il semblait impossible d'en venir à une entente pour l'acceptation des transferts, même avec des garanties de rachat du crédit non écoulé.
C'est là que M. J.-P.-E. Chauvette, le gérant du Syndicat, a trouvé le moyen de satisfaire toutes les parties, sans obliger les créditistes à se monter un magasin séparé.
Les créditistes conviennent, par signature individuelle, de déposer chacun un certain montant pour former une caisse de compensation : disons un dollar chacun.
Lorsqu'un associé créditiste vient acheter au Syndicat, il passe un 5% de transfert, mais le gérant tire sur la caisse créditiste de compensation un montant égal au transfert, et rien qu'une entrée d'argent légal paraît dans les livres du Syndicat.
Dans la pratique, pour faciliter la comptabilité et permettre au 5% de s'appliquer aux petits achats comme aux gros, en le faisant porter sur un total, le créditiste associé paie plein prix en argent légal au moment de l'achat; mais tous les 15 jours, il lui est remis une ristourne de 5% sur son chiffre d'affaires de la quinzaine, et cette ristourne est prise à la caisse créditiste de compensation, laissant intactes la comptabilité et la caisse du Syndicat.
De même, lorsque le Syndicat achète un produit Nouvelle-France, le Syndicat sort le plein prix, mais le gérant retient 5% qu'il place dans la caisse créditiste de compensation et remplace par un transfert de crédit au vendeur.
En tout ceci, le Syndicat n'est nullement engagé; le gérant, M. Chauvette, signe en son nom personnel, comme créditiste, les ententes avec chaque associé. Et tout fonctionne à la satisfaction de tous. C'est comme si les créditistes avaient un Syndicat à eux; et pour les autres, c'est comme s'il n'y avait pas de créditistes dans le Syndicat.
Évidemment, si le gérant était un toqué, opposé au Crédit Social et ne se souciant nullement de rechercher des produits Nouvelle-France, l'accord ne mènerait à rien. Mais Monsieur Chauvette est un esprit ouvert et un patriote; et il comprend très bien que les achats Nouvelle-France activent la prospérité locale et régionale.
À la fin de novembre, M. Chauvette avait, par ce moyen, accepté $35.63 de crédit de l'Association et en avait écoulé pour $33.53. C'est un succès remarquable.