Le Crédit Social forme des hommes. Des hommes capables de prendre des initiatives et de poser des actes. C'est pourquoi l'Union des Électeurs sera une force. Sa structure est faite d'hommes renseignés, déterminés et actifs.
À Val d'Or, le 9 mai, des circulaires étaient distribuées à la sortie des messes. En voici le texte :
MINEURS, EN GARDE !
Avant de subir l'influence d'unions ouvrières, telles que la C. I. O. ou d'autres, à la réunion de cet après-midi, posez-vous ces questions :
Ces unions ont-elles un organe pour vous instruire ?
Quel est leur but ?
Quels sont les résultats obtenus à Montréal dans la grève des tramways ? À Kirkland Lake ? À Arvida ? À St-Grégoire de Montmorency ? À la Wabasso Cotton des Trois-Rivières ?
Qui souffre pendant les grèves ?
Qui paie et qui reste en dessous pendant que durent ces grèves ?
MINEURS, OUVRONS LES YEUX
si nous ne voulons pas être victimes à notre tour
Il existe une Union des Électeurs, qui ne coûte rien à personne et qui fera plus pour le bien des mineurs, car nous sommes forts et déjà très bien organisés. Il n'en tient qu'à vous de vous en servir.
Pour plus amples informations, adressez-vous à :
339 Avenue Centrale
Val d'Or
L'initiative de la rédaction et de la distribution de cette circulaire appartient à M. Arthur Beaudoin, de Val d'Or, qui s'en est d'ailleurs ouvert à d'autres créditistes locaux ou voisins avant de la mettre à exécution.
M. Beaudoin n'a pas étudié le système économique actuel et les propositions créditistes pour rien. Il comprend très bien que les frictions entre employeurs et employés sont le fruit naturel d'un système où l'argent est rare et cause une ruée sauvage, justement à cause de sa rareté jointe à sa nécessité. Il comprend aussi que des problèmes de salaires ne peuvent se régler d'une manière satisfaisante sur le dos des consommateurs — l'augmentation des salaires entraînant l'augmentation des prix — et que l'ouvrier est le premier à souffrir de cette augmentation puisque ce sont surtout des ouvriers qui composent le corps consommateur.
Évidernment, ceux qui sont habitués à conduire les masses ignorantes par le bout du nez ne prisent pas cette manière nouvelle d'aborder les problèmes. Dès le lendemain, M. Beaudoin recevait une visite de reproches d'un mineur unioniste. Puis une visite de la police, enquêtant sur le responsable de la circulaire. Puis, le surlendemain, une visite, de reproches encore, de l'organisateur en chef des mineurs unionistes.
Mais, peut-on paralyser un créditiste ?