M. Réal Caouette, de Rouyn, nous transmet la souscription d'un colon de Renault. Il s'agit d'un associé qui, en juillet dernier, avait versé $6.00 pour toute une année.
Ce colon, M. Louis Goulet, est venu lui-même trouver M. Caouette et lui a dit textuellement :
"Monsieur Caouette, je n'ai pas eu d'argent de l'hiver ; mais j'en ai un peu aujourd'hui, et la première chose que je fais, je paie mon Association tout de suite, bien que je sois en règle jusqu'au mois de juillet. C'est de crainte de manquer d'argent en juillet. Je tiens à ce que l'administration et l'Association ne soient pas retardées dans la marche triomphante à cause de moi. Je suis heureux de pouvoir payer mon Association à l'avance, et je veux que mon année date d'aujourd'hui. J'abandonne le bénéfice des mois qui restent à M. Even et à Mlle Côté, pour qu'ils s'en servent pour la cause."
Voilà des mots qui pourraient être encadrés comme la lettre de M. Grégoire publiée dans le numéro du 1er mars. Ils expriment les mêmes sentiments et accompagnent le sacrifice d'un pauvre.
M. Caouette termine sa lettre par cette réflexion :
"Si nos embourgeoisés, nos parvenus, nos intelligents, nos sauveurs en faisaient autant que nos braves colons pour l'instruction et l'éducation du peuple, il y a belle lurette que le Crédit Social aurait libéré notre Nouvelle-France."
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La lettre de M. Caouette est datée du 92 mars. Voici maintenant une lettre datée du 12 mars et signée d'un colon de Rivière Héva, M. Victor Bédard :
"Je vous envoie mon $5.00 pour mon association et l'abonnement au journal Vers Demain. Je vous l'envoie tout de suite, car je vous dis qu'on n'en voit pas souvent. Moi, cet hiver, j'en aurais bien besoin, car je n'ai pas travaillé en dehors, j'ai travaillé pour moi et cela ne paie pas grand'chose. Mais je vous l'envoie quand même tout de suite pour hâter le mouvement créditiste dans la province.
"En avant, les Créditistes, et dehors les trustards, pour reprendre notre Nouvelle-France ! "
Un créditiste, Victor Bédard.
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Cette deuxième lettre justifie certainement la remarque qui termine celle de M. Caouette. Et tous les créditistes, les directeurs, les commissaires, les conférenciers, les voltigeurs, vont redoubler d'ardeur, éperonnés par le mobile qui a inspiré le sacrifice du colon de Rivière Héva : "pour hâter le mouvement créditiste dans la province."
Bien édifiant, le député provincial qui, sur le train de Québec à Sherbrooke, le 18 mars, était tellement saoûl qu'il avait besoin d'aide pour tenir sur sa banquette ! Il lui restait tout de même assez de lueur pour ne pas déshonorer la langue française dans cet état, puisque, Canadien-français, il n'avait plus le cœur que de parler en anglais.
Est-il vrai, aussi, que la veille du même jour, donc le 17 mars, à la séance du soir au parlement provincial, deux députés libéraux se trouvaient dans la même condition ?