Le 21 juin 1942 était jour de fête pour quelques créditistes de la paroisse de D'Alembert. M. Élie Poulin, secrétaire local de l'Association Créditiste, et son épouse portaient au baptême l'enfant nouveau-né de M. et Mme Léopold Dallaire, comptable de l'Association créditiste. La voiture était conduite par un voltigeur créditiste, M. Adélard Turmel. Le baptême fut administré par M. le Curé, abonné de Vers Demain.
Après le baptême, la voiture s'arrêta chez M. Louis Godbout marchand de l'Association Créditiste, et les cadeaux furent payés 10 pour cent au moyen d'un transfert de l'Association.
De retour chez M. Dallaire, le secrétaire Élie Poulin s'empressa de créditer $2.00 de pouvoir d'achat dans le grand-livre au compte de M. Dallaire, père de l'enfant. Il accompagnait cet acte du petit discours suivant :
"Produisez, créditistes de la province de Québec. Voici encore un nouveau consommateur prêt à payer votre production avec de l'argent dont la naissance ne coûte rien à personne."
Aux Associés
Le dimanche 19 juillet, l'Abitibi s'honorait de deux congrès, tous les deux de caractère régional. Un congrès des Chambres de Commerce des Jeunes avait lieu à Amos. Un congrès des créditistes avait lieu à Malartic.
Les Chambres de Commerce des Jeunes, les "bébés roses", comme les appelle le Docteur Fortin, avaient préparé leur congrès par force publicité, gracieusement hospitalisée dans les journaux de la région et même dans les quotidiens provinciaux.
Les Créditistes avaient préparé leur ralliement par le travail intensif des groupes locaux, animés par les visites des "commissaires" qui, en mai, juin et juillet, passèrent une couple de fois au moins dans toutes les paroisses des deux comtés, poussant à l'étude, mobilisant les bonnes volontés, unissant pour l'action.
Tant pour les préparatifs.
Et les programmes respectifs de la journée ?
Celui des Chambres de Commerce des Jeunes comprenait : Réception au Chalet Lalonde, sur les bords du lac Beauchamp ; coquetel aux dames et aux délégués ; photographie et départ du groupe pour Amos ; thé aux dames au chalet, pendant que les hommes écoutaient à Amos une conférence sérieuse pendant une demi-heure ; rapports ; élections ; banquet ; soirée récréative.
Le programme des créditistes à Malartic comprenait, après un court défilé populaire, trois heures de discours instructifs dans l'après-midi, et le soir séance des travailleurs de la cause, pour étude de la situation et orientation du travail organisé.
Lequel de ces deux ralliements aura le mieux concouru à remettre un peu d'ordre dans le monde, à préparer des jours meilleurs pour les colons, les cultivateurs, les mineurs, les classes ouvrières et autres de l'Abitibi et du Témiscamingue ?
Si c'est avec des coquetels, des banquets et des soirées récréatives qu'on réussira dans cette tâche, les créditistes sont battus et les bébés roses ont la palme. C'est d'ailleurs à ces derniers que vont les appuis des grands du jour. Le banquet d'Amos avait l'honneur de compter parmi ses convives un évêque, deux députés, et plusieurs autres personnalités ecclésiastiques et civiles.
Tout de même, les créditistes continuent de croire à l'étude, à l'action tenace et dévouée, et ils abandonnent volontiers les coquetels et les banquets à ceux qui, un bandeau sur les yeux, ont encore le cœur de s'y livrer.
Dans l'organisation de notre mouvement, il nous faut toujours viser à la meilleure orientation des énergies. C'est un gaspillage de temps, d'argent et de force, pour un conférencier de faire plusieurs milles et de ne trouver au bout qu'une demi-douzaine ou une douzaine de personnes plus ou moins intéressées. Gaspillage aussi, même avec un auditoire plus nombreux, si celui-ci se contente d'écouter et d'approuver.
Nous avons trop à faire avec ceux qui sont prêts à bouger pour nous attarder avec ceux qui trouvent que ça va bien, ou qui jugent que ça va mal mais que ça doit s'arranger tout seul ou être arrangé par les autres.
Nous prions donc ceux qui désirent recevoir un conférencier dans leur paroisse, de commencer par communiquer à leurs voisins le désir d'avoir un conférencier ; puis qu'ils disent sommairement aux voisins devenus intéressés ce que le délégué va faire dans leur paroisse.
Dès qu'on nous assurera qu'un groupe raisonnable désire recevoir un conférencier et qu'au moins une dizaine de familles sont prêts à donner leur appui et à entrer dans l'Association Créditiste, nous prendrons certainement le moyen de répondre à l'appel.
