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Faits et chiffres - La leçon ?

Louis Even le jeudi, 01 juillet 1943. Dans Le Crédit Social enseigné par Louis Even

La revue Planning, qui pousse des idées com­battues par les créditistes, donne tout de même, dans son édition de mars 1943, des faits qui ne manquent pas d'intérêt.

Pour la citation et les commentaires, nous nous inspirons ici du Social Crediter du 29 mai.

Finance et développement

Planning voulait simplement démontrer que l'industrie électrique, plannifiée sur une grande échelle en vue de la production, a considérable­ment augmenté le rendement avec moins de tra­vail humain.

Le lecteur créditiste tire d'autres conclusions. D'abord, il constate que, lorsque la finance dé­cide de soutenir une entreprise, rien n'arrête son développement rapide, et les concurrents moins favorisés n'ont qu'à fermer leurs établissements et prendre le trottoir ou chercher fortune ailleurs.

C'est ce qui est arrivé dans le cas du Grid, après 1930. Et les exemples analogues ne man­quent pas dans l'histoire assez récente de l'indus­trie canadienne. C'est même la genèse de nos grands trusts.

Évidemment, ce sont les financiers qui con­trôlent l'objectif. Le premier objectif de toute industrie qui doit rendre compte à des promo­teurs financiers, c'est de faire des profits. L'ob­jectif secondaire, c'est de produire et de vendre pour atteindre ce résultat.

La revue donne un tableau établissant que la production annuelle, de 20,000 millions d'unités en 1930, atteignait 32,000 millions d'unités en 1941. C'est très bien. Mais qui en a bénéficié? On peut s'en rendre compte par les remarques qui suivent et qui aident à prouver des choses que la revue Planning n'avait point du tout l'in­tention de prouver.

Plus de production avec moins d'employés

Dans l'espace d'une année, de 1938 à 1939, la production annuelle a augmenté de 2,000 millions d'unités, et en même temps le nombre d'employés diminuait de 9,000. Voilà donc 9,000 hommes qui perdaient leur source de revenus pendant que la production augmentait. Qui achetait la produc­tion augmentée? Toujours pas ces 9,000 hommes. Heureusement que la guerre est venue à leur se­cours!...

Ce n'est pas depuis 1938, ni même depuis 1930 seulement, que les développements dans l'emploi de l'énergie solaire à la place de la force musculaire éliminent beaucoup de labeur hu­main de la production, tout en augmentant celle-ci. Il serait intéressant, par exemple, de comparer le nombre d'hommes nécessaires en 1920 pour produire 5,000 millions d'unités électriques, avec le nombre d'hommes nécessaire en 1941 pour en produire 32,000 millions.

Et comme c'est le cas, non seulement dans l'industrie électrique, mais dans toutes les indus­tries progressives, comment peut-on encore s'at­tacher à la politique de l'embauchage intégral pour distribuer un peu de bien-être dans toutes les familles? La poursuite de l'embauchage inté­gral est diamétralement contraire au but du progrès. L'embauchage intégral n'est bien à sa place que pendant la guerre, lorsqu'on détruit en vi­tesse à mesure qu'on produit.

Il y a telle chose que le chômage technologique, qui devrait s'appeler loisirs, fruits du progrès. Mais ça s'appelle misère noire, tant qu'on n'a pas une technique monétaire adaptée qui per­mette à l'homme de bénéficier de la production de la machine.

A n'achète plus A plus B

Voici une autre phrase de Planning, une perle à cueillir par les créditistes.

"Les salaires et les gages distribués par l'entreprise ont atteint près de 18,6000,000 livres sterling. Les revenus des ventes de l'énergie se sont élevés à 94,733,000 livres sterling."

En d'autres termes, l'entreprise a distribué 18.6 millions de pouvoir d'achat, et le prix glo­bal de son produit a été de 94.7 millions.

Si 18 peut acheter 94, nous consentirons à croire les économistes qui affirment que la pro­duction finance automatiquement la consomma­tion.

Voici une industrie qui donne 18 pour acheter, et qui place 94 dans les prix des choses produi­tes par ceux qui ont reçu 18.

Comme le remarque le major Douglas, ce n'est pas un cas isolé.

Toutes les industries en sont là. Pas une seule industrie ne tiendrait longtemps si elle ne pom­pait plus d'argent qu'elle en distribue.

Si chaque industrie, prise séparément, distri­bue moins d'argent qu'elle en rappelle dans ses prix, comment toutes les industries prises ensem­ble peuvent-elles distribuer un pouvoir d'achat total égal au total des prix?

Appelons A l'argent qui atteint le public ache­teur en cours de production. Si A est inférieur aux prix, comme le prouvent les statistiques et comme le savent très bien les ménagères, c'est que, dans les prix il y a autre chose que A.

Si cette autre chose s'appelle B, c'est-à-dire si l'on appelle B l'argent qui est dans le prix mais qui n'est pas dans la poche du consommateur, on pourra écrire:

Pouvoir d'achat           A

Prix des produits         A + B

Comme A ne peut acheter A + B, si l'on veut que la production atteigne les consommateurs, il faudra distribuer d'une autre manière que par les gages et salaires la partie B qui manque aux consommateurs.

C'est ce qu'ont toujours enseigné les créditis­tes. C'est ce que corrobore, sans le vouloir, l'ar­ticle de Planning qui aime le Crédit Social à peu près comme le diable aime saint Michel.

Mais, comment s'achète B?

Mais, demandera-t-on, comment le Grid a-t-il pu vendre pour 94.7 millions?

C'est expliqué depuis longtemps par Douglas. L'industrie se maintient, grâce à des injections de crédits-prêts: à l'industrie pour des expansions nouvelles; aux gouvernements, pour la guerre ou, en temps de paix, pour des projets publics; à l'exportation, par des avances à l'étranger; etc.

Mais ces crédits créent des dettes, puisqu'ils naissent sous forme de prêts. Les dettes sont si­gnées par des gouvernements ou des industriels, puis passées par eux, dans les taxes ou dans les prix, aux contribuables et aux consommateurs.

C'est pourquoi la masse du peuple ne bénéficie guère du progrès matériel, pourtant phénoménal. C'est pourquoi le progrès hypothèque lourde­ment, et finit par faire disparaître graduellement, la propriété modeste et la petite industrie indépendante, l'agriculture y comprise. Le progrès sè­me ainsi plus de larmes que de bonheur.

B s'achète donc par des dettes, des chaînes, des guerres, des ruines.

Crédit Social renversé

Il y a nécessairement émissions de crédit, de l'argent nouveau, au moins dans une certaine mesure, pour faire face aux développements nouveaux. Mais, sous le système établi, ces émis­sions se traduisent en dettes et en saignées, au lieu de se traduire en dividendes et en distribu­tions de l'abondance.

C'est le Crédit Social renversé; parce que c'est le fruit du progrès littéralement volé par des in­dividus qui foulent aux pieds tout objectif so­cial, qui considèrent la société organisée comme leur champ d'exploitation.

Louis Even

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