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En marge d'un canard

le mardi, 15 septembre 1942. Dans La vie créditiste

On se rappelle la nouvelle lancée dans les journaux, en juillet dernier, à l'effet que la police provinciale, la gendarmerie royale et les tribunaux devaient intervenir dans la comptabilité de l'Association Créditiste. Même La Terre de Chez Nous — pourquoi donc ? — avait cru bon de participer à l'orchestre. Voici ce que, à ce sujet, un secrétaire local de l'U.C.C., M. Josaphat Lapierre, de La Sarre, écrivit à la Rédaction de La Terre de Chez Nous. Comme la réponse de la centrale ne l'a pas tout à fait satisfait, il nous communique son texte pour publication.

* * *

La Sarre, le 28 juillet 1942

Secrétariat de l'U.C.C., 525 Avenue Viger,

Montréal.

Messieurs,

En lisant le journal La Terre de Chez Nous du 22 juillet dernier, je tombe tout à coup sur un article intitulé "De la monnaie Créditiste en circulation dans notre Province".

Je suis tout à fait surpris d'une nouvelle aussi en retard et aussi ridicule que celle-là. Est-ce que l'Association Créditiste aurait émis du papier-monnaie, avec un chiffre bien en vue lui conférant une valeur négociable à qui que ce soit ?

Ne serait-ce pas plutôt un simple papier, au moyen duquel un membre de l'Association Créditiste transporterait à un autre membre de la même Association, comme partie du paiement de son achat, le droit à de la production offerte par tout autre membre ? Simple convention opérant entre des personnes qui s'associent librement.

Aime-t-on mieux que personne ne puisse rien échanger sans l'intermédiaire d'un moyen d'échange grevé dès sa naissance d'une servitude envers les banques ?

Les créditistes apprennent à régler des problèmes eux-mêmes, en s'entendant entre eux. Est-ce donc si mal ?

Si nous attendons que le gouvernement fédéral, en partie formé de financiers trustards, vienne au secours des miséreux et considère sérieusement le problème des grosses familles ; par exemple, nous risquons bien de ne connaître aucun changement, sinon pour le pire.

Moi qui croyais que l'U.C.C. avait été fondée pour venir en aide à la classe pauvre et aux travailleurs du sol, je suis vraiment déçu de constater qu'elle se mêle au jeu des trustards qui ne semblent plus avoir d'autre alternative, pour tenter de tuer le mouvement du Crédit Social, que de faire passer les créditistes pour des hors-la-loi.

Je faisais remarquer à M. Samuel Audette (vice-président de l'U.C.C.), de passage à La Sarre ce matin, que la direction de l'U.C.C. devrait plutôt encourager ses membres à faire l'étude de cette doctrine, au lieu de leur défendre même d'en parler dans leurs réunions. On objecte que le Crédit Social est un parti politique et qu'il est défendu aux membres de faire de la politique dans leurs réunions. Ce serait très bien, parce que la politique de parti est devenue tellement pourrie, si l'on prouvait d'abord que les créditistes de la province de Québec organisent un parti politique. Le Crédit Social n'est-il pas plutôt, comme l'U.C.C., un mouvement, une organisation indépendante des partis politiques ; encore mieux, indépendante même des gouvernements et de leurs octrois ?

Les créditistes n'ont jamais attaqué, que je sache, l'Union Catholique des Cultivateurs. Loin de là, ils ont toujours prêché l'union et la bonne entente, tout comme l'U.C.C.

À titre de secrétaire local des deux organisations, l'U.C.C. et l'Association Créditiste — je me suis toujours fait un plaisir d'encourager les cultivateurs à faire partie des deux mouvements, croyant qu'ils pouvaient aller de pair. L'un unit les cultivateurs, comme tels, pour mieux régler leurs problèmes agricoles ; l'autre les unit comme consommateurs, pour mieux régler leurs problèmes d'échange. Me faudrait-il maintenant découvrir que le Crédit Social a un ennemi de plus, dans la direction de l'U.C.C. ? À Dieu ne plaise !

S'il en était ainsi, il est un vieux proverbe qui dit que "nul ne peut servir deux maîtres". Si l'on veut mettre les cultivateurs en demeure de renoncer à être créditistes pour être ucécistes, je ne me tromperai pas en affirmant que, dans ce coin-ci au moins, les créditistes l'emporteront sur les ucécistes. Je sais parfaitement bien qu'à La Sarre, où le mouvement du Crédit Social prend de l'ampleur chaque jour, au moins 85 pour cent des cultivateurs sont des créditistes convaincus et ne seront pas faciles à détourner. Mais pourquoi faudrait-il mettre en conflit deux mouvements qui, chacun dans leur ordre, tendent au bien commun ? Ce serait maladroit.

La Direction devrait y penser deux fois avant de publier des canards qui n'ont ni queue, ni tête, inspirés par la haine et publiés dans le but, non pas d'aviser sagement les gens, mais pour jeter à la face des créditistes le venin de ceux qui, par ignorance ou méchanceté, ne pensent pas comme eux.

Je puis ajouter de plus qu'à La Sarre, les créditistes ont une organisation qui peut vous mettre en branle dans quelques heures toute la paroisse et une partie de ses environs. À preuve, l'organisation d'une assemblée monstre, par la Ligue de la Défense du Canada, quelques jours avant le plébiscite, et dont furent témoins M. Samuel Audette et M. Philippe Girard, ainsi que plusieurs autres orateurs étrangers. C'est l'organisation créditiste locale qui se chargea des préparatifs.

Tous les membres de l'U. C. C. de La Sarre, au nombre de 80 — et dont 2 seulement ne sont pas ouvertement créditistes, pour des raisons majeures — désireront certainement lire une mise au point, dans votre journal, au sujet de cet article qui en a froissé un grand nombre au point de ne vouloir pas renouveler leur cotisation et leur abonnement à La Terre de Chez Nous.

Je vous laisse donc réfléchir sur ces quelques considérations qui sont certainement d'importance pour la conduite ou la faillite de l'U. C. C. dans La Sarre.

Sans haine, ni amertume, je me souscris,

Votre tout dévoué,

Josaphat Lapierre,

Sec. de l'U. C. C. à La Sarre.

P. S. — Une réponse appropriée à cette lettre serait très appréciée. J'espère qu'elle nous sera favorable ; sinon, cette lettre pourra paraître dans le journal Vers Demain, qu'une grande partie de la population d'ici et d'ailleurs reçoit et lit attentivement.

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