1. Qu’est qu’un dividende?
Le dividende est une somme d’argent versée à un capitaliste; l’argent qu’il a placé est devenu productif, il a droit à une reconnaissance.
Il est à remarquer que dans le dividende, il n’y a pas la moindre idée de travail de la part de celui qui le reçoit.1
2. Vous venez d’expliquer le dividende d’un capitaliste, mais un Dividende Social c’est quoi?
Le Dividende Social c’est une part de l’abondante production d’un pays distribuée à tous les citoyens de ce pays.
Pourquoi? Parce que le pays est prospère.
Pourquoi à tous les citoyens? Parce que tous sont membres de cette société, et que tous possèdent au même degré un capital réel communautaire.2
3. Qu’est-ce que ce capital réel communautaire?
C’est un capital réel, mais par nature communautaire.
C’est le cas, par exemple, des ressources naturelles d’un pays: forêts, cours d’eau, force hydraulique de chutes ou de rapides, gisements miniers, nappes souterraines d’huile.
Ces choses ne sont pas le résultat du travail des personnes, leur exploitation pourra l’être, mais pas leur existence.
Ces ressources naturelles, gratuités du Créateur, sont un capital réel, mais communautaire. Le plus gros facteur actuel de production est un capital réel, qui appartient à tout le monde.3
4. Les richesses naturelles sont donc un gros facteur de production?
Bien entendu! Si le cours d’eau n’existait pas, nous ne pourrions pas en tirer de l’énergie électrique.
Si la forêt n’existait pas, la personne la plus laborieuse ne pourrait en tirer du bois de construction, ni du papier, ni la foule des autres produits forestiers. Et si les gisements miniers n’existaient pas, nous aurions beau creuser la terre, nous n’en tirerions aucun minerai.
Si en elles-mêmes les ressources naturelles ne peuvent satisfaire directement nos besoins, elles constituent quand même déjà une richesse, dont on peut extraire des produits adaptables aux besoins humains.4
5. Les citoyens de chaque pays auraient donc des droits sur les richesses naturelles de leur pays?
Oui! Les richesses naturelles sont un bien communautaire, un bien qui appartient à toute la population. La population, ce n’est pas une abstraction, ce sont toutes les personnes, hommes, femmes et enfants. Les richesses naturelles sont leur propriété, à tous.
Personne ne peut dire: «C’est moi qui alimente ces chutes d’eau en évaporant l’eau des mers et des lacs et en la condensant en pluie.» L’existence des forces naturelles sont un don de Dieu pour tous.
6. Le Dividende Social est donc basé sur cette part commune des ressources naturelles?
Oui! Et il y a encore la science, le progrès. La production dépend aussi du progrès, de l’héritage culturel acquis à travers les générations.5
7. Qu’est-ce que l’héritage culturel?
Ce sont toutes ces acquisitions accumulées et transmises d’une génération à l’autre. C’est le savoir-faire grossi à travers les siècles. C’est l’ordre social, la division du travail. Toute cette richesse constitue un capital immense au service des vivants actuels.
8. Les citoyens ont-ils encore des droits sur cet héritage culturel?
Mais oui! Ce capital n’est certainement pas la propriété de quelqu’un plus que des autres. C’est un riche héritage commun et les héritiers sont tous les vivants.
Le travail aura toujours droit à sa récompense et personne ne songe à la lui refuser. Mais le propriétaire de cet actif culturel commun, c’est-à-dire chaque membre de la société, conserve tout de même son titre et ses droits.
Grâce à la science appliquée, grâce au progrès, avec moins de matière première et moins de travail, les produits augmentent et s’améliorent. N’est-il pas juste que les héritiers en aient leur part?6
9. Y a-t-il d’autres facteurs qui constituent notre capital réel communautaire?
Oui! La vie en société. Si des individus se mettent ensemble pour former une société, c’est pour faire mieux, plus facilement, plus vite, avec moins de fatigues, des choses qu’ils s’accordent à trouver utiles et nécessaires.
Parce que les humains vivent en société les produits sont plus abondants. La vie en société est un bien productif, un autre capital réel qui appartient à tout le monde.7
10. Pourriez-vous nous montrer la différence entre la production individuelle et la production réalisée par une société?
Oui! Nous allons regarder ensemble les deux types de production. Prenons l’exemple de la vie individuelle de Robinson Crusoé: Robinson grattait la terre de son île pour y semer quelques graines, fabriquait des urnes en terre cuite, essayait de garder en domesticité des chèvres sauvages.
Il travaillait exclusivement pour lui-même, pour se maintenir en vie le plus longtemps possible. Production individuelle dans son objet et ses méthodes.
Regardons maintenant la production dans la vie en société: nos pays industrialisés bénéficient de sources collectives d’énergie, de moyens publics de transport; ils utilisent la division du travail, la spécialisation. Production beaucoup plus étendue dans ses méthodes comme dans sa destination.8
11. Qu’arriverait-il s’il n’y avait plus de vie en société?
Imaginons que la vie en société cesse: chacun s’en va de son côté; on ne se parle pas; plus d’achat ni vente; chacun doit produire tout ce qu’il lui faut pour vivre, nourriture, vêtements, maison, outils; il n’y a plus d’école, plus de livres, plus de rapports entre nous, plus de routes ni ponts.
Chacun aurait beau travailler de toutes ses forces, la production totale serait bien différente.9
12. Pourriez-vous nous résumer les 3 facteurs du capital social communautaire?
1. Les richesses naturelles10
2. Le progrès, l’héritage culturel
3. La vie en société
13. Mais qu’est-ce que ça me donne d’être propriétaire d’un capital social communautaire?
Quand ce capital devient productif, il doit fournir un revenu à ses propriétaires, sans pour cela supprimer la récompense due à ceux qui le mettent en valeur.
14. Nous sommes réellement propriétaires, héritiers de ce capital social communautaire?
Oui! C’est tout le monde de la génération actuelle qui est propriétaire de ce que nous ont légué les générations précédentes.
Les perfectionnements accomplis d’une génération à l’autre; les inventions qui se sont succédées, l’une servant de marche vers une autre plus parfaite; la science appliquée, le plus grand facteur de production, le principal capital réel de la production moderne: c’est là un capital communautaire.
Personne vivant aujourd’hui ne peut dire: “C’est à moi, tout cela. C’est moi qui ai inventé la roue, le levier. C’est moi qui ai trouvé le moyen de faire de l’électricité avec des chutes d’eau. C’est moi qui ai inventé les moteurs à explosion qui permettent à des automobiles de rouler sur toutes les routes et à des avions de sillonner les cieux. Moi qui ai mis la chimie au service de l’industrie.”
Non, non. Tout cela est le fruit progressif de générations de chercheurs, d’inventeurs, d’ingénieurs, d’artisans.11
Les richesses naturelles, le progrès, ne sont la propriété exclusive d’aucun être vivant, nous en sommes tous cohéritiers au même titre.12
Voilà une des raisons pour lesquelles nous réclamons un dividende périodique à chaque citoyen, du berceau à la tombe, puisque chaque citoyen a sa place dans la société, du berceau à la tombe.13
On ne vit pas en société pour que ce nécessaire soit plus difficile à obtenir, mais pour qu’il soit plus facile. C’est donc le devoir de la société bien organisée de veiller à ce que chacun de ses membres soit au moins assuré du minimum nécessaire à la vie.14
Si l’association rendait plus difficile l’accès au minimum vital, sa désintégration commencerait immédiatement.
Les ferments de révolte, de désordre, de dislocation dans les sociétés contemporaines proviennent justement de la difficulté d’un trop grand nombre à s’assurer un minimum vital, surtout en face des énormes possibilités de production qui frappent tous les yeux.15
1). Vers Demain, 1er oct. 1959, Dividende mensuel à chaque citoyen
2). Vers Demain, 1er mai 1947, Dividendes et politiciens
3). Vers Demain, mars 1971, Société de capitalistes
4). Vers Demain, 15 oct. 1962, Les richesses naturelles
5). Vers Demain, août 1968, Vingt millions de Capitalistes
6). Vers Demain, 1er janvier 1945, Héritage commun et ses héritiers
7). Vers Demain, 1er décembre 1945, Part assurée à tous et à chacun
8). Vers Demain, 1er mai 1947, Pour une économie sociale
9). Vers Demain, 15 oct. 1950, Pourquoi un dividende à tout le monde
10). Vers Demain, 15 octobre 1962, Les richesses naturelles
11). Vers Demain, 1er nov. 1958, Tous capitalistes, à tous un dividende
12). Vers Demain, août 1968, Vingt millions de capitalistes
13). V.D., 15 octobre 1950, Pourquoi un dividende à tout le monde
14). V.D., 1er février 1945, Minimum de sécurité, maximum de liberté
15). Vers Demain, 15 janvier 1943, Minimum vital