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Dignité et Liberté de la Personne

le mardi, 01 janvier 2019. Dans Dividende Social

44. Pourquoi aurait-on besoin d’un revenu garanti pour préserver la liberté et la dignité de la personne?

Toute personne tient à sa liberté, mais tant qu’elle n’a pas d’abord son minimum vital, la liberté ne lui est qu’un vain mot.

La personne rampera, passera par des avanies humiliantes, tant qu’elle n’aura pas le minimum vital; une fois qu’elle a obtenu ce minimum vital, la personne qui se respecte acceptera des privations, renoncera au bien-être, au confort, plutôt que d’aliéner sa liberté.

C’est pourquoi les exploiteurs, tant dans la politique que dans l’industrie, réagissent dès qu’il est question d’assurer socialement le minimum vital à chaque membre de la société. 1

45. Qu’est-ce que le minimum vital?

C’est un minimum de sécurité économique, au moins le nécessaire pour vivre. Certains besoins humains sont essentiels, et s'ils ne sont pas satisfaits, la vie ne peut continuer.

D'autres sont moins essentiels, mais d'une grande utilité pour l'embellissement et l'épanouissement de la vie.

D'autres enfin semblent purement surérogatoires, tout en demeurant parfaitement légitimes. 2

Devant les strictes nécessités de la vie, tout le monde est égal. Aussi, ne peut-on approuver un régime économique et social qui permet à certains de ses membres de manquer du nécessaire, alors que d'autres nagent dans le superflu. 3

Le minimum vital, c'est un minimum de pouvoir d'achat entre les mains de chaque personne.

C'est possible, c'est facile, c'est nécessaire avec la production mécanisée actuelle. 4

46. Qui doit assurer le minimum vital à chaque personne?

C’est le devoir de la société bien organisée de veiller à ce que chacun de ses membres soit assuré au moins de ce minimum nécessaire à la vie.

La sécurité économique, l’assurance du nécessaire, est une chose.

La liberté de choix de la personne en est une autre.

La liberté, pour être réelle, suppose d’abord un minimum de sécurité économique. 5a

47. Mais la charte des droits et libertés n’a-t-elle pas été instituée pour ça?

La société proclame que chacun a le droit de vivre, mais elle ne fait aucune loi pour garantir ce droit.

Et les sociétés civiles ne sont point attentives aux besoins de chacun de leurs membres.

Même dans les pays d'abondance, l'argent n’est pas réglé d'après les besoins humains, ni d'après la possibilité physique de satisfaire ces besoins. L’argent est réglé selon les profits financiers.

C'est là un mépris de la personne humaine et une dérogation au plan de Dieu, créateur de toutes sources de richesses. Les biens doivent être à la disposition de tous. 6

48. Comment nos sociétés vont-elles assurer ce minimum vital?

Il faudrait évidemment apporter certaines modifications assez radicales. Non pas dans la manière de produire, ni dans la propriété des moyens de production, mais dans le système financier.

L’ingénieur écossais Douglas, a énoncé des propositions qui présentent un mode de distribution qui ferait de l’argent le serviteur des réalités.

L’application de ces propositions, connues sous le nom de Crédit Social, garantirait la distribution à tous d’une part de la grande production moderne. Elle le ferait d’une façon stable et permanente.

Ce serait donner aux humains la préséance sur l’argent. Ce serait reconnaître la primauté de la personne humaine; primauté admise en principe, mais que nul gouvernement, jusqu’ici, n’a bien traduite dans le concret.

49. Quand le gouvernement accorde des subventions pour maintenir des emplois, n’apporte-t-il pas une sécurité du revenu aussi efficace que le Dividende Social?

Le gouvernement accorde ou refuse les subventions, souvent d’après des calculs électoraux.

Et il met des conditions. La politique de subventions fait des ficelés, des asservis.

La politique du Dividende Social fait le contraire. Elle fait des personnes libres. Libres, parce qu’ayant l’argent pour faire bouger les bras et les choses, nous n’avons pas besoin de nous tourner vers le gouvernement.

Personnes libres, parce qu’elles peuvent elles-mêmes financer leurs propres institutions, pour atteindre leurs propres fins. 7

50. Que répondez-vous aux gens qui crient à l’inflation, dès qu’on parle de Dividende Social?

Pourquoi les mêmes gens ne crient-ils jamais à l’inflation quand on parle de subventions?

S’il y a des choses et du travail pour répondre à l’usage des subventions, n’y a-t-il pas les mêmes choses et le même travail pour répondre à l’usage du Dividende Social? 7

51. Vous voyez donc une différence entre les subventions et le Dividende Social?

La différence serait grande dans le résultat. La subvention fait un bénéficiaire obligé; le Dividende Social laisserait un citoyen libre.

La subvention fait un gouvernement tuteur; le Dividende Social, un gouvernement serviteur.

La politique de subventions prête le flanc aux faveurs à des amis du parti au pouvoir, et cela au détriment du reste des citoyens, puisque les subventions sont financées par des taxes.

Le Dividende Social traite royalement jusqu’au plus modeste des citoyens; et ses frais sont faits par le progrès, par la science appliquée, mise au service de la personne, de toutes les personnes.

Sans doute que le dividende s’exprime en argent; mais l’argent à cette fin est tiré du progrès, de l’immense production actuelle et potentielle. Avec la réforme économique du Crédit Social, le problème financier n’existe pas quand le problème de la production n’existe pas.

Le secret est très simple: le Crédit Social fait de l’argent une comptabilité en rapport avec la production au lieu de limiter la production à une comptabilité destinée surtout à endetter les individus et les gouvernements. 7

52. Le Dividende Social pourrait donc être ce minimum vital qui garantirait la liberté et la dignité de la personne?

Oui! Et c’est ici que nous touchons au caractère incomparable du Dividende Social comme mesure de sécurité sociale, la seule mesure de sécurité sociale qui ne lie et n’humilie personne. 5b

Le pain garanti, sans autre condition que l’existence de ce pain, ferait des êtres libres. Cette garantie du nécessaire, cette sécurité économique du jour et du lendemain, devrait être le premier fruit du progrès.

Le Dividende Social à tous, de la naissance à la mort, procurerait enfin à l’humanité ce beau fruit du progrès. 8


 

1). Vers Demain, 15 janvier 1943, Minimum vital

2). Vers Demain, 1er mai 1947, Des biens pour tous les besoins

3). Vers Demain, 15 juillet 1950,  La priorité au nécessaire

4). Vers Demain,  1er avril 1940, Le minimum vital

5a, 5b). V.D., 1er février 1945, Minimum de sécurité, maximum de liberté

6). V.D., 15 septembre 1961, Du pain pour tous, à tous du pain 

7). V.D., 1er  novembre 1949, Ficelles et libertés, octrois et dividendes

8). V.D., 1er  septembre 1953,  Ce rongeant souci du lendemain

 

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