Les extraits suivants sont de l'ouvrage du chanoine Michel Pflieger, Le vrai chrétien en face du monde réel.
"Pour se mettre à couvert contre le danger du bolchévisme, il ne s'agit pas de pouvoir opposer des millions de soldats aux onze millions de soldats de l'armée rouge ; il s'agit de savoir si, à la solution purement matérialiste de la détresse sociale tentée par le bolchévisme russe, nous pouvons opposer une solution meilleure à base d'humanité chrétienne.
"La faiblesse, l'irrésolution de l'Europe chrétienne en face de la détresse humaine est déconcertante... Tant que l'Europe chrétienne, au milieu de la rationalisation des entreprises, ne trouvera rien de mieux à offrir au travailleur en chômage que de le jeter sur le pavé, ou lui faire mendier un secours provisoire en attendant qu'il meure de faim avec sa famille, la solution russe d'une famine devant laquelle tous sont égaux présentera encore l'attrait de la justice.
"Tant qu'il y aura, dans nos pays chrétiens d'occident, des individus touchant des appointements princiers, qui feraient vivre 50 à 100 familles d'ouvriers, pendant qu'à côté, et dans la même ville, des centaines, des milliers, des centaines de milliers se logeront dans des réduits sans mobilier ni feu... tant que chez nous, ce sera le profit, et le seul profit de l'entrepreneur qui décidera du travail et du chômage, le plan économique russe passera pour idéal.
"Aussi longtemps que nous prêcherons aux pères de famille chrétiens contre la stérilité volontaire et contre le système du fils unique, sans tâcher de lui ménager une aide financière décisive, nos sermons ne serviront à rien.
"Citant une revue hebdomadaire (Schœnere Zunkunft du 4 octobre 1936), le prince de Hohenlohe-Schillingsfürst se demande comment l'Espagne a pu en venir aux excès du bolchévisme. Après avoir mentionné successivement un certain caractère oriental de la population, la propagande sournoise de Moscou, le philosophisme, l'ignorance populaire, il glisse à la dérobée cette petite phrase : "Il faut dire aussi que la sobre endurance du paysan fut, hélas ! trop méchamment exploitée par des propriétaires fonciers sans conscience."
"Or ceux qui connaissent le pays savent justement que c'est là la cause principale de la bolchévisation avancée du pays, absolument comme au Mexique d'ailleurs... L'effroyable explosion de haine d'un peuple irrité jusqu'à détruire ses églises, à massacrer ses prêtres et ses religieuses, n'exprime pas seulement une impiété contre Dieu, attisée par Satan ; non, ce Satan a pour appui l'amour et la haine d'un peuple perpétuellement déçu qui finit par haïr surtout ceux dont il a vainement attendu le plus d'amour.
"Nous combattons le bolchévisme en tant que brutale négation de Dieu et, en tant qu'adversaires du bolchévisme, nous allons nous ranger à côté de ceux qui actuellement défendent ces abus sociaux et économiques révoltants, ou tout au moins à côté de ceux qui n'ont plus la force morale nécessaire pour les supprimer. Cela mène à des confusions extrêmement regrettables.
"Nous autres, chrétiens, nous n'avons pas plus à profiter du voisinage de tels alliés que du bolchévisme lui-même. Comme nous courons toujours le risque d'être mal compris ou d'être dupes, tenons-nous sur nos gardes. Nous devons faire connaître notre opposition contre ces alliés indésirables, aussi nettement qu'à l'égard du bolchévisme."