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Commerce international et Crédit Social

Louis Even le samedi, 01 mai 1943. Dans Le Crédit Social enseigné par Louis Even

Quelqu'un nous demande comment, sous le régi­me créditiste, le commerce international pourrait continuer ? Si le Canada adoptait les propositions du Crédit Social pour l'émission de sa monnaie, comment pourrait-il acheter et vendre à l'étranger ?

La réponse est très simple : Exactement comme aujourd'hui, avec des obstacles en moins.

C'est le produit qui compte

Que notre argent soit en or, en argent, en cuivre, en nickel, en papier, en comptes de banque, ou en une autre forme de comptabilité, le blé canadien, le papier canadien, l'amiante canadien, l'aluminium canadien, le nickel canadien continueront d'être aussi bons et aussi recherchés des étrangers.

De même, les oranges de Californie ou de Flori­de, les bananes des Antilles, le coton des États-Unis, le sucre de Cuba, le caoutchouc de la Ma­laisie, les soies du Japon, le café du Brésil, etc., continueront d'être aussi bons et aussi appréciés par les consommateurs canadiens.

Le changement de mécanisme dans l'émission de l'argent ne changera absolument rien à cela. Les étrangers continueront de vouloir nos produits excédentaires et nous continuerons de vouloir leurs produits excédentaires. Rien donc n'empêchera les échanges de continuer comme auparavant. Mieux qu'auparavant, parce qu'aujourd'hui, à cause du manque d'argent domestique pour acheter les pro­duits domestiques ou importés, on essaye de ven­dre sans acheter. On vend pour avoir l'argent qui manque : On pousse donc l'exportation et on place des barrières à l'importation. Comme l'étranger, pris dans la même disette d'argent, agit exacte­ment de la même façon, il arrive que les barrières empêchent les échanges internationaux de bien fonctionner.

Sous un régime créditiste, le consommateur canadien ayant, automatiquement, grâce à son mécanisme monétaire amélioré, le pouvoir d'achat nécessaire pour prendre ce qu'il veut de la pro­duction tant importée que domestique, il ne songe nullement à barrer l'arrivée du produit étranger. Bien au contraire, il tient à recevoir de l'étranger autant de richesse qu'il en envoie à l'étranger.

Le mode de paiement

Mais comment se feront les paiements, si l'ar­gent créditiste canadien ne peut circuler à l'étran­ger ?

Exactement comme aujourd'hui. Voit-on l'ar­gent français, chinois, japonais, autrichien, italien, mexicain, bolivien, circuler en Canada ? Et voit-on l'argent canadien circuler en Suède, en Norvège, en Suisse, en Chine, etc. ?

L'argent ne circule bien que dans son pays d'ori­gine, quelle que soit la matière ou la manière dont il est fait. Ce qui traverse dans un sens et dans l'autre, c'est le produit.

Mais comment se fera le change pour le paie­ment ? Exactement comme aujourd'hui. Les paie­ments se font par lettres de change. Les lettres de change sont mises en vente pour exportateurs et importateurs dans les maisons de courtage ou dans les banques. L'écart entre les importations et les exportations détermine le cours de l'unité monétaire, c'est-à-dire la valeur de l'unité monétaire d'un pays par rapport à la valeur de l'unité mo­nétaire de l'autre pays.

Variation du cours du change

Ainsi, lorsqu'un produit canadien est exporté en France, un ordre de payer, une lettre de change est tirée sur l'importateur français. Disons une lettre de change sur Paris.

De même, lorsqu'un Canadien importe un pro­duit français, l'exportateur français tire ou fait tirer une lettre de change sur le Canada, disons sur Montréal.

Si plus de produits sont exportés vers la France qu'importés de France, il y a plus de lettres de change tirées sur Paris que de lettres de change tirées sur Montréal.

Dans le commerce des lettres de change pour faciliter les paiements, comme dans tout autre commerce, le produit rare augmente de valeur et le produit abondant baisse de valeur. Dans le cas où les lettres de change sur Paris sont plus abon­dantes que les lettres de change sur Montréal, les premières ont moins de valeur que les dernières. Les lettres de change sur Paris se trouvent dépré­ciées par rapport aux lettres de change sur Mont­réal, ou les lettres de change sur Montréal se trou­vent appréciées par rapport aux lettres de change sur Paris.

Les lettres de change sur Paris se soldant en francs et les lettres de change sur Montréal se soldant en piastres, il arrive alors que le franc est déprécié par rapport à la piastre ; ou, si l'on aime mieux, que la piastre est survalorisée par rapport au franc. L'importateur français devra donner plus de francs, ou l'importateur canadien donner moins de piastres. Le cours de la piastre sera haussé par rapport au cours du franc.

Une balance de commerce "favorable", plus d'exportations que d'importations, a donc pour effet de hausser le cours de l'unité monétaire du pays à exportations excédentaires.

L'effet normal de cette augmentation sera de diminuer, les achats faits par les Français qui de­vront mettre plus de francs qu'auparavant pour avoir le même nombre de piastres. D'autre part, le Canadien, bénéficiant d'un cours amélioré, obte­nant plus de francs qu'auparavant avec sa piastre, accentuera ses achats de produits français, ses im­portations. Il y aura donc tendance vers le renver­sement de la balance de commerce. Cette tendance diminuera l'écart entre importations et exporta­tions et ramènera le cours des deux unités au pair l'une par rapport à l'autre.

C'est ainsi que, normalement, lorsqu'il n'y a pas d'entraves ou d'interventions calculées, les impor­tations tendent à équilibrer les exportations, et les cours à osciller autour du pair.

La piastre créditiste

Tout cela n'a rien à faire avec la nature de l'ar­gent dans chaque pays. Si une piastre canadienne achète un minot de blé canadien, le Français qui achète du blé ne s'occupe pas de savoir en quoi est faite la piastre canadienne. C'est à l'intérieur même du pays que se détermine la valeur de l'unité monétaire par rapport aux produits de ce pays.

Sous ce rapport, un régime créditiste serait beaucoup plus scientifique que le régime monétaire anarchique d'aujourd'hui. Le volume de l'argent du pays demeurant, par définition même du Crédit Social, en parallèle avec la production du pays, le pouvoir d'achat de l'unité monétaire créditiste demeure à peu près constant. Et c'est un gros aléa d'enlevé aux échanges entre nations, alors que le règlement des factures peut n'avoir lieu que trois mois, six mois après le contrat de vente.

Pour plusieurs raisons donc, sous un régime créditiste, le commerce international ne serait qu'amélioré par rapport à ce qu'il est aujourd'hui.

Mais, évidemment, le commerce international serait ce qu'il doit être — un échange d'excédents. C'est dire qu'il aiderait les deux côtés et ne met­trait personne en pénitence. On ne connaîtrait plus, du moins pas dans le pays créditiste, l'absur­dité actuelle d'avoir à expédier l'excellence à l'étranger comme condition pour permettre aux nationaux de manger les restes.

Louis Even

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