L'article "Préparatifs de la seconde étape", publié en page 5 du présent numéro, donne une bonne idée de l'immensité de la besogne entreprise. S'il est, dans les diverses paroisses où est fondée l'Association, des hommes sur lesquels nous comptons pour la conduire à bonne fin, c'est tout d'abord le corps des officiers : le lieutenant, le comptable, l'officier de l'Association et l'officier de l'abonnement, avec les Voltigeurs plus ou moins nombreux qu'ils doivent veiller à lever pour collaborer avec eux.
Un bon officier ne fait pas toute la besogne par lui-même : il s'entoure d'hommes qui cherchent le même objectif et avec lesquels il partage l'ouvrage.
La grande faiblesse que nous déplorons dans la plupart de nos groupes, surtout des groupes nombreux, c'est la carence de meneurs, le manque d'hommes capables de prendre une responsabilité. L'un objecte sa timidité, l'autre son incompétence, un troisième n'a pas le temps. Aucun, évidemment, ne confesse lâcheté ou égoïsme, même si l'égoïsme et la lâcheté sont pour une grande part dans les abstentions.
Telle ville compte 600 abonnés au journal VERS DEMAIN. Demandez-leur s'ils veulent le Crédit Social : sauf une demi-douzaine de têtes fêlées qui doivent leur abonnement à l'importunité d'un ami, tous répondront affirmativement. Demandez maintenant leur concours pour former des cadres, pour se charger d'un petit travail de rien auprès de dix concitoyens abonnés comme eux : si, sur les 600, vous en trouvez 60 prêts à répondre tout de suite, cette ville ne ressemble pas aux autres, dites-nous son nom, nous la placerons au premier plan pour les réalisations créditistes.
Dans les paroisses de campagne, on en vient plus facilement à bout ; les trusts n'y ont pas encore fait autant d'esclaves, le cultivateur a encore le sens de la conduite de quelque chose, il n'est pas encore devenu l'automate numéroté qui entre à l'usine et en sort parce que le sifflet crie.
Des hommes, des chefs de file. Un sur dix abonnés. Il nous les faut pour couvrir tous les abonnés. En couvrant les abonnés, on couvre les associés ; et nous espérons bien qu'avant longtemps l'une et l'autre liste seront une seule et même chose.
Voici la circulaire qui, de Rouyn, a été envoyée aux 76 lieutenants de l'Association dans 76 paroisses de l'Abitibi et du Témiscamingue. Elle expose un programme de classement des abonnés que nous allons étendre à toute la province. La circulaire dit en même temps pourquoi :
Cher Lieutenant,
Rouyn, le 19 août 1942.
Nous commençons ces jours-ci, à Rouyn, l'organisation de l'économique.
Nous constatons qu'avant de passer à la seconde étape, il faudra d'abord établir les relations entre les marchands et les producteurs, non seulement sur le papier, mais dans des actes concrets d'achats et de ventes. Il faut, non seulement que les associés apprennent à acheter chez les marchands associés, mais aussi que les marchands associés apprennent à se fournir chez les producteurs associés, puis que les producteurs associés aient quelque chose de défini à offrir aux marchands.
Afin d'aller plus vite dans l'ouvrage, en mobilisant toutes les forces de l'Association, il nous faudra classer tous les abonnés de chaque place, comme la chose fut déjà faite, en plusieurs endroits, l'hiver dernier, pour des fins temporaires. Mais, cette fois-ci, nous envisageons une classification permanente pour faciliter toutes les activités d'organisation à mesure que le besoin s'en fera sentir.
Qu'un Voltigeur se charge de dix abonnés, que ces abonnés soient associés ou non. Chaque groupe comprendra donc un Voltigeur et dix autres abonnés. Le premier travail du Voltigeur consistera évidemment à associer ceux de ses dix abonnés qui ne le sont pas encore. Puis il les tiendra en règle, tant pour l'abonnement que pour la contribution, sans attendre les avis et autres démarches dispendieuses du bureau de direction.
C'est le Voltigeur qui passera à ses dix hommes les communications utiles, prendra d'eux toutes les informations requises par l'Association pour établir la seconde étape. Ce seront toujours ses dix hommes, du moins jusqu'à ce que l'un ou l'autre d'entre eux se détache pour devenir Voltigeur à son tour et prendre soin d'un groupe de nouveaux abonnés. La place vacante dans les rangs est alors remplie par un nouvel abonné.
Voyez donc immédiatement à lever le nombre de Voltigeurs voulus et procédez à la division des abonnés par dix pour chacun de ces Voltigeurs. Nous vous envoyons à cette fin la formule V-10, sur laquelle vous inscrirez les noms des Voltigeurs qui auront charge de dix abonnés. Faites cette liste en double, gardez-en une et envoyez-nous l'autre d'ici une semaine.
À chaque Voltigeur, vous donnez une formule 10-A, sur laquelle il inscrit les noms et adresses des dix abonnés dont il a la charge. En se référant à la liste des associés, que vous avez en main, le Voltigeur saura lesquels de ses dix hommes sont associés et lesquels ne le sont pas. Il veillera à ce que tous le soient sous peu.
Le Voltigeur gardera pour son propre usage cette formule 10-A, remplie. Pour vous, vous notez, sur la liste des abonnés, après chaque nom, le nom (ou les initiales) du Voltigeur auquel l'abonné est confié.
Profitez donc à plein de la journée de dimanche pour voir à ce classement et envoyez-nous votre rapport pour jeudi.
On devine que, ce classement terminé, l'ouvrage sera facilité pour le lieutenant, pour l'officier de l'abonnement et pour l'officier de l'Association. Ils n'auront plus qu'à voir de temps en temps les Voltigeurs, pour s'assurer que chacun d'eux tient ses dix hommes en règle. Les officiers resteront plus disponibles pour le travail de propagande.
Lorsqu'il s'agira de faire l'organisation préparatoire à la seconde étape, l'établissement des bureaux d'information et de liaison, chaque Voltigeur sera encore l'auxiliaire précieux pour prendre les renseignements auprès de ses dix hommes et pour les tenir au courant de tous les développements.
Nos lieutenants de partout peuvent commencer tout de suite à chercher des Voltigeurs pour cette classification, avant même de recevoir les formules. Nous procéderons par districts pour adresser les formules aux lieutenants ; mais la difficulté consiste bien plus à trouver les hommes qu'à écrire des noms. Qu'on s'y mette donc immédiatement. Nous apprécions particulièrement ceux qui savent lever des hommes et leur communiquer le sens de l'action et des responsabilités.
LA DIRECTION