Les journaux ont beaucoup parlé et parlent encore de la cinquième colonne, du groupe des ennemis intérieurs qui aident l'ennemi extérieur d'autant plus efficacement qu'ils sont sur les lieux.
Si vous espionnez, si vous cherchez à découvrir les préparatifs militaires secrets ( ?) du Canada pour les dévoiler à l'Allemagne, vous êtes un membre de la cinquième colonne. Nous croyons cette catégorie plutôt rare.
Si vous sabotez la production du pays, si vous travaillez à réduire le rendement agricole, à paralyser les usines, à immobiliser le transport, vous êtes évidemment membre de la cinquième colonne.
Le gouvernement fédéral a placé des gardes sur les ponts, à la porte d'édifices, en différents endroits où il y a précautions à prendre contre un sabotage possible.
Mais il y a un immense sabotage en cours, contre lequel nous ne voyons pas bien encore quelles précautions préventives sont prises.
Ce sabotage paralyse des centaines de mille bras, laisse rouiller des milliers de machines, immobilise des milliers de wagons, de camions, multiplie les tronçons impraticables sur nos voies de transport.
Ce sabotage amollit les muscles, engourdit les cerveaux et empoisonne les cœurs de la fleur de notre population.
Ce sabotage fait une entaille annuelle formidable — plus de cent mille êtres humains — dans l'accroissement naturel normal de la population du Canada.
Ce sabotage empêche la nutrition appropriée de ceux qui doivent exploiter, comme de ceux qui doivent à l'occasion défendre, les richesses de leur pays.
C'est ce même sabotage qui forçait au chômage des millions d'Anglais ou de Français pendant que l'Allemagne tout à l'ouvrage préparait les engins qui sèment aujourd'hui la terreur.
C'est ce même sabotage qui, aujourd'hui, en France, comme en Angleterre, comme au Canada, comme dans d'autres pays en guerre, fait hésiter des défenseurs de la démocratie qui se demandent quel régime de vie consacrera la victoire.
Le saboteur, le plus gros saboteur du Canada, celui donc qu'on devrait traduire le premier en cour et passer sans hésitation au peloton d'exécution, c'est le régime financier qui, en restreignant les moyens de paiement, limite la consommation, atrophie la production, désespère la génération qui s'en va, divise celle qui s'agite et anémie la jeunesse sur qui repose demain.
Les pires éléments de la cinquième colonne, c'est la petite clique qui, par le contrôle de l'argent et du crédit, exsangue notre vie économique, vend nos richesses à des teneurs de livres, endette le pays au régime de son expansion, empoisonne les relations politiques et sociales, étouffe tout idéal, décourage et abrutit toute une population.
Qu'on supprime sans pitié cette cinquième colonne. Mort au régime qui tue ! Au poteau, le saboteur !