Cette réforme contient en germe des conséquences incalculables pour la race humaine toute entière. Non seulement, grâce à elle, les troubles ouvriers cesseraient, faisant ainsi disparaître toute crainte de révolution ; mais elle changerait complètement aussi la nature du commerce international.
Au lieu d'une lutte sans merci qui ne diffère de la guerre que par la nature des armes employées, le commerce international deviendrait un échange amical d'excédents, avantageux pour chacun, ne causant de préjudice à personne.
Avec un commerce international assis sur des bases saines et amicales, toutes les causes les plus probables de guerre disparaîtraient. Les Nations pourraient se quereller autant qu'elles voudraient, — si elles trouvaient encore quelque motif de le faire. Désormais, elles ne mettraient plus en danger l'existence les unes des autres.
Les guerres ne sont pas provoquées par des querelles occasionnelles, mais par l'existence d'une menace permanente et par les armements conséquents à la préparation défensive et offensive.
Le plan de réforme pourrait être introduit à peine quelques semaines après son adoption par le pays. C'est une réponse suffisante à ceux qui, comme Ramsay Mac Donald, croient que l'on ne peut améliorer les conditions économiques qu'avec lenteur. Ce n'est pas vrai.
Le Gouvernement a le pouvoir de résoudre la question du chômage, de réduire les prix de détail bien au-dessous des niveaux de 1914, de mettre chaque citoyen à l'abri du besoin, de lui assurer la prospérité, et tout cela en moins d'une année, s'il voulait vraiment et sincèrement introduire cette réforme financière.
Il est inutile de dire que la Finance elle-même, sans un réel pouvoir productif derrière elle, ne peut absolument rien, n'étant en somme que de la comptabilité. Mais la puissance productive est là. Elle existe et elle est formidable. Elle ne demande qu'à être libérée de ses entraves. La guerre nous a donné une indication légère de ce dont elle est capable, mais rien qu'une indication. Les conditions n'ont jamais été favorables à un essai sincère. Mais donnez aux gens plus de pouvoir d'achat ; réglementez les prix de la manière qui est dite, et vous verrez alors des miracles.
Quoiqu'il en soit, bien que les propositions de Douglas apporteraient d'incalculables avantages à chacun en libérant cette formidable puissance de production de ses entraves, deux classes de gens y font obstacle : les ignorants, qui n'ont pas l'acuité d'esprit nécessaire pour en saisir le sens et la portée ; et les gens intelligents qui, tout en les comprenant parfaitement bien, ne poursuivent que leur passion de puissance et se rendent compte que leur règne malfaisant prendrait fin le jour où la réforme serait adoptée.
Si tous les citoyens étaient unis sur la politique financière, aucun pouvoir au monde, à Wall-Street ou ailleurs, ne pourrait les empêcher de mettre ce plan de réforme en pratique. Mais ceux qui contrôlent aujourd'hui le monde sont attentifs à éviter que cette union se fasse. Ils jouent la carte Capitalisme contre la carte Travail, et les deux cartes ensemble contre le consommateur. Et il n'y a aucun doute que l'influence occulte qui prépare et dirige tous les mouvements qui agitent le peuple et le maintiennent divisé politiquement et socialement, n'est pas autre chose que la Finance. Si la Finance ne maniait pas cette influence néfaste, l'on verrait que les intérêts du Capitalisme, du Travail et du Consommateur sont identiques. Et à moins que les trois ne s'unissent sur une politique financière définie, telle celle recommandée dans ces quelques pages, — ce qui serait à leur plus grand avantage réciproque, — l'aboutissement ultime est forcément une catastrophe.
Trois faits ressortent clairement de l'enquête ci-dessus :
Chaque Nation en regardera une autre, comme la cause du mal dont elle souffre, parce que la faillite du marché national sera imputée à la faillite des marchés étrangers et à la méchanceté des nationaux de la Nation rivale, plutôt qu'aux défauts du système de crédit et des prix dont elle devrait d'abord chercher la source chez elle.
Et comme dans les conditions actuelles la perte des marchés est, pour toutes les Nations, une question de vie ou de mort, elles se verront amenées malgré elles à se faire la guerre, tout en ayant les meilleures intentions du monde.
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