1940 est finie.
Au commencement de 1941, quel est l'actif de la province de Québec ? Quel est son passif ?
Des hommes qui offrent leur travail, des femmes, des enfants.
Des champs, des forêts, un sous-sol, des fleuves à faire envie au monde entier.
De la science, des écoles, des machines.
Du bon monde, une philosophie catholique, une Église capable de faire des saints.
Banque-pieuvre.
Dettes publiques et privées de plus en plus grosses.
Gouvernement esclave. Politiciens vendus.
Guerre.
Taxes insupportables.
Des francs-maçons, des communistes, des lâches, des endormis.
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Avec ce rapport sous les yeux, que pouvons-nous augurer de 1941 ?
Si les choses continuent comme elles vont au 31 décembre 1941, l'actif aura diminué son chiffre, et le passif, augmenté le sien.
Si les choses continuent comme elles vont... Les choses, mais, se conduisent-elles toutes seules, ou sont-elles conduites par des hommes ?
Par des hommes, sans doute. Lesquels ?
Qui sont ceux qui gouvernent la province de Québec ? Où sont les hommes qui dirigent nos destinées ?
Il y en a au Parlement.
Nos ministres, nos députés, ont-ils, durant l'année 1940, augmenté notre actif ou notre passif ? Ils ont augmenté notre passif. S'ils continuent avec les mêmes méthodes, durant 1941, ils augmenteront encore notre passif, et la faillite, l'an prochain, sera plus imminente, sinon réalisée.
Mais, notre régime est un régime démocratique. C'est le peuple qui choisit ses représentants.
Notre peuple donc, qui possède le pouvoir de se donner des directeurs, ne se félicite pas de la députation qu'il a lui-même élue. Cet acte de liberté qu'est le vote populaire a augmenté son passif. Le peuple, s'il continue à voter comme il l'a fait, travaillera lui-même à hâter sa faillite.
Les éducateurs chez nous, tous ceux qui tiennent une chaire quelconque, chaire d'église ou d'université, chaire de journal, de radio, de cinéma ou de tribune électorale, tous ceux qui conduisent l'opinion publique ont-ils enseigné la vérité, source de vie, ou l'erreur, source de mort ? Ces éducateurs ont-ils formé des volontés d'hommes ou des instincts de brutes ? Ont-ils donné l'exemple du courage et de la vertu, ou ne se sont-ils pas enfuis devant les menaces et courbés devant les présents et les honneurs ?
S'ils continuent, nos éducateurs, à ajouter au passif de la province, où arriverons-nous à la fin de 1941 ?
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Gouvernants, électeurs, éducateurs, où donc nous menez-vous ?
Chaque année nous découvre une plus grande misère, quelle sera l'issue de cette décadence ?
Y a-t-il, chez notre peuple, encore assez d'énergies pour que même à cette extrémité, nous résistions à la mort.
Nous le croyons.
Y a-t-il, parmi les énergiques encore assez de confiance les uns envers les autres pour permettre d'organiser une réaction ?
Certainement.
Y a-t-il chez les confiants, assez de persévérance pour maintenir un mouvement de lente transformation ?
Chez ces persévérants, y a-t-il assez d'amour pour sacrifier l'égoïsme à la réalisation d'un pur idéal ?
À nous de répondre, à nous qui voulons un changement dans nos vies, à nous qui aimons notre beau pays, nos compatriotes, à nous catholiques qui aurons à présenter à Dieu même le bilan de notre héritage catholique qu'est notre riche province de Québec.
Si nous continuons dans l'ornière de la cupidité, de la lâcheté et de la paresse, que pourrons-nous montrer au Maître, dispensateur des talents ? Ne craignons-nous pas qu'Il nous enlève bientôt ce qui nous reste, parce que nous aurons saboté le patrimoine ?
Si nous nous décidons à faire fructifier le bien paternel, rangeons-nous donc, tout de suite, sans hésiter, du côté des soldats qui espèrent, aiment et luttent.