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Avec les « Bérets Blancs » pour un monde meilleur

Louis Even le mardi, 01 janvier 2019. Dans Dettes & Déficits, Crédit Social

La politique de pression supérieure à la politique de partis

Le message des Bérets Blancs

Parler des « Bérets Blancs » n’est plus parler d’inconnus au Canada français. Qui ne les a vus, ces hommes et ces femmes, jeunes ou moins jeunes, allant de paroisse en paroisse, de maison en maison, avec un béret blanc sur la tête, un drapeau blanc sur leur auto, alertes, souriants, visiblement heureux de leur mission.

Béret blanc, drapeau blanc, mais portant des symboles sur ce fond blanc: un livre d’or, signifiant bien le travail d’éducation qu’ils accomplissent et qu’ils invitent les autres à accomplir. Puis, une flamme rouge, avec rayons d’or, signifiant non moins bien leur dévouement total, l’apostolat auquel ils se livrent, dans un but tout de charité; cela sans la moindre rémunération matérielle.

Que font-ils ainsi, de maison en maison? — Ils portent un message et invitent les gens à se joindre à eux, à faire au moins une petite part personnelle pour la réalisation du message qu’ils transmettent.

Quel message? — Le message d’un monde meilleur, d’un monde temporel rendant plus facile à tous, à chacun l’épanouissement de sa personne et la poursuite de sa destinée. Un monde dans lequel la vie sera moins âpre. Un monde dans lequel fleurira plus de fraternité entre les hommes. Un monde dans lequel la famille sera moins absorbée par les soucis du pain quotidien matériel, moins angoissée à la pensée d’un lendemain peut-être sans pain pour les enfants qui ont faim.

Primauté de la personne

Un monde meilleur: un monde dans lequel on reconnaît concrètement chaque être humain pour ce qu’il est véritablement: une personne. Une personne, donc la chose la plus haute dans l’univers visible.

Dans notre monde actuel, où l’argent et la puissance matérielle font la loi et inspirent les institutions, les Papes ont maintes fois senti le besoin de rappeler la primauté de la personne humaine.

Le Pape Pie XII l’a dit et répété :

«La personne humaine est au faîte de toutes les choses visibles, et tout doit être mis à son service.»

L’Église, dans son économie spirituelle, est toute au service de la personne. Les sacrements sont administrés à chaque personne individuellement. Le trésor spirituel de l’Église est largement ouvert à chaque personne; les conditions pour y puiser ne demandent que la volonté d’y puiser. Elle invite à puiser libéralement à l’abondance de ce trésor, où tout est gratuité.

Dans le temporel, c’est à la société civile d’organiser elle-même l’accès aux biens terrestres, dont la personne a besoin à cause de sa nature d’être ayant un corps en même temps qu’un esprit. Et l’Église rappelle aux peuples leur devoir à ce sujet. Le même Pape Pie XII le disait dans son fameux radio-message de la Pentecôte de 1941:

«Les biens créés par Dieu l’ont été pour tous les hommes et doivent être à la disposition de tous.»

Pas d’exception:

«Tout homme, en tant qu’être doué de raison, tient en fait de la nature même le droit fondamental d’user des biens de la terre.»

C’est un droit individuel et imprescriptible:

« Un tel droit individuel, continue le Pape, ne saurait en aucune manière être supprimé, pas même par l’exercice d’autres droits certains et reconnus sur des biens matériels. »

C’est bien des besoins matériels et des biens matériels que le Pape parle, et c’est aux pouvoirs civils qu’il rappelle leur devoir, ajoutant:

«C’est laissé à la volonté humaine et aux formes juridiques des peuples (c’est-à-dire aux législateurs) de régler plus en détail la réalisation pratique de ce droit.»

Le Pape Jean XXIII a repris ces paroles de Pie XII. Il insiste, lui aussi, sur cette primauté de la personne humaine dans l’organisation de la vie économique et sociale. Dans Mater et Magistra:

«Les êtres humains sont et doivent être fondement, but et sujets de toutes les institutions où se manifeste la vie sociale.»

Et encore, dans sa même encyclique Mater et Magistra:

«Le progrès social doit accompagner et rejoindre le progrès économique de telle sorte que toutes les catégories sociales aient leur part de produits accrus.»

Le Père Arès un Jésuite, a écrit dans « Relations »:

«L’homme dépasse en grandeur et en dignité l’État et tous les groupements sociaux. Il est la valeur suprême à laquelle tout doit être ordonné dans la vie sociale.»

Voilà ce que comprennent et proclament partout les Bérets Blancs et leur journal Vers Demain. C’est pour cela qu’ils vont à tous; ils vont aux personnes dans les maisons, au lieu de chercher, comme d’autres, des sièges honorifiques et payants dans les parlements.

La personne, au premier plan. Que ce soit un petit enfant qui vient de naître, ou un adulte, ou un vieillard, un homme bien portant ou un malade, un employé ou un chômeur, un diplômé ou un ignorant, chaque être humain est, individuellement, plus important que toutes les institutions, que tous les gouvernements du monde.

Pourquoi ? Parce que chaque personne est douée d’un esprit immortel, qui a une vocation à l’infini et à l’éternel. Ce qu’on ne peut pas dire de la plus grosse institution, du gouvernement le plus puissant.

Trahison du monde chrétien

Quel cas est fait de ces grands principes dans le monde actuel?

On ne peut évidemment s’attendre à voir la primauté de la personne humaine déterminer la politique économique et sociale des pays communistes. Les communistes ne croient ni à Dieu ni à l’âme immortelle. C’est pourquoi, pour eux, un homme vaut d’après son rendement, d’après son utilité pour le parti ou pour la collectivité. Les communistes sont après tout conséquents avec eux-mêmes: si l’homme ne dure que le temps entre sa naissance et sa mort, l’État communiste peut bien chercher à en tirer parti le plus possible.

Malheureusement, même dans nos pays chrétiens, tout en proclamant les principes, tout en rendant un hommage verbal à la primauté de la personne humaine, on s’en soucie souvent fort peu dans la pratique.

Ne voit-on pas généralement respecter bien plus l’homme qui s’enrichit que le pauvre sans le sou, que le chômeur sans emploi, que l’invalide incapable de travailler? On ne fera pas attendre un financier qui vient offrir ses capitaux, alors que c’est pour lui un moyen de s’enrichir davantage; mais on fera attendre des semaines, parfois des mois, quand ce n’est pas indéfiniment, un pauvre, un sans-revenu, qui sollicite une allocation d’indigence pour subsister et faire subsister sa famille.

On accueille comme un bienfaiteur le riche qui vient exploiter nos richesses naturelles avec le travail de nos gens; mais on fait sentir à l’indigent admis à une allocation qu’il est une charge à la société. Et on le suivra de bien près, avec enquête après enquête, non pas pour l’aider, mais pour voir si l’on ne pourrait pas suspendre ou diminuer l’aide qu’il obtient du bien-être social.

Pourtant, encore une fois, tous les hommes ont droit à une part des richesses que le bon Dieu a créées pour tous, et c’est un devoir de la société d’organiser l’ordre temporel pour la réalisation de cette fin.

Enseignement et formation

Le journal Vers Demain insiste souvent sur le droit de chaque personne à une part des biens terrestres, à une part des fruits du progrès. Et Vers Demain présente des propositions concrètes pour que cela se réalise: les propositions du Crédit Social. Non pas du parti qui a porté faussement ce nom et qui n’était qu’une recherche du pouvoir. Mais les propositions du Crédit Social authentique, énoncées par Douglas. Avec le dividende périodique à chaque citoyen, employé ou non employé, tout en continuant de récompenser le travail par le salaire aux employés, par le juste profit aux entrepreneurs.

Mais Vers Demain ne se contente pas d’expliquer et d’attendre. Il forme des hommes et des femmes qui dénoncent le système et ses injustices, la bureaucratie et ses lenteurs, et qui, même en dedans du régime actuel, exigent le règlement des cas de misère imméritée qu’ils rencontrent.

C’est là développer le sens des responsabilités personnelles. Or, la responsabilité est un des attributs de la personne, que les conditions actuelles tendent à atrophier.

L’industrie moderne, avec ses grosses entreprises, fait de centaines de milliers d’ouvriers, les simples exécutants de décisions prises par un petit groupe à la tête de l’entreprise. Ces ouvriers ne savent même pas à quoi servira le produit sorti de leurs mains, et ils n’ont pas le droit de s’en inquiéter s’ils veulent garder leur emploi. De plus en plus des hommes changés en robots.

La politique courante, la politique de partis, dépersonnalise également. Elle fait du citoyen un simple votant, manipulé par des organisateurs de partis, réduit à se taire et à payer ses taxes entre les élections.

On voit même des gens qui se réclament du nom de créditistes, mais traîtres au véritable crédit social, qui font comme les partis politiques. Ils ont bien à la bouche les mots de «liberté et dignité de la personne humaine», mais, eux aussi, n’attendent de ceux à qui ils s’adressent qu’une simple croix le jour du vote auprès du nom du candidat du parti!

Avec les Bérets Blancs

Un monde meilleur, vous en trouverez un exemplaire dans la phalange grandissante de ceux qui travaillent à le bâtir. Nos Bérets Blancs, les Pèlerins de saint Michel, le vivent justement, ce monde meilleur, dans leurs réunions, dans leurs activités, dans leur porte-en-porte. Vous n’avez qu’à assister à leurs réunions, qu’à vous joindre à eux dans leurs activités, pour vous en rendre compte.

Pour apprendre ce que sera un monde meilleur, un monde de vérité, un monde de fraternité, un monde de souci du bien des autres, venez avec les Pèlerins de saint Michel.

Si, au contraire, vous voulez apprendre ce qu’est un monde de mensonges, un monde d’égoïsme, un monde de compétition entre ambitieux, un monde de déception aussi pour ceux qui y accrochent leur espoir, et si vous voulez continuer à maintenir et empirer les conditions actuelles, tout en disant le contraire, allez aux partis politiques.

Les partis politiques se disputent le pouvoir. Ceux qui sont au gouvernement veulent y rester. Ceux qui n’y sont pas veulent y aller. Cette vieille formule n’a jamais donné au peuple ce qu’il en attendait. Ce n’est pas en changeant de gouvernement, ni en changeant pour un autre parti ancien, ou pour un parti nouveau groupant de nouveaux ambitieux ou des ambitieux ratés des vieux partis, qu’on obtiendra un monde meilleur.

Comme l’a bien écrit le philosophe thomiste Jacques Maritain:

«Ce qui presse aujourd’hui, ce n’est pas de mettre ses aptitudes au service de l’administration et des affaires du pays; c’est de travailler à la transformation de l’ordre temporel, pour le rendre plus humain, plus chrétien. Or, le social-chrétien étant inséparable du spirituel-chrétien, une telle transformation du temporel ne peut se produire de la même façon et par les mêmes moyens que les autres changements. Elle devra être fonction de l’héroïsme chrétien

Par le don de soi

L’héroïsme chrétien implique le don de soi, et ce n’est point cela qu’on pratique dans les partis politiques.

La transformation souhaitée pour un monde meilleur sera l’œuvre d’apôtres en politique, l’œuvre d’hommes et de femmes qui se dévouent, qui donnent de leur temps et de leur personne, et aussi, toujours selon le même auteur, qui provoquent, en eux-mêmes d’abord, une rénovation de la vie spirituelle et de la vie morale.

Voilà ce que s’efforcent de faire nos Pèlerins de saint Michel, les Bérets Blancs, avec sincérité et sans respect humain.

S’ils savent porter leur message de maison en maison, avec une charité inlassable, ils savent aussi se mettre à genoux, solliciter le secours du Ciel, dire leur rosaire et essayer de répondre au grand message donné par Notre-Dame elle-même à Fatima, au Portugal en 1917.

Et ils ne sont point tristes, ces Pèlerins. Ils sont joyeux comme des conquérants, tout le monde le remarque. C’est qu’ils ont confiance dans un monde meilleur, ils ont confiance dans la promesse de Marie faite à Fatima, que son Cœur Immaculé triomphera, et ce sera un monde meilleur pour tous, à l’heure que le bon Dieu voudra. Notre devoir, c’est de combattre; la victoire, c’est à Dieu d’en décider.

Vers Demain, 1er septembre 1963

Louis Even

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