En 1850, au tout début de la Révolution industrielle, l’homme faisait 20% du travail, l’animal 50%, et la machine 30%. En 1900, l’homme accomplissait seulement 15% du travail, l’animal 30%, et la machine 55%. En 1950, l’homme ne faisait que 6% du travail, et les machines accomplissaient le reste — 94%. Et nous n’avons encore rien vu, puisque nous entrons maintenant dans l’ère de l’ordinateur. Une «troisième révolution industrielle» a commencé avec l’apparition des transistors et de la puce de silicone, ou microprocesseur.
Regardez la caricature en page couverture: c’est un fait, le progrès — l’automation, les robots, la technologie — remplace de plus en plus le labeur humain. Les ouvriers ainsi remplacés par la machine se retrouvent sans emploi. La technologie est-elle donc un mal? Faut-il se révolter et détruire les machines parce qu’elles prennent notre place?
Non; si le travail peut être fait par la machine, tant mieux, puisque cela permet à l’homme de se consacrer à d’autres activités, des activités libres, des activités de son choix. Mais cela, à condition de lui donner un revenu pour remplacer le salaire qu’il a perdu avec la mise en place de la machine; sinon, la machine, qui devrait être l’alliée de l’homme, devient son adversaire, puisqu’elle lui enlève son revenu et l’empêche de vivre. Le Pape Jean-Paul II avait dit à Toronto, le 15 septembre 1984:
«La technologie a tant contribué au bien-être de l’humanité; elle a tant fait pour améliorer la condition humaine, servir l’humanité et faciliter son labeur. Pourtant, à certains moments, la technologie ne sait plus vraiment où se situe son allégeance: elle est pour l’humanité ou contre elle... Pour cette raison, mon appel s’adresse à tous les intéressés... à quiconque peut apporter une contribution pour que la technologie qui a tant fait pour édifier Toronto et tout le Canada serve véritablement chaque homme, chaque femme et chaque enfant de ce pays.»
Un dividende à chaque homme, chaque femme et chaque enfant du pays, afin de pouvoir acheter la production faite par la machine: voilà ce qui ferait véritablement la technologie servir tous les Canadiens, et faire de la machine l’alliée de l’homme.