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Aux antipodes du socialisme

Louis Even le jeudi, 01 janvier 1942. Dans Le Crédit Social enseigné par Louis Even

Il y a encore des gens qui prennent le Crédit Social pour une forme mitigée du socialisme, ou une tendance vers un collectivisme plus ou moins socialiste, vers un socialisme d'État.

Si ces gens-là ne sont pas de mauvaise foi, c'est parce qu'ils sont mal renseignés. Ils ne connais­sent pas ou ne comprennent pas le Crédit Social. Ils ne l'ont pas étudié, ou ils n'en ont pas saisi le firmament. Sans doute qu'ils regardent à travers un soupirail de cave. Ils cherchent des solutions dans la crypte de la rareté, alors que le Crédit Social se déploie sous le ciel de l'abondance.

Il est impossible de trouver fondées les propo­sitions du Crédit Social avant d'avoir d'abord ad­mis l'existence potentielle de l'abondance des biens nécessaires à la vie.

Ceux qui se croient encore dans un monde de rareté réelle n'ont que deux options : s'en tenir aux modalités actuelles du monopole financier qui impose la rareté au consommateur ; ou bien se tourner vers un socialisme plus ou moins pronon­cé, pour une répartition plus ou moins égale de cette rareté.

Le socialisme est une théorie pour la répartition de la rareté ; le monopole de l'argent est un systè­me pour le maintien artificiel de la rareté. Les deux ont donc en commun la philosophie de la rareté.

Le Crédit Social, lui, veut la libération de l'a­bondance ; c'est pour cela qu'il se met à dos et les maîtres de l'argent et les chefs socialistes.

60 pour acheter 100

Autrement dit, on a 60 pour acheter 100. D'où des difficultés interminables entre le côté des pro­duits qui exige 100 et le côté des besoins qui n'a que 60.

C'est le monopole de l'argent qui nous réduit à 60 pour acheter 100. Les socialistes veulent par­tager 60 également entre tous. Les unions ouvriè­res réclament une plus grosse part du 60, en pre­nant sur la part des patrons. Les créditistes, eux, veulent simplement ajouter 40 à 60, pour acheter 100 : ils laissent le 60 où il est et divisent le 40 entre tous les consommateurs.

Ajouter 40 à 60 : cette seule idée, très conforme à l'arithmétique, soulève la colère du monopole qui impose la rareté. D'où la haine implacable du monopole contre le Crédit Social.

Diviser un 40 supplémentaire entre tous les consommateurs bannit l'indigence absolue, accé­lère la production de biens utiles et supprime le besoin d'enrégimenter les hommes au service du gouvernement. La part supplémentaire ainsi re­mise à tout le monde améliore le sort des salariés qui jugeaient insuffisante leur part du 60. Autant d'effets qui brisent les armes du socialisme. D'où la jalousie des meneurs socialistes ou semi-socia­listes contre l'avènement du Crédit Social.

Le 60 reste inégalement réparti, selon les res­ponsabilités des chefs d'entreprises et selon les compétences diverses des employés. Mais le 40 additionnel est réparti également entre tous les consommateurs : il entre donc dans les maisons selon le nombre total de personnes dans chaque maison.

Le 60 est la récompense des placements et du travail : il faut être toqué comme les socialistes pour vouloir que chacun en ait une part égale.

Le 40 naît gratuitement, pour acheter la part de la production qui vient, non du travail, mais du progrès : il faut être bouché ou barbare pour ne pas admettre que chaque homme, femme et enfant y a autant de droit qu'à l'air gratuit du bon Dieu.

Après la guerre

L'honorable Adélard Godbout disait récem­ment, dans un discours public, qu'après la guerre on devra choisir entre un socialisme chrétien et le communisme. Il n'à pas défini ce qu'il entend par socialisme chrétien. Il oublie aussi l'autre al­ternative, contre laquelle il ne fait rien : la conti­nuation de la dictature de l'argent.

Il serait plus juste de dire qu'on aura le choix entre trois régimes :

    1. La dictature actuelle de l'argent, probablement mieux protégée derrière une plus grande cen­tralisation politique ;

    2. Une forme quelconque de socialisme, pour ni­veler le sort des victimes de la dictature d'ar­gent, celle-ci restant intacte derrière des for­mules propres à gober le public ;

    3. Le Crédit Social, qui, en cassant net la dictatu­re de l'argent, protégera la propriété privée, la rendra accessible à un plus grand nombre et, en assurant un minimum vital, permettra à la personne humaine de s'épanouir plus libre­ment.

Comme on le voit, il existe une parenté assez étroite entre les deux premiers régimes, la dictatu­re d'argent y est facteur commun sous une façade différente. Mais le Crédit Social est aux antipodes de l'un et de l'autre.

Louis Even

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