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Au pays des actes

le samedi, 01 août 1942. Dans La vie créditiste

Nous croyons que l'Abitibi et le Témiscamingue méritent ce titre. Bon nombre des habitants de ce pays sont des fondateurs. Ils n'ont pas pris du tout-fait, ils ont fait du nouveau.

Dans le mouvement créditiste, pour l'instauration d'une économie nouvelle, c'est justement dans la région abitibienne qu'on trouve le plus de promptitude pour passer aux actes.

Les exemples abondent. Nous ne voudrions pas paraître injustes en n'en mentionnant que quelques-uns, omettant peut-être les plus méritoires. Mais pour intéresser et stimuler les associés des autres régions, donnons quelques faits pris au hasard.

À Rouyn (nord du Témiscamingue), où il n'y avait pas six abonnés à Vers Demain il y a deux ans, le journal entre aujourd'hui dans près de 600 foyers (la moitié de la population) et l'Association compte près de 300 membres.

Le 15 juillet, M. Edmond Major arrivait à Rouyn pour faire un relevé spécial près des associés. Il s'agisait de savoir de quel salaire total disposent les salariés qui font partie de l'Association quelle portion de ce salaire ils emploient ou croient pouvoir employer à l'avenir chez des marchands associés et quel montant total de crédit a circulé pendant le dernier mois. M. Major rencontrait les voltigeurs à sept heures du soir, leur expliquait le message et leur distribuait l'ouvrage, puis partait pour donner une conférence à Cloutier. Il revenait à onze heures et recevait les rapports complétés dans la soirée même près de 80 associés. Cent autres étaient terminés le lendemain.

Voilà ce que nous appelons pays des actes. On ne piétine pas. On ne s'arrête pas à désirer. On bouge.

Disons que le rapport était des plus intéressants. Il révèle, entre autres, que les associés salariés de Rouyn ont dépensé plus du tiers de leur salaire chez des marchands associés, et qu'ils y affecteront plus de la moitié le mois prochain.

À La Sarre (Abitibi agricole), même célérité. Là, entre autres choses, 65 cultivateurs nous apprennent que leurs ventes globales annuelles sont actuellement $37,005 ; mais, s'ils trouvaient des acheteurs en moyen, c'est $55,095 de produits qu'ils estiment pouvoir facilement livrer au marché chaque année, même avec les moyens limités dont ils disposent présentement.

Voilà donc plus de $18,000 de produits qui restent dans le sol de 65 fermes, parce que ceux qui ont des besoins n'ont pas d'argent. Est-ce que la politique de tirer l'argent des poches du consommateur, par des taxes de plus en plus élevées, va réussir à activer ou à ralentir la production de denrées de première nécessité — les denrées alimentaires ?

Disons, en passant, qu'à La Sarre, comme à Rouyn, les Associés sont à leur affaire, ils vont chez des marchands associés et se servent de leur crédit. Un épicier de La Sarre, M. Louis Bergeron, nous dit que son commerce s'est littéralement multiplié par quatre depuis l'inauguration de l'Association Créditiste.

Malartic (Abitibi minier), où nous n'avions pu tenir une assemblée lors de notre premier voyage en Abitibi, il y a deux ans, parce qu'il n'y avait personne pour s'en occuper, compte aujourd'hui 524 abonnés sur 550 familles (la presque totalité), et plus de 300 sont entrés dans l'Association Créditiste. Avec de tels résultats, on comprend que Malartic soit devenu un volcan créditiste. Et ce volcan déverse son feu sur tout l'est de l'Abitibi.

Les petites places font leur devoir comme les grandes. C'est Bellecombe, paroisse de quelque 125 familles, qui en compte 67 dans l'Association et où le journal entre pratiquement dans tous les foyers. C'est D'Alembert où plus de la moitié des familles est dans l'Association. C'est Granada, Ste-Jeanne d'Arc, La Motte, La Corne, Varsan, qui sont dans le même cas ou à peu près. Et nous en passons.

Partout, des hommes qui veulent, des hommes qui bougent.

Nous n'avons pas soigné cette région plus que d'autres, mais on ne la soigne pas pour rien. Un commissaire s'en va à Colombourg, y fait une dizaine d'associés et y laisse un secrétaire. Voilà qui est ordinaire. Mais ce qui tranche sur l'ordinaire, c'est que ce secrétaire, M. Réal Verville, par son dynamisme et sa ténacité, monte l'association locale de 10 à plus de 40 en un mois.

Au total, la région en question, Abitibi et Témiscamingue, compte plus de 2,500 associés, et pourtant le sud du Témiscamingue est à peine touché. Au congrès de Malartic, nous avons donné comme objectif aux travailleurs de doubler les effectifs de l'Association, en préparation de la "seconde étape".

L'article publié en page 5 de notre édition du 15 juillet a fait venir l'eau à la bouche de plusieurs, même dans des places où l'Association est à peu près inexistante ou stationnaire. Qu'on ne s'y méprenne pas : les réalisations entrevues dans cet article ne seront possibles qu'avec des hommes qui ont appris à travailler. Nous le disons ailleurs : le Crédit Social est une chose à édifier, à construire morceau par morceau, tout comme les caisses populaires, tout comme les fermes des colons, tout comme la libération d'un peuple asservi. Cela peut se faire vite ou cela peut se faire lentement ; mais si l'on ne commence pas ou si l'on s'endort après avoir commencé, cela ne se fait pas du tout.

Que l'exemple du pays des'actes réveille ceux qui se dorlottent ou s'affaisent dans un pays de soupirs.

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