EnglishEspañolPolskie

Au Congrès provincial de Sherbrooke

Louis Even le lundi, 15 septembre 1941. Dans La vie créditiste

Le grand congrès créditiste de Sherbrooke, premier congrès du Crédit Social tenu par l'Institut d'Action politique, vient de prendre fin.

Tous ceux qui eurent le privilège d'y assister sont unanimes à reconnaître que la journée fut un véritable triomphe pour le mouvement.

La séance d'étude et d'organisation, l'après-midi, fut suivie par 1,200 congressistes. Le registre d'inscription porte exactement 1,095 noms. Plusieurs congressistes, arrivés en retard, prirent leur siège sans passer à l'enregistrement, et quelques autres, pour des raisons qui ne sont pas étrangères à la dictature combattue par les créditistes, préférèrent ne pas consigner leurs noms par écrit.

La bienvenue par le maire

Son Honneur le maire de Sherbrooke, M. Joseph Labrecque, tint à présenter lui-même les souhaits de bienvenue, de la part de la ville de Sherbrooke, aux délégués venus de tous les coins de la province. Sans vouloir se prononcer sur la doctrine du Crédit Social, à cause de sa fonction de maire, il dit tout de même être au courant de nos idées et de notre mouvement, laisse voir qu'il les apprécie et ajoute : "Laissez-moi vous dire que les événements qui s'en viennent vont vous aider."

M. Louis Even, directeur de l'Institut d'Action Politique et président de l'assemblée de l'après-midi, remercia le maire de son bon accueil ; il le remercia au nom de toute la province créditiste, c'est-à-dire, ajouta-t-il, au nom de toute la province de Québec de demain, puisque demain tout Québec sera créditiste.

La bannière de Marie

Sur invitation du président, Mme Henri Dubuc, de Sherbrooke, dévoile une bannière placée à droite, sur l'estrade. Toute l'assistance se lève spontanément et entonne un cantique à la Vierge Marie représentée sur la bannière.

Magnifique bannière de soie frangée d'or, représentant le triomphe de Marie sur Satan, de la Reine de l'Ordre sur le Prince du désordre. Lucifer est figuré par un dragon hideux dont le corps enlace la terre entière et dont les griffes s'étendent sur les continents. Mais la très sainte Vierge Marie, sereine et pure, s'est posée sur le globe, et le dragon infernal écume de rage parce qu'il ne peut plus dévorer librement l'humanité. Au revers de la bannière, l'inscription : MARIE, REINE DE L'ORDRE, ÉCRASEZ LE DRAGON MODERNE ET BÉNISSEZ LES CRÉDITISTES.

Aux congressistes impressionnés, M. Even dit simplement :

"J'ai devant moi les créditistes de la province de Québec, donc des catholiques, et il n'est point nécessaire de plaider une justification du geste qui vient d'être posé. Tout de même, quelques remarques pour l'expliquer.

"Au début de cette réunion — la plus solennelle depuis la fondation de l'Institut d'Action Politique et la plus représentative par l'assistance qu'ait jamais vue le mouvement du Crédit Social en notre province — il convenait de faire le point, de situer nos activités. Notre mouvement est d'ordre temporel, ordonné à des fins immédiates terrestres, mais ces fins sont elles-mêmes subordonnées à la fin dernière de l'homme, à sa destinée ultime.

"Il ne peut y avoir d'ordre dans une cité temporelle qui méconnaît la personne humaine et son immortelle destinée.

"Les créditistes veulent travailler à l'établissement de l'ordre en politique et en économique. Et plus ils avancent, mieux ils connaissent leurs adversaires. Derrière le politicien vendu, ils ont découvert le financier corrupteur ; derrière la finance antisociale, la juiverie organisée, la franc-maçonnerie ; derrière la maçonnerie, le démon lui-même, Satan et ses mauvais anges.

"Deux armées — l'armée de l'Ordre et l'armée du désordre. L'armée des anges et des saints, saints du ciel et saints de la terre ; l'armée des mauvais esprits, des anges déchus et des hommes qui suivent leurs inspirations. Marie, Reine des anges et des saints, commande l'armée de l'ordre. Lucifer commande ses légions, l'armée du désordre.

"En voulant placer l'argent au service de l'homme, au lieu de l'homme au service de l'argent, les créditistes croient vouloir établir l'ordre dans l'économique.

"En cherchant une législation qui interdise l'exploitation de l'homme par l'homme ; en formant des hommes de principes et des réalisateurs qui s'inspirent de ces principes, les créditistes croient aspirer à l'ordre en politique. Ils croient donc pouvoir se proclamer du côté de l'armée de l'Ordre.

"C'est pourquoi nous sommes heureux de rendre publiquement et officiellement hommage à la Reine qui commande les armées de l'Ordre.

"Nous lui rendons hommage et nous sollicitons humblement sa protection. Nos ennemis sont puissants et astucieux. Nos seuls efforts en viendront mal à bout. Il nous faut la lumière et l'appui du Ciel. C'est pourquoi nous recourons à Marie.

"Tout à l'heure, on va distribuer la prière à Marie que nous réciterons ensemble ce soir, à l'église, avant le Tantum Ergo. Vous y trouverez exprimés tous ces sentiments.

"Ce soir aussi, nous chanterons le Magnificat, cantique composé par la sainte Vierge elle-même. Vous y remarquerez ce verset : Deposuit potentes de sede, et exaltavit humiles. "Il a déposé les puissants de leurs sièges et Il a exalté les humbles." C'est ce qui a été fait pour Marie. L'humble Marie est aujourd'hui et sera de plus en plus révérée, honorée, exaltée dans tout l'univers catholique. Remarquons aussi, en passant, que c'est un peu ce que fait le Crédit Social dans l'ordre temporel : il descend les puissants et les exploiteurs de leurs trônes, et il exalte les humbles, répand la lumière dans la multitude, apporte aux pauvres et aux opprimés l'espoir d'une délivrance, d'un soulagement prochains, très prochains. Nous prions donc notre puissante Reine de hâter ce jour."

Le drapeau créditiste

Mlle Gilberte Côté, administratrice de VERS DEMAIN et Directrice de l'Institut d'Action Politique, se lève alors, et, pendant que Mme Henri Dubuc dévoile le drapeau créditiste et le tient étendu devant l'assistance, Mlle Côté le présente dans un discours dont l'éloquence a frappé tout l'auditoire. On nous a écrit pour en demander le texte. Nous le reproduisons ci-contre (page 5), aussi fidèlement que possible. Tous nos créditistes voudront conserver cette page 5 du journal sur laquelle nous groupons la prière des créditistes à leur Reine et le chant de baptême de leur drapeau.

But du Congrès

Après cette double cérémonie, M. Louis Even lit quelques télégrammes — de Montréal, du Lac St-Jean, du Nouveau-Brunswick — dans lesquels les signataires expriment leurs regrets de ne pouvoir être présents, ainsi que leurs souhaits de succès.

Puis, il pose la question : Pourquoi sommes-nous ici ?

Nous sommes la province qui pense. Nous sommes le peuple qui prend conscience de lui-même et décide de prendre en main ses destinées. Le peuple lassé de se sentir exploité et frustré des avantages qu'il devrait retirer de la vie en société. Le peuple qui réclame sa part du progrès, un soulagement au lieu d'une punition en face de la production mécanique, en face des créations du cerveau intelligent de l'homme.

Et nous entreprenons une véritable révolution. N'ayons pas trop peur de ce mot. Lorsqu'il y a désordre, c'est une révolution contre le désordre qui rétablit l'ordre. La plus grande révolution de tous les temps fut justement une révolution d'ordre — celle qu'entreprit le Fils du charpentier de Nazareth et que poursuivirent une douzaine de pêcheurs choisis par Lui.

Notre révolution à nous, c'est la révolution contre le désordre dans l'économique et dans la politique ;

Révolution contre l'ignorance et l'apathie, contre l'acceptation aveugle d'un régime qui ne nous sert pas ;

Révolution contre la foi en des gens et des clans qui n'ont fait que nous trahir ;

Révolution contre des forces qui profitent de la misère et des événements pour conduire à la centralisation, à la bureaucratie et au socialisme d'état ;

Révolution contre un système d'argent aussi absurde qu'illogique, aussi barbare que bien gardé.

Et pour faire cette révolution, nous songeons à d'autres moyens qu'à la formation d'un parti politique. Nous ne croyons pas tant à la conquête du pouvoir qu'à la conquête du public. Le journal a expliqué comment nous songeons plutôt à la formation d'une immense coopérative politique groupant toute la population de la province et se faisant servir par son gérant.

Le Congrès vous amène ici, pour prendre contact avec les directeurs de l'Institut d'Action Politique, avec les dirigeants du mouvement dans la province. Tous ensemble nous formons un foyer créditiste, foyer situé à Sherbrooke aujourd'hui, 31 août, et nous venons nous réchauffer à ce foyer, retremper nos forces et nos énergies.

Nous venons pour nous mieux connaître les uns les autres et nous encourager les uns les autres.

Nous allons ensemble, en frères, revoir un peu les activités du passé, particulièrement depuis la fondation du journal, et nous déciderons ensuite comment poursuivre plus efficacement ces activités au cours des mois qui sont devant nous.

Il est juste qu'ayant l'occasion d'entendre les directeurs de votre organisation, vous compreniez mieux la manière dont ils procèdent, les méthodes souples, adaptables, qu'ils vous proposent pour poursuivre l'objectif qui nous est cher à tous.

Le sens de nos activités

Lorsqu'on parle de Crédit Social, on ne parle pas seulement d'une doctrine, mais aussi d'un mouvement pour réaliser l'application de cette doctrine dans le régime politique et économique. Le progrès du mouvement créditiste est lié à différents autres progrès :

Progrès de la connaissance de la doctrine ;

Progrès de l'attachement à cette doctrine ;

Progrès de l'action à la propager ;

Progrès de l'organisation pour l'action.

Or tout cela, dans notre province au moins, pivote aujourd'hui sur le journal VERS DEMAIN.

Le journal expose la doctrine créditiste ;

Le journal fait aimer cette doctrine ;

Le journal anime la propagande ;

L'organisation se fait autour du journal ;

Le journal finance directement ou indirectement le mouvement créditiste.

Le progrès du Crédit Social chez nous est donc synonyme de progrès du journal VERS DEMAIN.

Est-ce la bonne méthode ? C'est la meilleure que nous ayons employée à date, s'il faut en juger par les résultats.

Il ne faut pas oublier qu'à la différence des partis politiques, les créditistes ont commencé sans organisation toute faite, sans dossiers, sans argent, sans prestige, sans littérature connue ; puis, qu'il fallait remonter le courant, non le descendre — ce qui n'est pas aussi facile.

Tout était à faire : grouper des hommes autour d'un idéal ; former ces hommes à l'action ; hiérarchiser ces hommes dans l'organisation d'après les aptitudes démontrées.

Où trouver ces hommes, sinon parmi des abonnés nourris de la doctrine et de l'objectif du Crédit Social ? Aussi est-ce dans les centres d'abonnement le plus dense qu'on recrute les groupes d'action les plus forts. VERS DEMAIN prépare les éléments.

Comment former ces hommes, éprouver leurs aptitudes, sinon en les mettant à l'ouvrage, à un ouvrage bien personnel dans lequel aucune borne n'est posée à leur activité ni à leur initiative ? Et c'est ce que fait l'Institut d'Action Politique.

L'Institut d'Action Politique ne vise pas qu'à enrôler de nouveaux abonnés. Comme dans tout Institut, il y a aussi, et même surtout, la formation personnelle du membre.

L'Institut développe et oriente chacun de ses membres, et le mouvement créditiste y gagne en obtenant de chaque membre son maximum d'énergies, de sacrifices, de dévouement éclairé.

De la Ligue à l'Institut

Quelques-uns d'entre vous ont fait partie autrefois de la Ligue du Crédit Social. C'était une organisation d'un genre différent. Elle procédait par comités. Elle cherchait le groupement par comtés. Elle copiait un peu les cadres des partis politiques. Et comme elle n'avait point les ressources financières des partis politiques ; comme, par ailleurs, elle ne s'attachait pas assez à développer la personnalité de chaque membre, elle n'a pu tenir les coups contre les événements de 1939.

Je suis autorisé à parler ainsi, sans chercher à blâmer qui que ce soit, puisque j'étais moi-même le secrétaire et l'organisateur de la Ligue. J'étais pour quelque chose dans sa formation.

Au mois de septembre 1939, avec la déclaration de guerre, on pouvait envisager des difficultés pour la poursuite de la propagande, il fallait prévenir et se munir. Il fallait songer définitivement à un organe de propagande, de liaison et de combat, qui irait voir individuellement les familles qu'on ne pourrait peut-être pas grouper dans des assemblées publiques.

Des déclarations — d'ailleurs indépendantes de la doctrine du Crédit Social — faites par certains chefs créditistes à Ottawa relativement à l'effort de guerre, et reproduites à temps et à contre-temps dans les journaux, coiffées de titres qui faussaient la valeur relative du contenu, paralysèrent complètement le travail d'une Ligue qui avait plutôt formé des groupes que des chefs, plutôt des sympathisants que des convaincus.

Fallait-il se décourager ? Fallait-il remettre la poursuite du mouvement à l'après-guerre, comme semblaient le suggérer certains directeurs ?

C'eût été une erreur déplorable. C'est pendant la guerre qu'il faut préparer le lendemain immédiat de la guerre. C'est pendant la guerre qu'il faut former les hommes qui, demain, vont donner à la province ce que ni les politiciens d'avant-guerre, ni ceux d'aujourd'hui n'ont voulu ou n'ont pu lui donner.

Nous crûmes bien faire de diriger nos énergies, toutes nos énergies, vers la fondation immédiate et le développement, aussi rapide que possible, du petit journal qu'on baptisa du nom suggestif de VERS DEMAIN.

Nous entrevoyions, dès ce moment-là, dans des lignes encore imprécises, un Institut pour remplacer avantageusement la Ligue. Mais il fallait d'abord le journal, un journal bien en vie et assez répandu pour aller préparer partout les hommes d'étude et d'action dont doit être composé tout Institut visant à l'instruction et à l'organisation.

Progrès du journal

Le petit journal des créditistes naissait en novembre 1939. Il comptait exactement zéro abonné lors de la rédaction du premier numéro.

Il fallait le rendre viable.

Un journal sans annonce ne vit pas à moins d'atteindre dans son année cinq à six mille abonnés et de maintenir ensuite ce nombre. Or c'est un journal sans annonce que nous voulions, parce que nous voulions un journal libre, complètement libre. Il fallait donc viser à 6,000 abonnés dans les douze mois.

Sorties des directeurs, correspondance, agents d'abonnement, tout fut essayé et mis en œuvre avec plus ou moins de succès. Les agences furent une faillite complète. Nous avons d'ailleurs remarqué que pour le journal comme pour le mouvement, rien n'est obtenu qu'à base de dévouement et de sacrifice. Dès qu'on se rapproche de la manière ordinaire, on stagne. Le journal devait être une œuvre, une œuvre pure et simple, non pas une entreprise commerciale.

Au mois de mars 1940, lorsque le Directeur du journal, à la suite d'un accident pendant sa tournée créditiste au Manitoba, dut arrêter ses courses pendant deux mois, il n'y avait rien d'établi pour y suppléer, et le journal, qui n'avait pas encore 2,000 abonnés, connut des jours pessimistes.

Mais la Providence veillait. Des événements, les moins favorables en apparence, semblent naître des bénédictions pour le mouvement créditiste dans la Province de Québec. L'effondrement de la Ligue à la suite de la déclaration de guerre avait suscité le journal VERS DEMAIN. Le fléchissement de l'abonnement pendant l'immobilisation du directeur décida la fondation de l'Institut d'Action Politique.

Dès le mois de juin, les enrôlements dans l'Institut commencèrent à compter. Et l'abonnement remonta.

On avait trouvé ce qui convenait à une population qui descend d'une race de missionnaires. Le travail pour un idéal, non pour de l'argent. Du sacrifice, des dévouements, non des récompenses matérielles.

Au mois de novembre 1939, après une année de vie, le journal comptait 6,500 abonnés. On avait atteint l'objectif de la première année : placer le journal sur un pied de vie.

Programme de la deuxième année : doubler l'abonnement et monter l'Institut. Or l'abonnement aura été triplé lorsque viendra le second anniversaire ; il a été doublé en sept mois.

Quant à l'Institut, le nombre des membres progresse rapidement. Plus de 2,000 inscrits aujourd'hui. Sans doute tous ne travaillent pas avec la même vigueur, et plusieurs n'ont même pas commencé. Mais ce sera justement partie du programme de la troisième année, de consolider l'organisation et d'activer les membres.

L'abonnement au journal est aujourd'hui à 18,000. Si l'on a compris ce que signifie le journal VERS DEMAIN dans une famille, on se représente ce qu'il peut faire dans 18,000 familles réparties un peu dans toutes les parties de la province. Doublez, triplez ce résultat, et aucune salle au pays ne sera assez grande pour contenir les congressistes du Crédit Social : il n'y faudra pas moins que les édifices du Parlement de Québec !

Nos conférenciers 1941

Tous nos lecteurs savent maintenant ce qu'il faut entendre par "nos conférenciers 1941". Commencé en janvier seulement, l'entraînement des conférenciers, initiative absolument nouvelle, a donné cette année 112 conférenciers. Nous en attendions tout au plus 60. C'est donc dire qu'au point de vue résultat, c'est inappréciable, tant par le dévouement du conférencier que par les familles gagnées à l'étude et à la cause à la suite des conférences.

Au Congrès de Sherbrooke, le programme comportait l'appel des conférenciers. C'est M. Grégoire qui présida cette partie de la séance d'après-midi.

Les noms des conférenciers furent proclamés à tour de rôle, dans l'ordre où ils paraissent dans le journal-programme du 1er septembre, en page 7. Les directeurs de chaque groupe furent invités à dire quelques mots — discours de trois minutes.

Toute l'assistance put constater que, même devant 1,200 personnes qui ne sont pas les premières venues, nos conférenciers du dimanche ne manquent ni d'aplomb ni d'esprit. Les paroles de M. Adrien Lambert, colon de Joly (Lotbinière) furent particulièrement goûtées et applaudies.

Le groupe de Montréal avait de beaux états de service que sut faire remarquer M. Major, statistiques en main. Débutant le 11 mai, avec trois conférenciers seulement, l'équipe montréalaise est montée progressivement jusqu'à 12. Elle a fait 101 conférences de dimanche et apporté 418 abonnements. L'un des conférenciers de ce groupe, M. Bruno Camirand, tient d'emblée la première place pour les résultats en abonnements : 174, pris dans ses 15 conférences.

Monsieur Grégoire sut souligner de mots appropriés ce travail de formation et de propagande que seul le Crédit Social a réalisé à un tel degré en si peu de temps.

L'année qui vient

Le directeur de l'Institut, reprenant l'estrade, expose, brièvement mais clairement, le travail qui attend les créditistes pour les douze prochains mois.

Nous sommes des réalistes, nous ne bâtissons pas dans la lune et nous ne faisons pas de châteaux en Espagne.

Il faut prendre le mouvement créditiste où il est, non où l'on désirerait qu'il soit, puis le conduire le plus rapidement possible à l'objectif posé.

Le prendre où il est. Toutes les places ne sont pas rendues au même degré. On n'a donc pas à partir du même point partout. Mais que ce soit de zéro ou de mi-route, il faut viser au même but.

De même pour les hommes. Le développement de chacun est à son propre palier ; il faut le prendre là et le monter. La formation des créditistes, leur culture, est un point capital.

Donc nous continuerons les conférences du dimanche, soit pour fonder des noyaux là où il n'y en a pas encore, soit pour grossir et animer ceux qui existent.

Conférenciers et compagnons vont visiter et revisiter les paroisses, stimuler les I.A.P. qui ne bougent pas ou en trouver d'autres.

Ce travail va être généralisé et systématisé, de façon à multiplier les énergies en œuvre et à couvrir toute la province.

De bons créditistes n'ont pas les aptitudes nécessaires pour faire des conférenciers et voudraient quand même contribuer au travail. Sans être capables de parler en public, par d'autres moyens, par de simples contacts, des conversations, des causeries familières à des petits groupes, ils pourraient tout de même commencer ou développer une organisation dans des paroisses voisines. On va leur donner la chance de fournir leurs énergies dans ce sens.

Et cela, par le nouveau cadre de l'Institut, les Voltigeurs, dont on a expliqué le sens et l'orientation dans le numéro du 1er septembre. Avec 600 voltigeurs, on couvrirait toutes les paroisses de la province, disions-nous. Et c'est là notre objectif pour les douze prochains mois : 600 Voltigeurs — mais de vrais hommes, des actifs, pas des dormeurs ni des langoureux.

Supposons deux voltigeurs à Rivière-à-Pierre, chacun prêt à pousser deux paroisses à son objectif d'ici quelques mois. Cela pourrait, même sans conférenciers, gagner au Crédit Social, par le journal, les paroisses de Notre-Dame des Anges, Montauban, Harvey-Jonction, Lac-aux-Sables. De même, Masson (Papineau) pourrait couvrir, avec trois Voltigeurs, Thurso, St-Sixte, Ripon, Montpellier, Val des Bois, La Salette. Le Bic, avec le même nombre, rendrait créditistes les paroisses de St-Simon, St-Mathieu, St-Fabien, St-Valérien, Sacré-Cœur, Ste-Blandine. On pourrait multiplier les exemples dans tous les coins de la province.

Au Congrès, on a commencé dès l'après-midi l'enrôlement de Voltigeurs — de nouveaux Voltigeurs, car nous avions déjà des noms. Cet enrôlement sera continué dans tous les grands ralliements régionaux et aussi en d'autres occasions. La direction de l'Institut se mettra en rapport avec chaque Voltigeur pour connaître ses moyens d'action, lui déterminer des objectifs échelonnés et étudier avec lui les difficultés particùlières, à mesure qu'elles se présentent.

Nos districts

Donnant un bref aperçu du développement créditiste à travers la province, M. Even le fit en prenant les diocèses l'un après l'autre, notre travail de l'année ayant consisté surtout à toucher les paroisses rurales et l'assistance ayant une assez bonne idée géographique des diocèses.

L'après-midi étant avancée, on ne put dire qu'un mot de notre division de la province en districts.

Nous ne nous occupons ni de circonscriptions électorales ni d'autres divisions administratives. Notre organisation n'est pas dirigée en vue de campagnes électorales, mais, en vue de l'éducation politique qui, elle, saura servir dans toutes les occasions où le public est appelé à s'occuper de la chose publique. Puis la division doit être en rapport avec le développement créditiste : répondre aux faits.

Nous procédons d'une manière naturelle, tout comme l'a fait l'Église pour s'étendre, et comme elle le fait encore dans les pays nouveaux.

Nous allons à la multitude. Du sein de la multitude, sortent à notre appel, des hommes que nous formons et que nous envoyons à leur tour à la multitude. Et la chose se répète et s'étend.

De temps à autre, il se dessine des groupements plus forts, et de ces groupements surgissent des hommes mieux préparés, qui peuvent s'organiser pour rayonner dans toute leur région. Nous appelons cela un centre. Notre "carte de guerre" du 1er juillet représentait chaque centre par un flambeau.

Avec un certain nombre de ces centres, on trace sur la carte de la province des lignes qui la divisent en districts, un district pour chaque centre. Pour cette division, on se base sur les routes, sur la position relative de chaque centre et sur la force numérique de chaque groupe.

Évidemment, les districts sont étendus pour commencer. C'est un peu comme des vicariats apostoliques. Mais de temps en temps, dans le district, il se développe un autre centre de rayonnement. À ce nouveau groupe, une fois qu'il est prêt à entrer en action, on attribue un district, taillé dans le grand ou dans deux grands voisins. Un peu comme la formation de nouveaux diocèses. Les nouveaux rétrécissent les anciens, mais c'est un progrès : le travail, nécessairement en surface pour commencer, devient un travail en profondeur dès que le nombre d'ouvriers le permet.

Nous avons actuellement 27 districts, de très inégale grandeur, désignés la plupart par le nom du centre de rayonnement. Voici la liste, en suivant l'ordre alphabétique :

Amos            Rouyn

Asbestos            Ste-Anne de Beaupré

Farnham            Ste-Anne de Chicoutimi

Gaspésie            Ste-Anne des Plaines

Hull                   St-Basile (Portneuf)

Joly                   St-Gervais (Bellechasse)

Lac Mégantic      St-Félicien (Roberval)

La Pérade           St-Jérôme (Lac St-Jean)

La Sarre             Ste-Marie (Beauce)

L'Assomption      St-Pascal (Kamouraska)

Magog                Shawinigan

Malartic              Sherbrooke

Montréal             Thetford

Québec

On voit que le comté d'Abitibi, est honoré, à lui seul, de trois districts, tandis que d'autres districts doivent servir trois, quatre ou cinq comtés. Cela dépend, comme nous avons dit, du développement. L'Abitibi est beaucoup plus avancé, au point de vue Crédit Social, que la plupart des autres régions de la province.

Nous aurons probablement cent districts au lieu de vingt-sept l'année prochaine, si la nouvelle initiative — les Voltigeurs — progresse aussi rondement que celle des Conférenciers.

Une demi-heure religieuse

La séance de l'après-midi est levée à cinq heures et quart. Quinze minutes plus tard, les 1,200 congressistes sont dans l'église du Christ-Roi, dont ils remplissent la nef à capacité.

L'orgue joue pendant que la bannière fait son entrée, portée par deux Voltigeurs de Sherbrooke, MM. Philippe Bourbeau et Eugène Ducharme, et précédée de deux escortes du même groupe, MM. A. Couture et Ephrem Jacques. L'équipe prend place dans le sanctuaire, du côté de l'Évangile.

Puis, c'est le drapeau des créditistes, porté par M. Maurice Pagé, escorté de MM. Gaston Gendron et Ernest Lavallée. L'équipe prend place dans le sanctuaire, du côté de l'Épître.

M. l'abbé Léonidas Adam, curé du Christ-Roi, bénit successivement la bannière et le drapeau ; et une grande joie — comme l'assurance d'un triomphe prochain — inonde le cœur de tous les créditistes présents.

Suit le Salut du Très-Saint-Sacrement. M. le Curé officie ; comme servants, quatre créditistes avec leur insigne de congressiste : MM. Roméo Rousseau, Émilien Papillon, Gérard Corriveau et Pierre Laflamme, tous de Sherbrooke.

Le chœur de chant est conduit par M. J.-E. Côté toujours du même groupe sherbrookois, mais toute l'assistance participe au chant.

Après le chant solennel du Magnificat, les créditistes récitent ensemble, à haute voix, la prière composée pour eux et reproduite page 5 du présent numéro, ils reconnaissent solennellement le rôle de Marie dans l'établissement de l'ordre sur la terre comme dans le ciel ; ils la supplient de les enrôler dans ses armées ; ils lui demandent son secours pour garder l'état de grâce afin d'être de meilleurs instruments au service d'une cause ordonnée au bien de la personne humaine.

Puis tous s'inclinent pendant que Notre-Seigneur lui-même les bénit.

De cette demi-heure, tous les congressistes gardent un souvenir ineffaçable. Les créditistes sont sortis de l'Église du Christ-Roi, ce soir du 31 août, avec l'impression qu'ils venaient de conclure un pacte avec Marie, pacte béni et scellé par le Fils de Marie Lui-même.

DÉmonstration du soir

À sept heures et quart, le ciel est couvert, commencement de pluie, faible toutefois. On se consulte. Fera-t-on le défilé ? Ira-t-on au parc ou dans la salle ? Puisque c'est la pluie qui hésite, marchons. Décision heureuse : on ne devait pas revoir la pluie avant la dispersion, vers minuit.

Rassemblement au marché Landsdowne. Et le défilé s'organise : Fanfare en tête, drapeau porté sur une auto découverte, longue file des voitures créditistes, bannière de Marie, également sur auto découverte, quelques voitures encore, puis l'auto des directeurs. Le défilé se fait par les rues King, Wellington, Aberdeen, Short, et l'on atteint le lieu du grand ralliement : le Parc Dufresne.

On devine l'enthousiasme des cinq ou six mille personnes assemblées pour acclamer le Crédit Social, applaudir tour à tour la bannière, le drapeau et les orateurs.

Le maire étant retenu par une autre cérémonie, c'est M. Gervais, échevin, qui agit comme président d'honneur. M. Henri Dubuc, l'organisateur du congrès, président actif de l'assemblée, présente tour à tour les orateurs : Mlle Gilberte Côté, M. Louis Even et M. J.-Ernest Grégoire.

Ne voulant pas plus déborder le journal que faire injustice aux discours, nous ne ferons de ceux-ci ni une analyse détaillée ni des citations morcelées.

Mademoiselle Gilberte Côté, très applaudie, reprit un peu pour le public sa magnifique présentation du drapeau ; puis elle exposa, avec autant de verve que de clarté, les sottises du système d'argent actuel et le redressement créditiste.

M. Louis Even expliqua plus particulièrement l'aspect coopération de la politique telle que comprise par les créditistes, et termina en parlant de l'ordre et du désordre, de la bannière de Marie, Reine de l'Ordre et protectrice des créditistes.

M. J.-Ernest Grégoire rappela les grands principes chrétiens et humanistes qu'on a oubliés en économique comme en politique et que les créditistes proclament et mettront en application. Par des comparaisons simples et des anecdotes déridantes, il s'attacha à faire comprendre le sens de l'argent, le caractère communal du crédit, la valeur de l'organisation et aussi la lâcheté de l'abstention.

Le programme avait réservé un quart d'heure pour le travail des I.A.P. dans la foule. Ils le mirent à profit, stimulés par quelques mots vigoureux de M. Gérard Mercier. Leur travail, ajouté à celui de l'après-midi, apporta près de 400 nouveaux abonnés au journal. Quatre-vingts autres emportèrent avec eux l'album de la Première Année de VERS DEMAIN.

Telle fut la journée du 31 août à Sherbrooke. Une bonne partie du succès est due aux organisateurs, à ceux qui surent assumer leurs responsabilités dans différentes fonctions. Travail qui ne s'annonce pas et que les superficiels ne soupçonnent même pas. Partout où il y a de l'ordre, pourtant, c'est qu'il y a eu application d'intelligence.

La direction de l'Institut remercie ces techniciens de l'ordre, qu'il s'agisse de l'organisateur-en-chef, M. Henri Dubuc, ou des autres titulaires de postes : M. Hilaire Blais à l'enregistrement ; M. L.-P. Carroll à la vente des drapeaux ; M. Edmond Major à la littérature ; M. Gérard Mercier à l'abonnement ; M. Rosaire Côté à la caisse, etc., etc. À ceux dont les noms paraissent et à ceux, non moins méritants, dont les noms ne paraissent pas, merci. Ils n'ont pas travaillé pour la récompense, ni pour la gloire, mais pour la cause, et nous n'insistons pas.

Ralliements régionaux

Comme un nombre immense de créditistes, dans toutes les parties de la province, durent, bien malgré leurs désirs, s'abstenir d'assister au Congrès provincial ; comme, par ailleurs, les directeurs de l'Institut tiennent à rencontrer les travailleurs actifs des différentes régions, on a décidé de faire une sorte de réplique de cette journée, sur une échelle moins vaste mais plus détaillée, dans des ralliements dits régionaux, qui se succéderont d'ici la fin de la saison.

M. Louis Even annonça à Sherbrooke, avant de clore la séance d'après-midi, les dates et lieux de ces ralliements :

21 septembre    Drummondville

5 octobre          Metabetchouan

12 octobre        Lac St-Jean

19 octobre        Lac Mégantic

26 octobre        Shawinigan

2 novembre      Hull

9 novembre      Québec

Les éditions successives du journal détailleront le programme de ces diverses journées.

Et maintenant, en avant pour l'objectif de l'année créditiste 1941-1942 : 600 Voltigeurs, 4,000 I.A.P. actifs, une organisation forte et complète dans chaque paroisse de la province, toute la population prête à réclamer le Crédit Social. Votre part personnelle, lecteur ?

À Québec

DIMANCHE, 28 SEPTEMBRE

Les directeurs de l'Institut convoquent instamment tous les lecteurs de VERS DEMAIN, de Québec et des environs, à une importante réunion, à l'Académie Commerciale, à deux heures de l'après-midi, dimanche, 28 septembre. M. Louis Even y présentera un programme d'action redoublée comme préparation au grand ralliement du 9 novembre. Mlle Gilberte Côté et M. J.-Ernest Grégoire prendront aussi la parole. Enrôlement de nouveaux membres de l'Institut et de Voltigeurs. Québec de l'avant !

Cette assemblée est spécialement pour les abonnés et leurs dames. Mais ils feront bien d'abonner deux ou trois amis et de les amener avec eux. Chaque abonné se fera un devoir de répondre à l'appel. Qu'on n'oublie pas la date : dimanche, 28 septembre.

I. A. P. couronnés

Membres de l'Institut ayant atteint leur objectif de 24 abonnés

Laurier Brault, Montréal.                         Wilfrid Bisson, St-Laurent Gallichan.

J.-M. Roberge, Drummondville.                Donatien Lauzier, Village St-Pierre, Drum.

Albert Darveau, Québec.                         Nap. Vézina, Limoilou, Québec.

Fernand Chamberland, Chazel.                 Wilfrid Bordeleau, Shawinigan.

Donat Paré, St-Gervais.                           Félix Provencher, La Sarre.

Ludovic Poitras, Lévis.                             L. H. Blanchard, Masson.

Adélard Dorval, Canton Lamothe.             Maurice Ladouceur, Malartic.

Anonyme, St-Joseph de Grantham.           Adélard Cousineau, Hull.

Abbé Alph. Belzile, Nazareth, Rimouski.    Anonyme, Sorel.

Léo Lajeunesse, Noranda.                        L. J. B., Val d'Or.

Michel Côté, Montréal.                             Lucien Angers, Métabetchouan.

Jos Leclerc, Métabetchouan.                     Lauréat Larouche, Métabetchouan.

Maurice Boislard, Asbestos.                      Félix Bélanger, Ste-Anne de la Pocatière.

Wilfrid Simard, Magog Est.                       Edmond Blais, Québec.

Albert Boily, Métabetchouan.                    Geo. Mercier. Rouyn.

Jean-Marie Mailhot, La Sarre.                    Roméo Gosselin, Rouyn.

Adrien Sinotte, Coaticook.                         Henry Bélanger, Amos.

Jean-Charles Boivin, Ste-Anne de Chic.      Uldéric Côté, Rivière à Pierre.

Rosaire Gosselin, Asbestos.                       A.-J. Paquet, Québec.

Luc Bernard, Sherbrooke.                          Irénée Hamel, Almaville-en-Bas.

Armand Lapointe, Val d'Or.                        J.-Ernest Roy, St-Samuel.

Alphonse Doyon, Thetford Mines.               Georges Marchand, Trois-Rivières.

René Lemieux, St-Joseph de Grantham.      Anonyme, Québec.

Ben Viau & ; Fils, Valleyfield.                      Aldège Grenier, Shawinigan.

Paul Legaré, Montréal.                               Napoléon Veilleux, Ste-Clothilde de Bce.

Philippe Léveillé, East Templeton.               Bruno Brière, Halet Goldfield, Malartic.

Edmond Lessard, Black Lake.                     René Tremblay, Chicoutimi.

Anonyme, Jonquière.                                 Jos. Gagné, Thetford Mines.

Adjutor Samson, Plessisville.                      Odina Arteau, Québec.

Albert Hamel, St-Joseph de Grantham.        Paul Bossé, Plessisville.

Mme Jean Gagnon, Macamic.                      Réal Nobert, Grand'Mère.

Damase Bédard, St-Joseph de Grantham.    Jos. Gagné, Esprit-Saint.

J.-A. Boulay, Pascalis.                                 Léo-Paul Cinq Mars, Sherbrooke.

Eddy Pothier, St-Joseph de Grantham.          Jos. Arthur Madore, Coaticook.

Entraîneurs couronnés

Entraîneurs ayant conduit trois I.A.P. à leur objectif

Dame Charles Thibault, Asbestos.                Aurèle Brun, St-Joseph de Grantham.

Pitre Simard, Ste-Anne de Beaupré.             Aimé Martineau, St-Joseph de Grantham.

Delphis Larouche, Métabetchouan.               Mme Eug. Ducharme, Magog-Est.

Mme Delphis Larouche, Métabetchouan.       Émile Bélanger, Québec.

Armand Turpin, Hull.                                   Armand Grégoire, St-Joseph de Grantham.

Narcisse Gosselin, Malartic.                         Émile Béliveau, Plessisville.

Arthur Ducharme, Sherbrooke.

Louis Even

Poster un commentaire

Vous êtes indentifier en tant qu'invité.

Panier

Dernière parution

Infolettre & Magazine

Sujets

Faire un don

Faire un don

Aller au haut
JSN Boot template designed by JoomlaShine.com