Il y a toutes sortes de purges.
Il y a les purges ordonnées par le médecin. Tout le monde connaît l'allégement bienfaisant qui les suit.
Il y a les purges d'âmes. Les catholiques éprouvent souvent la douceur de ces libérations.
Il y a les purges de ménages, les purges de patronages, les purges de gouvernements, de parlements, les purges de bureaux de direction, de sociétés, de nations : purges différentes appréciées différemment par les victimes et les spectateurs.
En France, actuellement, on parle d'une purge de cinéma. "Une purge du cinéma français est très urgente." pensent les Français de France.
Qu'en pensent les Canadiens-français de la province de Québec ?
Comment apprécie-t-on ici, chez nous, les films qui se déroulent sur les écrans de tous nos théâtres ?
Puisqu'il s'agit de film français, trouve-t-on, ici, que le cinéma français, qui vient de France, a besoin d'être purgé ?
Un bon nombre d'entre nous en sont encore à se dire : On prend ce qu'on a... On ne peut tout enlever... Ça pourrait être pire... Mieux vaut cela qu'autre chose..., etc.
Mais, il y en a certes d'autres, chez nous, qui souhaitent depuis longtemps une purge, une vraie purge, qui nettoie et dispose à la santé.
Un cinéma sain, quel beau rêve d'illuminé !
Un cinéma sain, c'est-à-dire un cinéma qui atteint son but : instruire et récréer en élevant.
Pas un cinéma qui se contente seulement de n'être pas affreux et démoralisateur d'une façon trop évidente.
Qui donc entreprendra ce grand nettoyage ? Et on se demande comment cela pourrait se faire dans un monde où les hommes sont esclaves de l'argent, où le cinéma est l'art de remplir le plus vite possible les poches des propriétaires de ces industries, et l'art de soumettre le plus possible les masses aux contrôleurs de la Finance.
MARIE