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Réponse Du Crédit Social Au Problème Moderne

le mardi, 01 juin 1937. Dans Cahiers du Crédit Social

On pourrait donner ce titre à la série de causeries d'un quart d'heure données à la radio le samedi soir, à 9.45 h., au poste local CKCV de Québec. Elles furent inaugurées, le 17 avril, par Maître Louis Dugal, avocat, président de la Ligue du Crédit Social de la Province de Québec. Voici quelques extraits de sa causerie :

Et d'abord quel est ce "problème moderne” ? — En une phrase laconique mais expressive, Douglas l'a défini : "le paradoxe de la pauvreté au sein de l'abondance." Pauvreté ? Abondance ? Ces termes situent la question : nous voyons tout de suite que sa première caractéristique est d'être économique. Le problème moderne est un problème économique. Il a et peut avoir des conséquences et des répercussions formidables dans d'autres domaines, le social, par exemple, le politique aussi, mais il est et demeurera d'abord économique : pour le solutionner, il faudra réformer d'abord l'économie. En effet, "pauvreté," "abondance" cela veut dire plus ou moins grande quantité de biens et de services, la satisfaction plus ou moins grande de besoins manifestés.

Pauvreté au milieu de l'abondance ? Nul d'entre-vous ne niera la réalité de ce paradoxe, à moins de s'avouer lui-même ignorant des réalités contemporaines. C'est un fait, d'expérience personnelle pour tout le monde aujourd'hui que l'immensité des besoins criants qui se font sentir avec plus ou moins de violence chez tous les individus : les uns, — les plus à plaindre, pauvres malheureux! — manquent même du nécessaire ; d'autres, sans être dans le dénuement, sont tout de même frustrés injustement d'un droit strict leur revenant à raison de leur participation à une civilisation avancée. Ils sont ainsi empêchés de remplir à pleine capacité leur devoir social ; ils manquent de la somme d'aisance et de culture que l'application pratique de la science moderne devrait donner à tous.

Ces constatations d'expérience générale, la statistique la plus moderne les démontre scientifiquement. Je vous fais grâce des chiffres exacts que vous pourrez d'ailleurs puiser vous-même dans les records officiels ; mais permettez-moi de vous rappeler quelques anomalies révoltantes que les agences de publicité et toutes les gazettes de nouvelles nous mettent journellement sous les yeux.

L'industrie travaille à une infime proportion de sa capacité et pourtant, selon les termes mêmes de l'éditeur d'une publication de McGraw-Hill, à New-York. "There is lots of work to be done... We are a long way from satisfying the desire of people to have things." Et il donne ensuite une série de statistiques s'appliquant aux États-Unis, mais, proportion gardée, la même chose est vraie des autres pays civilisés. Pour prendre un seul exemple, 1 ferme sur 10 y jouit de l'électricité, et, si l'on embrasse l'ensemble des habitations, urbaines et rurales, le tiers des foyers en est privé.

Il dit ailleurs : "Personne ne jugeait le standard de vie de 1929 trop élevé ? Eh bien, si nous avions le même standard de vie aujourd'hui il y aurait 10,500,000 hommes de plus à l'ouvrage.... Je vous laisse tirer vos propres conclusions sur ces affirmations. D'autre part nous voyons continuellement à quelle orgie de sabotage on se livre dans l'industrie, — et j'y comprends l'agriculture, — pendant que des millions de pauvres humains souffrent de la faim et du froid."

Dans l'Ouest Canadien et américain, on réduit les emblavures ; au Brésil, on chauffe les locomotives avec du café ; ailleurs, on fait de colossales hécatombes de troupeaux de bétail. Et dans le même temps le nombre des suicides et des faillites augmente dans des proportions alarmantes de même que les infractions criminelles.

Sombre tableau, direz-vous, et considérations pessimistes ? Il faut pourtant voir la situation comme elle est et envisager la réalité sans faiblesse, avant qu'il ne soit trop tard.

Où donc est le mal ? Puisque, d'un côté, des millions ne demandent qu'à voir se terminer leur misère et aspirent à quelques années de vie vraiment humaine au lieu d'une simple existence animale enterrant tout idéal et tout espoir ; puisque ces millions ont des besoins pressants à assouvir et ne demandent pas mieux qu'à consommer les produits de l'industrie ; puisque, d'un autre côté, un outillage industriel magnifique et une armée de techniciens découvrent chaque jour de nouveaux procédés de production plus rapides et plus efficaces par l'application de la science avancée dont se glorifie notre siècle ; puisque donc il y a, d'un côté, besoin, de l'autre, capacité de produire — qu'est-ce qui nous maintient dans le marasme où nous languissons ?

Vous le saisissez sans peine, le défaut est dans la distribution des biens du producteur au consommateur. L'agent moderne de distribution, c'est l'argent, dans le sens de monnaie, ce terme comprenant même les liquidations de crédit par les effets de commerce.

La thèse du Crédit Social soutient que le mal dont souffre notre économie, c'est d'abord et surtout une insuffisance de pouvoir d'achat. En termes populaires, “Il n'y a pas assez d'argent." Le Crédit Social attribue cette insuffisance à plusieurs causes dont deux principales : 1° exercice du contrôle du crédit et de la monnaie par des intérêts privés ; 2° vice fondamental dans la distribution du pouvoir d'achat par l'industrie, qui crée toujours des prix plus élevés qu'elle ne distribue d'argent aux consommateurs.

Après avoir découvert le mal, le Crédit Social présente le remède : augmentation du pouvoir d'achat pour qu'il soit toujours proportionnel à la production et permette à la consommation d'équilibrer cette dernière. Et il propose un mécanisme propre à donner ce résultat : exercice du contrôle de la monnaie et du crédit par l'État ; émission et distribution de toute monnaie nouvelle nécessaire par un dividende national et un escompte ajustant les prix. D'où abolition du système ridicule des emprunts publics et financement du consommateur d'abord et, par lui, du producteur.

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