— Comment allez-vous faire pour distribuer ainsi un dividende à tous les citoyens du pays ? Pensez donc ! onze millions de chèques par mois... Que d'écritures et quel service !
— La question du mode de distribution est secondaire. On trouve bien le moyen de collecter les taxes aujourd'hui. Les taxes posent pourtant plus d'objection que ne le ferait un dividende. On ne sera donc pas embarrassé pour installer un mode rapide et efficace de distribution de ce dernier. L'important est d'en décider la distribution.
Cependant, pour tranquilliser le lecteur qui craindrait l'encombrement et les délais, et pour satisfaire en même temps l'esprit qui se complaît dans les détails de mise à exécution, voici la méthode la plus simple que nous ayons vu exposer.
Sitôt la décision prise de mettre en fonctionnement un programme Crédit-Social, y compris le dividende, les citoyens sont priés de remplir une formule pour obtenir une carte de participation au dividende national. Les parents ou les tuteurs le font pour les enfants mineurs. La formule mentionne les conditions de l'octroi du dividende et comporte toutes les identifications nécessaires.
Une fois la carte de participation obtenue, le particulier la dépose à une succursale de banque de son choix. Le gérant de cette succursale conserve les cartes ainsi confiées par ses clients. Il en fait naturellement rapport au Commissariat National du Crédit, à Ottawa.
Le premier jour de chaque mois, ou de chaque trimestre, selon qu'il a été décidé, le Commissaire du Crédit National fait publier dans la Gazette officielle le dividende qui revient à chaque individu. Les banques l'inscrivent immédiatement au crédit de chaque compte individuel. Lorsque le client vient à la banque, il fait mettre son carnet à jour. Il emploie ce crédit à sa guise.
Si le client désire changer de banque, il demande son certificat de participation et le transfère au nouvel établissement. Ce transfert est signifié à Ottawa.
Certains lecteurs vont s'étonner peut-être de voir les banques entrer en ligne de compte. Elles seront certainement heureuses de coopérer au fonctionnement du système. Elles seront rétribuées pour ce service. Nous n'en voulons pas aux banques. Nous voulons seulement leur enlever le droit de fabriquer et de détruire la monnaie. Mais, comme gardiennes des épargnes, agences de transferts de fonds et de placements de surplus, ce sont des institutions précieuses. Il ne saurait être question de les nationaliser, elles seront toujours mieux conduites sous la direction de professionnels des banques que de fonctionnaires du gouvernement. Le programme crédit social ne vise aucunement à leur suppression ; au contraire, l'activité générale, soutenue et toujours croissante, nécessitera leurs services beaucoup plus qu'aujourd'hui.
“Mettons-nous tous à l'oeuvre, car à la conscience de tous s'impose en ce moment un grave devoir: le devoir pour TOUS, patrons et ouvriers, citadins et ruraux, moralistes, pasteurs et fidèles, d'aider résolument à la solution du problème économique qui nous angoisse. La souffrance universelle le met au premier rang et lui donne un caractère sacré."
Cardinal VERDIER, archevêque de Paris.